Un premier plan d'action d'envergure

Nous avons encore de nombreuses étapes à franchir pour obtenir une valorisation suffisante de nos produits. Nos AOC ne sont pas assez connues. En 1999, le CIVL (Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc) met le turbo. Pour la première fois, un plan de communication (budget de 20 millions de francs environ) incorporant les onze appellations de la zone (1) est mis en place. En fait, il y a urgence : l'un des deux plus grands vignoble du monde (avec La Mancha, en Espagne) est en train de ' rater le bon wagon ' sur le plan de la rémunération de ses appellations. Alors que les marchés, surtout rouges, sont porteurs pratiquement partout en France, les jeunes appellations du Minervois, des Corbières et des coteaux du Languedoc, les trois poids lourds de la zone, n'ont pas atteint les 500 F/hl de prix moyen (transactions en vrac) lors de la campagne écoulée (respectivement 464, 467 et 471 F/hl). Les frais sont à peine couverts. ' Même si la bouteille est mieux valorisée et que les volumes de vente ont repris en 1998, nous avons connu une crise de croissance. On espère mieux maintenant ', explique Philippe Coste, vigneron et vice-président de l'interprofession. Dans cette région mixte (en 1998, 1,5 Mhl d'AOC ont été déclarés, soit 10 % de la production régionale), les vins de cépages s'en sortent mieux.Créée difficilement en novembre 1994 (scission dans les Corbières...), l'interprofession évolue maintenant dans un environnement plus favorable. La hiérarchisation est en route dans les deux sens : l'appellation régionale Languedoc (comme Bordeaux ou côtes du Rhône) est en ligne de mire; les terroirs distincts au sein des sous-régionales prennent vie : La Livinière pour le Minervois, déjà reconnue en AOC, ou les Grès de Montpellier pour les coteaux du Languedoc, par exemple.' Avec une identité et une stratégie de communication communes, on s'attelle à notre objectif : la notoriété. On veut à la fois faire exister les vins du Languedoc face aux autres grandes régions françaises et tirer parti du contexte mondial favorable ', avance Bernard Devic, directeur de l'interprofession. On note cinq lignes directrices dans ce plan. D'abord une bannière commune : Languedoc. Un code visuel et graphique est établi avec l'utilisation de la croix caractéristique de cette région et, sur l'étiquette, la mention du terme ' Languedoc ' sous celui des appellations actuelles. Une bouteille générique Languedoc rouge est à l'étude. Deuxième point : une campagne publicitaire, à partir d'avril, avec pour accroche ' Les grands vins qui parlent le Languedoc ', allusion à la richesse culturelle des lieux. Budget : 4 à 5 MF. Troisièmement : favoriser la création d'un linéaire Languedoc en grande distribution. Puis des actions spécifiques auprès des cavistes et des restaurateurs parisiens, ' la citadelle à prendre '. Enfin, accompagner le développement à l'export où partent aujourd'hui quatre bouteilles sur dix : 3,5 MF seront investis en Angleterre, au Canada et en Asie.' La belle qualité du millésime 1998 nous aidera. Nous comptons aussi favoriser les synergies avec les autres interprofessions régionales, le GIP pour les côtes du Roussillon et celle des vins de pays d'Oc, sans oublier les syndicats. Cela donne environ 65 MF au total ', explique-t-on. A titre de comparaison, le budget de la seule interprofession bordelaise dépasse les 120 MF. ' En linéaire, le prix moyen des AOC du Languedoc est à 17 F la bouteille. Nous souhaitons atteindre le pallier des côtes du Rhône, soit 21 F ', ajoute-t-on. Pari ambitieux. Cette stratégie sera évidemment déclinée sur plusieurs années. Il n'est pas question pour l'instant de toucher au montant de la cotisation volontaire obligatoire.(1) Corbières, Minervois, Minervois La Livinière, coteaux du Languedoc, Saint-Chinian, Faugères, Fitou, Limoux, Clairette du Languedoc, Cabardès, côtes de Malepère.