Bonne tenue des ventes, difficultés pour obtenir des droits de plantation et taux d'intérêts bas ont entraîné une flambée du prix moyen des vignes AOC en 1998.
Le prix de la terre est un facteur important de la régulation de l'économie d'une filière. On le vérifie encore avec l'analyse de l'évolution des prix des vignes AOC pour l'année écoulée : d'après les chiffres fournis par la Fédération nationale des Safer, la hausse moyenne est en effet de 13,6%! Ce chiffre 'n'était que' de 6,4 et 5,6% les deux années précédentes. Rappelons que l'inflation est quasi-nulle. Après le revenu viticole, voilà un autre indicateur démontrant la bonne santé économique de la filière.De nombreux producteurs ont engrangé de bons revenus et face à la demande mondiale, mais aussi française, ils entrevoient de bonnes perspectives. Du coup, dès que des offres se présentent, les candidats sont nombreux. C'est la loi universelle de l'offre et de la demande, à laquelle s'ajoute la baisse des taux d'intérêts : ' Elle diminue le coût du crédit en cas d'achat par emprunt et rend les placements alternatifs à l'achat de foncier viticole moins performants, ce qui incite à l'acquisition de vignes ', indique-t-on à la FNSafer. D'ailleurs, les terres agricoles s'avèrent globalement un placement rentable puisque dans le traditionnel thermomètre présenté par cet organisme, en 1998, elles sont, avec 6,5%, devant l'or, le compte épargne logement, le livret A, le Codevi, le PEL et les contrats d'assurance vie ; elles ne sont devancées que par l'immobilier locatif parisien et les actions et obligations françaises.13 600 ha viticoles ont changé de mains en 1998 (+13% sur 1997). Cela représente 1,32% des surfaces du pays, le tout à travers 8 560 transactions (le Languedoc étant de loin le marché le plus actif) qui ont représenté 2,4 milliards de francs. Par rapport à 1997, c'est une progression de 41%, essentiellement dû à la reprise des transactions de prestige dans le Bordelais. Le prix moyen de l'hectare de vigne est, en 1998, de 342 000 F, un niveau inégalé. A titre de comparaison, rappelons que le prix moyen d'une terre agricole est de 20 400 F en 1 998 (+4% sur 1997). Sur dix ans, on constate que l'acquisition d'un hectare de vigne AOC représente 7,3 années de revenu brut d'exploitation ; en 1998, cette durée n'est que de 5,3 années.Sur le plan régional, la quasi-totalité des vignobles enregistre des hausses. Seul le Bordelais se retrouve au-dessus de la moyenne nationale (hausse de 24,1%) ; le Languedoc-Roussillon, la vallée du Rhône et la Champagne sont dans la moyenne. Les autres vignobles sont en dessous. Cognac enregistre la seule baisse importante (-17%), crise économique oblige. Evidemment, sur le plan régional, les disparités sont énormes : entre la Champagne (prix le plus élevé à 1,9 MF/ha en moyenne) et le Languedoc-Roussillon (le plus bas à 71 000 F), la variation est de 1 à 27!