PRÉSENTATION d'un kit de réparation des fils de palissage au cours d'un atelier proposé lors de la journée technique. PHOTO : L. MARNÉ
Une cinquantaine de vignerons se sont pressés le 21 juillet dernier à Chérac (Charente-Maritime), dans une parcelle de Jérôme Cocuand, qui exploite 70 ha de vignes pour la production de cognac. « Dans notre région, nous privilégions les matériaux de palissage les moins chers. Mais, à long terme, je ne suis pas sûr que nous soyons gagnants », explique-t-il.
Partant de ce constat, ce vigneron a mis en place, il y a sept ans, un essai avec l'appui de la chambre d'agriculture de Charente-Maritime et la coopérative d'approvisionnement de Chérac. Sur une parcelle d'ugni blanc palissée en guyot double, il compare 12 modalités de palissage, employant différents piquets en bois ou métal, des fils en acier, Inox ou plastique, et divers types d'amarres.
« Un bon palissage doit tenir dans le temps et permettre l'aération du feuillage », expose Jérôme Cocuand au début de sa présentation. La chambre d'agriculture a donc mis au point une grille de notation pour évaluer ces deux paramètres. Pour chaque modalité, elle a aussi calculé le coût d'implantation, les temps de travaux et l'ergonomie des matériaux pour le personnel.
« Nous pouvons déjà tirer les premières conclusions de l'essai », assure Francis Faure, directeur de la coopérative de Chérac. En effet, des piquets souffrent déjà. « 70 % des piquets de type Wieland Palis galvanisés, habituellement proposés comme piquets de remplacement, présentent des torsions à leur base », fait observer Jérôme Cocuand. Ils ont commencé à plier sous le poids de la végétation. À l'inverse, les piquets métalliques Profil Alsace sortent du lot. Presque tous sont encore parfaitement droits. De plus, les fils releveurs tiennent bien dans leurs encoches, ce qui n'est pas le cas de tous les autres modèles.
Quid des piquets de tête en métal
Jérôme Cocuand fait remarquer que quelques modèles métalliques sont vrillés. Est-ce l'effet du vent ?, demandent des vignerons. Et la discussion s'engage sur les mérites comparés du bois et du métal dans les zones ventées. Certains n'emploient que des piquets en bois dans de tels cas. « Ils sont bien plus solides », affirme l'un d'eux. Entre le châtaignier, le pin et l'acacia, tous concèdent que l'acacia est le plus résistant. Mais il est compliqué d'y poser des encoches.
Pour Jérôme Cocuand, les piquets de tête métalliques restent les plus avantageux. « Ils s'installent dix fois plus vite que ceux en bois », constate-t-il. La pose des fils fixes est aussi simplifiée car ils se placent directement au travers des piquets et se tirent avec des tendeurs de type Gripple. Pour contrer le vent, le vigneron teste l'implantation d'un piquet métallique tous les quatre pieds au lieu d'un tous les cinq comme il le fait d'habitude.
Des amarres qui tiennent
Jérôme Cocuand fait remarquer que toutes les amarres de type hélicoïdal ont été remplacées car elles n'ont pas tenu. « Dans ce secteur, il y a seulement 30 cm de sol avant la roche calcaire. Les amarres avec des fers en "T" tiennent bien mieux. Je n'utilise plus que ces modèles », précise le vigneron.
Les fils en plastique à l'épreuve
Vient le moment d'inspecter les fils. Cette fois c'est le plastique qui résiste mal. Ainsi, les fils releveurs Deltex ou Deltane montrent des signes de faiblesse. « Les saisonniers ont tendance à les mettre dans les mauvaises encoches des piquets métalliques, alors qu'il y a des encoches en plastique prévues pour ce type de fil », observe Jérôme Cocuand, tout en soulignant que la pose de ces encoches spéciales sur chaque piquet prend un temps considérable. « Je préfère utiliser du fil en acier galvanisé de bonne qualité », assène-t-il.
Jérôme Cocuand a déjà tiré des enseignements de cet essai pour sa pratique. Lui qui n'employait que des piquets en bois, commence à utiliser des Profil Alsace. « Ils ne coûtent qu'un euro de plus. J'utilise 800 piquets par hectare, soit 800 € de plus à l'hectare. Mais, avec ces piquets, on observe un gain de temps pour l'établissement de la vigne et les travaux de palissage. Et inutile d'acheter des crampillons pour attacher les fils. Donc, financièrement, je m'y retrouve. En revanche, avec ces piquets, les bras de secouage des machines à vendanger s'usent plus vite. Et surtout, nous n'avons pas assez de recul sur leur vieillissement et leur résistance, notamment par rapport au vent. Le bois, je sais que ça tient. Le métal, cela reste à prouver. Pour réduire les risques, j'utilise donc les deux », conclut-il.
Amarre Bien planter son piquet
Pourquoi certains piquets de tête métalliques ont-ils vrillé ? Jérôme Cocuand revient sur cette question : « Si des piquets se vrillent, cela provient certainement d'un mauvais positionnement des amarres. Quand les fils d'amarrage sont mal placés, cela peut entraîner des torsions. » Lors d'un autre atelier proposé par CR Distribution le 21 juillet, Sylvain Beaudouin a apporté son expertise à ce sujet : « Le piquet doit être enfoncé à un tiers de sa hauteur. Ensuite, pour les amarres attachées par un fer à "T", il faut que ce dernier soit planté dans le sol dans la continuité du fil et non perpendiculaire au sol, comme certains le font. Pour ceux qui utilisent deux fils d'amarrage, la distance entre les points d'ancrage doit être égale à la hauteur du piquet hors-sol. »
Réduire les risques de TMS
À chaque mode de conduite, ses tendinites et autres troubles musculo-squelettiques (TMS). C'est ce qu'a montré la MSA Charentes lors d'une étude menée sur la taille dans des vignes conduites de différentes manières. Lors de cette étude, la MSA a mesuré le taux d'apparition de TMS selon le type de palissage. « Pour la taille des vignes en cordons hauts, les bras sont toujours relevés. On voit apparaître des douleurs au niveau des coudes et des épaules. En revanche, comme il est inutile de lever ou de baisser la tête, on ne constate aucune douleur aux cervicales », explique Bruno Farthouat, conseiller prévention à la MSA Charentes. À l'inverse, avec la conduite en arcure haute à port libre, les tailleurs ont moins mal aux bras. Mais des douleurs aux cervicales apparaissent, la vigne étant plus basse. Pour limiter ces troubles, Bruno Farthouat conseille aux viticulteurs de tailler alternativement dans des vignes hautes et basses pour ne pas solliciter les mêmes parties du corps de façon prolongée.