Le 12 février 1999, le VDQS Cabardès est devenu officiellement une appellation d'origine contrôlée. L'encépagement à la fois atlantique et méditerranéen est une véritable originalité de ce vignoble.
Depuis deux à trois ans, l'Inao a lâché du lest sur les dossiers d'accession à l'AOC : il y a eu les côtes de Toul (Lorraine), Anjou villages Brissac (Maine-et-Loire), Viré-Clessé et Irancy (Bourgogne), Minervois-la-Livinière (Aude)... Il s'agit à chaque fois de petits volumes. Aujourd'hui, les projecteurs sont sur Cabardès, vignoble situé au sud de Carcassonne (Aude). Ce VDQS (vin délimité de qualité supérieure) est officiellement une appellation d'origine contrôlée depuis le décret d'accession, signé le 12 février dernier et paru au Journal officiel du 16 février. La demande date du milieu des années quatre-vingt et a été relancée en 1992, une période d'étude relativement courte par rapport aux habitudes sur ce type de dossier. Il faut dire que Cabardès, 400 ha en production (pour un potentiel du double) et 20 000 hl vinifiés en 1998, a une véritable originalité. Son encépagement est à la fois atlantique et méditerranéen : cabernet franc, cabernet sauvignon et merlot d'un côté, grenache et syrah de l'autre. Chacune de ces deux familles doit représenter au moins 40 % de l'encépagement d'une exploitation. Le rendement de base est fixé à 50 hl/ha et le rendement butoir à 66 hl/ha. La densité minimale s'élève à 4 000 pieds/ha.' Cette accession est la récompense du travail effectué sur place et reconnu par l'Inao, indique Adrian Mould, directeur du syndicat. La catégorie VDQS est ennuyeuse car on ne sait pas trop où on habite. Avec l'accession à l'AOC, il y a un regain d'intérêt de la part des négociants et des importateurs. C'est encore un mot magique. ' Comme ailleurs dans le Midi, région de viticulture mixte appellation et vin de table, la question est de savoir si sur le plan de la rémunération, les producteurs miseront franchement sur la carte de l'appellation.' Nous vendons plutôt bien nos vins. Les vingt producteurs de l'AOC (seize particuliers et quatre coopératives) ont l'intention de jouer le jeu. Il n'y a pas de vampirisation de l'appellation par les vins de pays. Ils ont compris qu'ils ne pouvaient pas faire de l'appellation à moitié. D'ailleurs, si le dossier a vite avancé, c'est que les producteurs ont trouvé une vraie cohérence de langage ', ajoute-t-on. 80 % des vins sont vendus en bouteilles : 9 à 15 F HT pour le marché de gros, 18 à 50 F HT au détail à la cave. Localement, on espère, avec l'AOC, revaloriser ces prix, le tout sans déstabiliser le marché.C'est peut-être du côté des coopérateurs que l'intérêt de l'appellation devra être affirmé. ' Les prix du vrac des autres AOC du Languedoc ne sont pas vraiment une motivation aux yeux de certains, qui ne voient que la rémunération à court terme, indique-t-on. C'est d'autant plus le cas si on n'applique pas un paiement en fonction de la qualité des apports. ' Comme à chaque fois, l'accession à l'AOC a autant des effets externes qu'internes : ' J'ai même entendu certains chuchoter que ' finalement, on n'est pas si mauvais que cela..., indique un responsable. Des vignerons n'osaient pas sortir leur vin en présence d'invités... '