Pendant cinq jours, Jean-Michel Edel a prêté son domaine pour le tournage d'un téléfilm, mettant en scène un commissaire chargé d'enquêter sur l'assassinat de deux jeunes femmes.
En temps normal, c'est le domaine du Bouxhof. Pour les besoins du scénario Meyer, le sphinx, le lieu a été rebaptisé ' domaine de Mittelwihr ', du nom du village de la région de Colmar (Haut-Rhin) où se déroule l'action de ce téléfilm de France 3. L'isolement de cette bâtisse du XVIIe siècle, perdue dans les vignes, a été sa première chance. ' C'était ce que prévoyait le scénario. Et des endroits pareils, il n'y en a pas beaucoup en Alsace. Le Bouxhof a été repéré avant la visite sur le terrain, sur une carte IGN ', indique Michel Guillerm, premier assistant de production. La seconde chance de ce domaine de 7 ha, abritant à la fois les chais, trois gîtes et deux chambres d'hôtes, était de réunir les décors souhaités : un bureau, un salon, une cave. L'accueil de Jean-Michel Edel, le propriétaire des lieux, a fait le reste. ' La personnalité des gens chez lesquels nous tournons joue beaucoup, poursuit Michel Guillerm. Une équipe de tournage, c'est envahissant. Il y a une trentaine de techniciens, plus les acteurs. 'Pour Jean-Michel Edel, tout s'est passé en quelques semaines. A la première prise de contact mi-décembre, a succédé la visite du réalisateur et la négociation de la location du domaine. ' Il ne faut pas faire cela pour gagner de l'argent, assure Jean-Michel Edel. L'exploitation est fermée. Sur le tournage, le téléphone est débranché. Je n'ai accueilli aucun bus pendant deux semaines. Je me suis arrangé pour prendre de l'avance à la taille. J'ai aussi accepté parce que je pensais qu'on allait parler du Bouxhof. En fait, à aucun moment, le domaine n'est cité. Sur les panneaux, le tarif ou le papier à lettre, le nom a été changé. ' Ce sont les impératifs de la loi Evin. Michel Guillerm soupire : ' On passe notre temps à camoufler des marques pour éviter des publicités déguisées '. Le détail va jusqu'aux étiquettes qui n'indiquent plus le moindre nom de cépage et se contentent d'un laconique ' vin d'Alsace '.Pour autant, le viticulteur ne regrette rien. Il se console en se disant que ses amis reconnaîtront l'endroit, ou son père François, son épouse Gillian et lui-même qui font de la figuration dans l'une des scènes du téléfilm. Et puis il restera un riche press-book et les commandes enregistrées lors des pots organisés à la fin de chaque journée de travail pour l'équipe de tournage.' Je considère ces cinq jours comme des vacances ', enchaîne Jean-Michel Edel. En fait de ' vacances ', le viticulteur du Bouxhof est un spectateur assidu qui, dès que la situation l'exige, se transforme en une sorte d'assistant, disponible du matin au soir. Qu'il s'agisse de relire un passage du script, de glisser un conseil pour rendre crédible la tirade d'un acteur scrutant un verre de vin ou de proposer un fût vide pour y cacher une liasse de billets de 500 F. Le tournage a eu lieu dans une ambiance bon enfant. Entre le viticulteur et l'équipe, le courant est visiblement passé. Michel a son explication : ' Nous sommes tous des passionnés de notre métier '.