Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 1999

Le zéro simazine

La vigne - n°96 - février 1999 - page 0

Selon les premières estimations, 80 % des vignes champenoises ne verront pas de simazine, ni de diuron cette année. L'abandon de ces matières actives entraîne une hausse du coût du désherbage de 500 F/ha.

La simazine et le diuron représentaient à peu près 70 % du marché du désherbage, explique Denis Renaud, de la Cave coopérative d'approvisionnement viticole d'Epernay. Vous voyez que nous ne modifions pas une niche. Effectivement, les Champenois ne font pas dans le détail. Sous l'impulsion de l'interprofession, aucun conseiller, ni aucun distributeur ne recommande d'herbicide contenant de la simazine, du diuron, de la terbuthylazine ou du terbuméton. Ces produits ne sont pas interdits à la vente. Un vigneron qui les demande expressément les obtient. Cependant, ils ne sont pas nombreux à les réclamer.Si l'on en croit les distributeurs locaux, la consigne est respectée. ' Le taux de basculement n'est pas loin de 80 % ', estime Denis Renaud fin janvier. ' Le message est reçu à plus de 90 % auprès des clients qui achètent en morte-saison ', annonce Jean-François Perot-Minot d'Appro-Champagne, une coopérative qui siège à Vertus (Marne). D'autres fournisseurs avancent les mêmes chiffres. Les quatre matières actives citées contaminent le captage de Trigny (Marne). Alors, la DDASS l'a fermé. A la suite de cet événement, les responsables professionnels ont imposé la voie de la prudence. Ils ne voulaient pas que la Champagne deviennent la cible des médias aux côtés de la Bretagne, où les agriculteurs sont tenus pour responsables de la pollution des eaux par les nitrates et les pesticides. Leur décision est temporaire. Les quatre matières actives sont mises de côté tant qu'elles posent des problèmes.En attendant, les vignerons sont contraints d'opter pour d'autres solutions et de mettre la main au porte-monnaie. Les programmes de rechange coûtent tous plus cher que ceux dont ils avaient l'habitude. Selon les distributeurs locaux, il faut rajouter 400 à 500 F/ha. Pour l'ensemble de la Champagne, le surcoût devrait être de l'ordre de 8 MF, si la simazine et le diuron sont effectivement abandonnés sur 80 % des surfaces où ils étaient appliqués jusqu'à l'an dernier. Comparé au chiffre d'affaires de la région d'environ 17 milliards de francs en 1997, ce surcoût est minime.Les Champenois continuent de désherber en prélevée. Ils ne sont pas prêts à se convertir massivement au travail du sol ou aux foliaires. Un produit a leur préférence : le Pledge. Ils apprécient sa longue persistance et son spectre presque complet. Cependant, il est moins souple que les produits qu'il remplace car il faut intervenir avant les premiers signes de débourrement pour éviter tout risque de phytotoxicité. Viennent ensuite le Surfassol, efficace mais très cher, et l'Emir, dont les services techniques de l'interprofession disent qu'il est d'une efficacité moyenne sur la plupart des adventices locales. Le Cent 7, pénalisé par son comportement sur les sols nourris au compost, arriverait en quatrième position. En principe, tous ces produits devraient être employés seuls.Conseillers et distributeurs se sont accordés pour ne recommander aucun mélange, afin de limiter les quantités de matières actives épandues. Les herbicides dont le spectre n'est pas total (Surflan, Zorial) ne devraient donc pas être complétés par d'autres, mais intégrés dans des programmes à deux applications dont l'une de rattrapage en été. Plus chères, moins souples ou moins performantes que les précédentes, les solutions retenues sont-elles à coup sûr moins polluantes? On ne pourra pas en être certain avant de les avoir testées à grande échelle.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :