A l'avenir, on passera de plus en plus de l'expédition et du transport à la logistique des vins. Le transporteur bordelais GT (1) propose un concept original pour sous-traiter cette tâche.
Il y a autant de différence entre l'expédition et la logistique qu'entre sauter à cloche-pied pour prendre de la hauteur et piloter un Boeing. Le directeur de la cave de Rauzan (Gironde), l'une des plus grandes de France, a le sens de la formule pour expliquer le saut qualitatif qu'il vient d'effectuer en devenant l'un des premiers clients de Logivin.La logistique est un vrai métier : il s'agit des méthodes et des moyens relatifs à l'acheminement du produit (approvisionnement, manutention, transport...). Logivin est un concept nouveau : la sous-traitance pour des clients, par un seul prestataire, de tout ou partie de la logistique du vin, de la bouteille jusqu'à l'expédition : étiquetage, habillage et mise en caisse (peut-être un jour la mise en bouteilles). ' Pour être efficace, l'idée est d'arriver à la personnalisation la plus tardive possible du produit ', explique l'un des concepteurs. La pièce maîtresse de Logivin est un entrepôt, actuellement en construction (la société a commencé son activité le 1er janvier avec trois entrepôts en location) : il sera destiné à la logistique du vin. De dix mètres de haut, il sera sous température dirigée et équipé de racks avec cinq niveaux de palettisation. Prévus par tranches, les travaux auront un coût total de 10 millions de francs pour une capacité de 9 millions de cols, le tout sur 6 000 m².Deuxièmement élément : la gestion de l'information en temps réel et la traçabilité. Plusieurs logiciels optimiseront l'emplacement dans l'entrepôt. On pourra effectuer toutes les opérations relatives aux douanes et à la facturation (y compris les documents pour l'interprofession). En temps réel, tout client saura où se trouve son vin, via Internet ou EDI (échange de données informatisées). Les données seront sécurisées (code d'accès). Dernier point : le transport. A terme, les vins pourront être enlevés à la propriété ou chez le négociant par des camions de la société, sous température dirigée, de même pour l'expédition si besoin est. ' Tout cela va dans le sens du contrôle en aval de la filière que nous mettons en place au niveau de l'interprofession ', souligne l'un de ses membres.Aujourd'hui, trois clients ont signé, notamment Alliance, un négoce issu du partenariat de deux coopératives girondines, Rauzan et Lugon. ' Pour notre rapprochement, nous avons raisonné en terme de filière pour les aspects commerciaux. Concernant la logistique, avec 8 millions de cols, nous envisagions d'acheter un entrepôt et d'embaucher un logisticien. Puis, nous nous sommes dits que ce n'était pas notre métier. Evidemment, il y a des transporteurs sur la place de Bordeaux mais la prestation n'est pas satisfaisante. C'est alors que les pourparlers avec GT ont débuté. A chacun sa spécialité ', explique Gilles Grenier, président d'Alliance.' En matière d'expédition de vin, beaucoup ' bricolent ' dans les propriétés, dans les caves ou même chez les négociants. On en confie la tâche au service de l'administration des ventes ou aux techniciens de la mise en bouteilles. Or, c'est de plus en plus un métier en soi. Le sous-traiter implique des coûts mais on gagne en efficacité. Demain, certains importateurs du monde anglo-saxon, par exemple, pourront exiger que leurs fournisseurs soient irréprochables sur cette partie, d'abord pour les très grands vins, ensuite pour les autres; que l'on soit petite ou grande propriété ', explique-t-on.Pour ne pas rompre la chaîne de la température, certains pensent à des petits révélateurs apposés sur les bouteilles pour détecter des écarts trop flagrants lors du transport. ' Nous ouvrons un projet. Nous espérons l'affiner grâce aux demandes de nos clients, comme du sur-mesure. Le coût de la prestation dépendra de ce qu'on nous demandera ', ajoute Francis Courrèges, cheville ouvrière du dossier chez GT.(1) Née en 1946, GT est une entreprise familiale de transport et de logistique. C'est aussi le deuxième loueur français de véhicules industriels. Son siège est à Bassens, dans la banlieue de Bordeaux. En 1997, son chiffre d'affaires s'est élevé à 420 millions de francs.