Les mycorhizes sont des champignons qui colonisent les racines. Les jeunes plants qui en sont imprégnés reprennent mieux.
De nombreuses plantes hébergent des mycorhizes dans leurs racines. Il s'agit de champignons qui améliorent leur alimentation en eau et en éléments minéraux, particulièrement en phosphore. Ils favorisent également la ramification des racines et diminuent leur sensibilité aux maladies. En contrepartie, la plante fournit des sucres et d'autres substances nutritives à son invité. Les mycorhizes les plus connues sont celles des arbres forestiers, à l'image de la truffe qui ne pourrait pas vivre en l'absence du chêne.Dans le cas de la vigne, on ne mise pas sur la gastronomie. Les mycorhizes qui la colonisent ne fructifient que sous des formes microscopiques. Leur intérêt est agronomique. L'Inra de Dijon a remarqué qu'elles amélioraient la reprise au champ des plants in vitro (multipliés en tubes de verre). Mais il s'agit là d'un mode très différent de celui auquel ont recours les pépiniéristes. In vitro, les racines se développent sur un gel stérile. On conçoit qu'il soit bénéfique de les inoculer. En est-il de même lors d'une multiplication traditionnelle? Quelques observations laissent à penser que oui.En Allemagne, l'institut de protection du vignoble de Bernkastel-Kues a noté une amélioration de la croissance des plants en pots. L'expérience consistait à comparer un substrat de culture classique au même substrat que l'on avait, au préalable, ensemencé en mycorhizes. Les boutures greffées furent plantées dans ces deux milieux. Huit semaines après, les plants inoculés portaient des pousses plus longues de 40 % que les autres. Puis ils furent sortis de serre et mis au vignoble. Pedant l'automne, l'écart s'était maintenu. Pour l'instant, on ne sait pas si l'avantage persiste dans le temps ou si, au contraire, il s'estompe. Et l'on sait encore moins s'il a de quelconques conséquences sur la qualité des vins. Les essais sont trop récents pour cela.L'Inra de Dijon s'est intéressé à d'autres plantes. ' Nous avons obtenu d'excellents résultats avec le pêcher, le noyer ou le poirier en conditions de production des pépinières ', annonce Silvio Gianinazzi, directeur adjoint de la station bourguignonne. Fort de ces succès et de ceux obtenus sur la vigne in vitro, il estime qu'elle ne devrait pas faire exception. Il semble donc intéressant d'inoculer les plants en pots. Depuis cette année, les pépiniéristes disposent d'un produit pour le faire. Il s'agit de l'Endorize, commercialisé par la société Biorize, à Paris. Les établissements Guillaume de Charcenne, en Haute-Saône, s'y intéressent depuis trois ans mais jugent ' qu'il est trop tôt pour en parler '. Ils sont les seuls à l'avoir testé.Ce produit s'adresse également aux vignerons, au moment de la mise en terre des plants traditionnels. A la différence de ceux cultivés en pots, ces greffés-soudés subissent un habillage. Or, cette opération conduit à supprimer les racines les plus fines, celles où logent les mycorhizes. Ainsi, même si les plants ont été inoculés, ils perdent leur associé fongique au moment de leur préparation à la plantation. Ils ont de fortes chances d'en rencontrer un autre dans le sol. Mais ils en trouveront un à coup sûr si l'on verse dans le trou de plantation quelques grammes d'une préparation contenant des mycorhizes. C'est ce que Biorize propose de faire. Malheureusement, cette société ne dispose d'aucune référence en viticulture.Si l'intérêt de l'inoculation des plants devait se confirmer, il faudra l'accompagner d'un changement des pratiques de fertilisation et de protection. Certains fongicides sont en effet nocifs pour les mycorhizes. L'excès de phosphore l'est également. Il faudra en tenir compte.