Dans le domaine des piquets en bois, quelques innovations ont été présentées sur le marché depuis trois ans. Mais la percée dans la filière viticole est timide, du fait de leur coût assez élevé.
Si l'offre de piquets est désormais assez diversifiée, notamment avec des piquets en métal et en plastique, certains restent inconditionnels des piquets en bois. ' Le marché n'est pas très soutenu. Les piquets en bois souffrent d'une mauvaise image. Elle serait due, en partie, à la présence sur le marché français, de produits d'importation, de qualité insuffisante, bénéficiant parfois de garanties factices... ', nuance Eric Heisel, du CTBA (Centre technique du bois et de l'ameublement).Pour apporter de véritables garanties aux utilisateurs, des fabricants français de piquets se sont donné un label, CTB bois +, qui atteste de la conformité d'un bois dans une classe de risque donnée. Pour les piquets, le contact avec le sol correspond à un risque de classe 4, du fait de l'humidité et des risques de pourriture. L'acacia ou robinier est, par exemple, naturellement résistant sans traitement, car il a un coeur très dur. Le pin sylvestre et le pin maritime sont également utilisés : moins durables naturellement, ils ont en revanche un aubier facilement imprégnable; traités par autoclavage avec des sels cuivre-chrome-arsenic, ils peuvent durer jusqu'à vingt ou trente ans. Une entreprise a même le label CTB bois + sur une essence particulière : le douglas incisé. Sur cette essence, l'aubier n'est pas facilement imprégnable, mais le traitement d'incision y remédie.En revanche, le sapin, l'épicéa et le mélèze conviennent beaucoup moins bien à la fabrication de piquets : ils sont moins durables et peu imprégnables. ' Le label CTB bois + implique de la part du CTBA, des visites d'usines, des contrôles de produit par échantillonnage régulier, l'exigence d'un système interne d'assurance qualité ', poursuit Eric Heisel.Toutefois, le label n'implique que la résistance du piquet au risque de corrosion. La résistance mécanique n'est pas prise en compte. Pour cet aspect-là, un chef de culture girondin témoigne : ' Nous avions fait un essai comparatif, sur des vignes vendangées manuellement, entre des piquets en pin, en pin traité et en acacia pour le bois, des piquets métalliques et en plastique. Nous avions eu des problème de casse sur le pin traité et les piquets en plastique se couchaient. Les plus satisfaisants sont les piquets en acacia. '' La résistance à la casse dépend aussi de la sélection des bois. Les zones naturelles de fragilité sont les couronnes de noeuds, qui risquent plus d'être sujettes à des casses nettes. La qualité des bois influe également. Globalement, les arbres qui ont poussé en altitude, dans les pays du Nord ou au Portugal, avec une vitesse de croissance lente, sont de bonne qualité et plus résistants, même dans la zone de la couronne de noeuds... ', complète Eric Heisel.Depuis deux ou trois ans, la tonnellerie d'Aquitaine, à Bellebat (Gironde), propose un nouveau type de piquets, le Galvabois, qui présente une pointe en acier galvanisé et la partie haute en bois d'acacia. La firme met en avant le fait que l'assise ne s'oxyde pas et ne casse pas, et que le piquet garde un aspect traditionnel. Depuis deux ans, un essai est fait au château Meyney, à Saint-Estèphe (Gironde), afin de comparer le piquet Galvabois à un témoin en acacia. ' Pour l'instant, l'essai est satisfaisant. Nous attendons de voir si la durabilité sera véritablement supérieure, car le prix est proche du double d'un piquet classique ', annonce le chef de culture.Chez Rustyle, à Duttlenheim (Bas-Rhin), l'idée lancée sur le marché français depuis 1997 est de pourvoir la pointe des piquets d'une enveloppe en plastique. Ainsi, on conserve tous les avantages du bois : la souplesse, l'élasticité, la facilité à enfoncer les crampillons. La partie en bois est en pin sylvestre traité. Le point de rupture habituel, à la sortie de terre, est protégé par le plastique. Pour éviter qu'une teneur nocive en humidité ne s'infiltre, l'intérieur du fourreau est traité à la pâte borique. ' Ces piquets sont prévus pour durer quarante à cinquante ans. Lancés en Allemagne en 1996, ils ont connu un grand succès auprès des arboriculteurs et des viticulteurs, et représentent désormais 35 à 40 % du marché. En France, ils n'ont pas eu le développement escompté ', explique-t-on chez Rustyle.Depuis peu, le distributeur de piquets Carmo, à Pauillac (Gironde), importe également des piquets suédois, de marque Octowood. Ils sont calibrés à la machine sous forme octogonale; le fabricant met en avant le gain de résistance mécanique, du fait de ses huit arêtes. Par ailleurs, ils sont traités par autoclave et certifiés bois +. Carmo France, qui les distribue depuis 1997, annonce 300 000 piquets vendus en France au cours de l'année 1998. Le côté esthétique de la section octogonale pourra séduire des vignerons à la recherche d'originalité.