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Des aides pour accélérer l'évolution des pratiques

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

Les premiers contrats territoriaux d'exploitation ont été signés dans le secteur de la viticulture. Voici les engagements pris par trois vignerons.

Le démarrage des contrats territoriaux d'exploitation (CTE) se fait lentement. Fin février, une centaine d'agriculteurs en avaient signé un, dans les régions où le ministre s'est déplacé pour présenter ce nouveau dispositif. Parmi eux, il y a quelques vignerons. 'Nous avons participé à une étude sur la zone péri-urbaine de Nantes, puis à un groupe de travail autour des CTE, qui s'est créé sur ce territoire, avant de nous engager individuellement', raconte Dominique Jacquet, vigneron en cave particulière à Saint-Aignan-Grandlieu (Loire-Atlantique).Son contrat prévoit deux volets, comme c'est la règle pour tous les CTE. Le premier est socio-économique. Les investissements prévus dans ce cadre sont destinés à améliorer les conditions de travail. Il achètera ainsi un égrappoir, un sécateur électrique et un transpalette, pour lesquels il va toucher 40% de subventions. De plus, pour consolider l'emploi, il s'est engagé à embaucher un permanent.Le second volet est agri-environnemental. Dominique Jacquet a prévu l'acquisition d'un nettoyeur haute pression pour diminuer les volumes d'eau utilisés, et d'une tonne à lisier pour épandre ses effluents. Ce matériel sera subventionné à hauteur de 50%. 'Cette aide complète celles de l'agence de l'eau et du conseil général, qui prennent en compte les travaux de séparation des eaux et de stockage des effluents.'Poursuivant dans l'axe agri-environnemental, il va modifier certaines pratiques agricoles. 'Je me suis engagé à supprimer les traitements à l'arsenite de soude. En contrepartie, je toucherai une aide pour le remplacement des pieds manquants. Je vais aussi abandonner le diuron et la terbuthylazine, pour les remplacer par des matières actives plus chères, respectant mieux l'environnement. Là encore, je bénéficierai d'une aide pour compenser le surcoût.' Il va également prendre en charge l'entretien de friches situées à proximité et va revoir l'intégration paysagère de ses bâtiments. Pour l'ensemble de ces actions, il devrait toucher 180 000 F sur cinq ans. Un premier versement de 10 000 F doit prochainement arriver. A la date anniversaire de la signature du contrat, il percevra ensuite chaque année les subventions prévues pour les investissements réalisés, sur présentation des factures, et pour les actions annuelles. 'Comparées à notre chiffre d'affaires, ces aides restent modestes. Elles ne vont pas améliorer notre revenu, mais nous permettront de réaliser plus vite nos projets.'Au-delà des aspects financiers, il se sent conforté dans sa présence au sein d'un environnement péri-urbain. 'Dans le cadre du groupe de travail, nous avons pu discuter avec des citadins. Nous avons appris à nous connaître, et espérons mieux vivre ensemble à l'avenir.''Au travers des CTE, l'Etat et l'Union européenne veulent aider ceux dont l'objectif premier est la qualité, et non la productivité. Dans le secteur du vin, nous avons déjà accompli cette mutation. Profitons de l'occasion pour aller plus loin en développant la production raisonnée', affirme Rémy Fort, vigneron à Roquetaillade (Aude). Membre du réseau Farre, il a adhéré en 1999 à la charte Terra Vitis de la production raisonnée. Au titre du CTE, signé dans le cadre du territoire de la haute vallée de l'Aude, il devrait toucher 40 000 F/an durant cinq ans. Les deux tiers sont destinés à compenser les surcoûts liés à la mise en oeuvre de la production raisonnée.'Nous sommes convaincus qu'à l'avenir, ces méthodes culturales s'imposeront. Mais pour les adopter, il faut accepter de se former, de passer du temps à observer et à enregistrer toutes les interventions par écrit. Nous comptons sur les contrats territoriaux d'exploitation pour amener un maximum de viticulteurs à franchir le pas', dit André Monell, président de la coopérative Anne de Joyeuse, à Limoux, à laquelle Rémy Fort adhère.'Nous ne pouvons pas tout bouleverser du jour au lendemain. Pour préserver l'équilibre économique des exploitations, il vaut mieux aller doucement, quitte à faire ensuite des avenants aux contrats', estime Didier Gazel, chargé des CTE à la coopérative Les vignerons du pays d'Ensérune (Hérault).Pour contribuer à l'entretien du territoire tout en confortant la démarche de qualité de la cave, deux mesures obligatoires ont été prévues: la mise en place de la traçabilité à la parcelle et l'entretien des abords (talus, haies ou fossés). 'Nous avons délimité des zones viticoles qui pourront être inondées pour faciliter l'écoulement des eaux en cas de fortes pluies. Ces vignes seront enherbées, le palissage sera renforcé et une aide financière sera attribuée en contrepartie.'Philippe Verdier, adhérent à cette coopérative, devrait toucher entre 20 000 à 30 000 F/an pendant cinq ans. Il a choisi de s'engager sur des pratiques qui contribuent à restaurer les équilibres naturels. 'Je vais supprimer le désherbage de pré-levée, le remplacer par un travail du sol, et enherber les fourrières. Je compte également apporter des amendements organiques pour améliorer l'activité biologique du sol.'Dans l'axe socio-économique, il a prévu l'achat d'un ordinateur pour faciliter la mise en place de la traçabilité, et l'adhésion à un groupement d'employeurs. 'Je vais employer un ouvrier qualifié qui travaillera neuf mois sur l'exploitation et deux mois à la cave, pour les vendanges.' Il n'aura pas d'aide directe pour le payer, mais bénéficiera d'une bonification du taux de subvention sur les investissements prévus dans le CTE.Il va également planter du marselan, un cépage sur lequel la cave s'appuie pour développer un vin de pays des coteaux d'Ensérune. 'Je toucherai une aide de 4 500 F/ha pour compenser le manque à gagner par rapport à un merlot, par exemple. Cette aide sera maintenue durant trois ans, le temps pour la cave de démarquer ce vin et d'optimiser sa valorisation.'

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