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Quel contrat et pour quel contenu?

La vigne - n°96 - février 1999 - page 0

L'esprit de la démarche des CTE paraît intéressant. Mettre en place un dispositif contractualisé entre les pouvoirs publics et les agriculteurs est une bonne chose, surtout si ces derniers s'engagent à maintenir ou à mettre en place un projet apporteur de ressources. Je dénonce un système qui ne s'appuie que sur du négatif, un zonage ' où on donne des aides pour ceci ou pour cela parce qu'on est démuni de ceci ou de cela. Le monde des AOC en est l'antinomie complète : on tire son produit et ses revenus de la terre et du terroir. Beaucoup d'agriculteurs sont dépendants des crédits publics sans réelle contrepartie. Dans ce monde-là, nous sommes au contraire dans une dynamique, avec plus de sur-mesure que de prêt-à-porter. En observant de nombreux paysages français, on a l'impression qu'ils ont été modelés par des ' impératifs industriels ', comme si la Pac avait tout modifié. Je crains que le dispositif des CTE ne puisse avoir la portée que l'on pourrait espérer à cause des vents contraires ou de l'absence de vents. Je souhaite que les syndicats d'appellation se sentent concernés à la base. De plus, les CTE devront se faire en cohérence avec les plans Etat-région 2000-2006, actuellement en chantiers. '' Les CTE sont une bonne idée car les préoccupations environnementales y occupent une place de choix. Nous avons cependant plusieurs griefs à formuler. D'abord sur les méthodes de travail : au même titre que les associations de consommateurs, nous aurions aimé participer à l'élaboration des cahiers des charges des CTE. De plus, peu de départements ont intégré les associations dans le processus de préfiguration de ces contrats. La profession agricole fait barrage. Nous ne voulons pas que le débat sur l'agriculture soit monopolisé par les agriculteurs. Nous sommes un groupe de ' pression citoyenne ', les enjeux nous concernent tous. Par exemple, plus de 17 000 personnes ont participé à la campagne sur ce sujet que nous avons impulsé, en envoyant une carte postale au ministère de la l'Agriculture et à la Commission de Bruxelles. Ensuite, la signature du CTE étant volontaire, nous espérons que la souplesse du dispositif ne nuira pas à son efficacité : aucun agriculteur ne doit pouvoir se soustraire au respect de l'environnement! Il faudrait définir des critères fiables pour quantifier les différentes pollutions. Enfin, nous militons pour un CTE au plan européen. '' Au niveau de notre coopérative (3), nous réfléchissons depuis longtemps au rôle de la viticulture dans la gestion de l'environnement et du territoire. Les CTE sont un prolongement et une opportunité pour repenser notre fonction d'agriculteur. L'aspect financier existe mais il ne doit pas être un préalable à la réflexion. Nous souhaitons un CTE réaliste, s'appuyant sur des idées fortes : le développement local concerté, la valorisation de l'engagement individuel à travers un cadre collectif et cohérent, la modulation des aides en fonction de chacun, la prise en charge des nouvelles fonctions assumées par l'agriculteur en jouant sur l'incitation. Nous souhaitons un projet ' pays d'Ensérune ' et non pas ' vignerons du pays d'Ensérune '. Notre projet s'articule autour de cinq objectifs, prenant en compte les deux axes territorial-environnemental et socio-économique. Le premier est la gestion de l'eau et des sols : mise en avant du labour et de l'enherbement, de la réduction des intrants, de la collecte des emballages de produits phytosanitaires et du traitement des effluents. Le deuxième intègre la gestion des paysages, du patrimoine et la conservation de la biodiversité. Nous avons aussi près de chez nous l'étang de Montady, zone classée dont la bonne tenue dépend de la capacité à indemniser le travail supplémentaire réalisé par les céréaliers implantés dans la zone. Troisièmement : la prévention des risques naturels (vigne comme coupe-feu, entretien des ruisseaux pour lutter contre les inondations...). Quatrièmement, la valorisation des productions et des terroirs (formation des vignerons, accueil...). Enfin, l'emploi et les ressources humaines. Tout cela est en discussion avec les acteurs locaux, les associations de protection de l'environnement et l'Administration. Nous espérons être retenu dans cette phase de mise en oeuvre des CTE car les acteurs sont très mobilisés. '(1) André Valadier est président d'une coopérative laitière dans l'Aveyron. Il est aussi président du comité 2 de l'Inao, celui des produits laitiers. Il est pressenti pour prendre la présidence, en remplacement de Jean Pinchon démissionnaire, du conseil permanent de l'Inao qui regroupe les trois comités : vins et eaux-de-vie, produits laitiers et produits agroalimentaires.(2) Cette association a deux ans d'existence. Elle tente d'agir comme groupe de pression en amont, dès que l'environnement est en jeu, dans les sphères agricole, industrielle, sanitaire... Elle fédère un collectif d'associations aussi diverses que la Ligue pour la protection des oiseaux, l'Union féminine civique et social, Les amis de la terre, Le mouvement rural de la jeunesse chrétienne... Agir pour l'environnement revendique 6 000 signataires.(3) Cette entité regroupe 1 800 coopérateurs du Biterrois. La production, sur sept sites, est de 400 000 hl.

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