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Peu de preneurs pour les emballages vides

La vigne - n°97 - mars 1999 - page 0

La loi interdit de brûler à l'air libre les emballages de produits phytosanitaires et certaines communes refusent désormais de les collecter avec les ordures ménagères. Des initiatives locales de collecte apportent des solutions ponctuelles ou durables selon la volonté des financeurs car ces opérations ont un coût élevé.

Près de 60 % des agriculteurs brûleraient encore leurs emballages vides malgré l'interdiction. Certains par facilité et d'autres parce qu'ils n'ont pas d'alternative. Ces emballages sont des déchets ' assimilés ménagers '. Ils peuvent donc être ramassés avec les ordures ménagères sous trois conditions. Les bidons ne peuvent dépasser 25 l et doivent être mis hors d'usage, c'est-à-dire percés ou écrasés. Il faut aussi les rincer trois fois avant de les jeter. Les communes peuvent donc les accepter gratuitement si le volume hebdomadaire rejeté ne dépasse pas 1 100 l. Au-delà, une participation financière peut être demandée. Cependant, de plus en plus de communes décident de ne plus prendre en charge la collecte et l'élimination des emballages de produits phytosanitaires vides. L'un des arguments avancés est le risque de toxicité si les bidons sont mal rincés.Devant cette impasse, certains distributeurs ont réagi en mettant en place une filière spécifique de collecte et d'élimination de ces bidons vides.En Bourgogne, la coopérative agricole et viticole Beaune-Verdun organise une collecte depuis deux ans. ' Nous mettons des bennes à la disposition des clients pendant deux semaines dans différents dépôts, et cela deux fois par an. Ils sont informés préalablement des dates et horaires à respecter. Les bennes ne sont pas laissées en libre-service car nous vérifions les bidons pour être sûrs qu'ils sont correctement rincés ', explique le responsable de la collecte. La vérification des bidons permet de leur faire suivre un circuit d'élimination classique. S'ils sont souillés, ils sont considérés comme des déchets industriels spéciaux (au même titre que les produits non utilisables) et sont pris en charge dans des incinérateurs spéciaux avec traitement des fumées, ce qui est beaucoup plus coûteux.Dans le Sud-Ouest, la coopérative Vivadour vient de lancer un dispositif de collecte ambitieux, avec la mise en place d'une vingtaine de Point Recup'. Un container reçoit les emballages non souillés comme les cartons, sacs en papier, films plastiques, un autre est destiné aux sacs d'engrais, le troisième aux bidons de produits phytosanitaires. Ceux-ci sont considérés comme potentiellement souillés et passent systématiquement par des fours spéciaux, ce qui rend l'opération très coûteuse. Elle est cofinancée par la coopérative, les fournisseurs de produits et les agriculteurs. La chambre régionale Midi-Pyrénées réfléchit de son côté à une solution moins onéreuse, en considérant au départ les emballages comme convenablement rincés.En Saône-et-Loire, la Fédération départementale des coopératives agricoles a embauché une jeune femme, dont le rôle est de mettre en place un système de gestion des plastiques agricoles. ' Il faut évaluer le gisement, voir ce qui se fait dans les autres régions et étudier les différentes possibilités techniques et financières ', résume Magali Talmard.Au niveau national, l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes) estime que chaque campagne agricole génère entre 14 000 et 16 000 tonnes d'emballages vides, dont 11 000 t de plastique, le reste se répartissant entre le carton, le fer... Le coût de la collecte, du transport et de l'élimination est estimé entre 8 000 et 10 000 F/t. Certains distributeurs avaient mis en place des systèmes de collecte qu'ils finançaient entièrement; ils ont abandonné compte tenu du coût. Beaucoup attendent un accord national entre les représentants de la filière et l'Etat. La mise en place des écotaxes est en discussion (voir page 54) et la gestion des emballages vides pourrait être évoquée à cette occasion.

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