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Des prescripteurs quasi incontournables

La vigne - n°104 - novembre 1999 - page 0

Il y a de plus en plus de vins différents sur le marché et un nombre croissant d'amateurs plus ou moins éclairés. Entre les deux, tout un monde de prescription est né : presse, guides, concours... mais on peut faire sans!

Pendant toute la première partie du siècle, on allait chercher son vin en vrac chez le producteur du coin. Et puis, au fil des ans, la vente en vrac s'est réduite au profit de la vente en bouteilles. Les gammes des vignerons se sont étoffées.Cette multiplication de l'offre, en même temps que l'apanage de la société de consommation, s'est accompagnée du développement des guides, concours et autres articles sur le vin. Souvent néophyte, le consommateur a besoin d'être sécurisé. Créé il y a quinze ans, Le Guide Hachette a bien perçu l'utilité d'un relais entre la production et le consommateur. Vendu à plus de 170 000 exemplaires, il est considéré comme 'la Bible' des acheteurs de la grande distribution et devient pratiquement incontournable pour les candidats au référencement en grande surface ou à l'export. Certains vignerons cités s'amusent de recevoir des fax le soir même de la parution du livre. Et quand un vigneron commence à participer aux sélections, c'est pour la vie, ou presque.'Nos vins sont fréquemment publiés dans des guides et dans les revues, témoigne Bernard Fouquet, vigneron à Vouvray (Val-de-Loire). Nos clients ne comprendraient pas que nous n'y soyons plus.' Un retour à l'anonymat est souvent perçu comme la sanction d'une baisse de qualité.Dans le chapitre des livres cultes, Le Guide Parker est certainement celui qui suscite le plus de commentaires. Son influence sur les prix des vins primeurs à Bordeaux n'est plus à démontrer. Aux Etats-Unis, de nombreux cavistes affichent la note de Parker à côté du prix de vente! On ironise volontiers sur la 'parkérisation' des vins. 'Pourtant, personne n'oblige les vinificateurs à se conformer à ce goût, sinon l'appât du gain, avance un observateur. Il y a une démission de la part des négociants bordelais qui devraient continuer à vinifier comme bon leur semble.'Cette analyse traduit toute l'ambiguïté des relations vignerons/prescripteurs. 'Nous avons un pouvoir et nous en sommes conscients, explique Michel Bettane, conseiller éditorial de La Revue des vins de France. La plupart des dégustations sont organisées par les syndicats et se déroulent à l'aveugle. C'est après que nous rencontrons les meilleurs vignerons. Ce qui m'intéresse davantage, c'est d'encourager un vigneron encore peu connu.'Plus que les critiques gastronomiques, ce sont les distributeurs étrangers qui influent sur les méthodes de vinification. Leurs conseils peuvent faire progresser le vigneron et lui faire découvrir une autre facette de son vin. Mais quand le distributeur fixe ses règles du jeu sur la conduite des vignes, la vigilance s'impose!Si l'influence des guides et des revues est indiscutable, celle des médailles est plus contestée. 'Mes clients s'en moquent, raconte le responsable d'un magasin Nicolas, à Lyon. Pour les bouteilles à plus de 150 F, ils se réfèrent aux guides et pour les autres achats, ils me demandent conseil.' Cependant, obtenir une médaille reste bien apprécié des producteurs. Dans les salons, les visiteurs y sont sensibles. Mais c'est surtout la grande distribution qui en raffole. La médiatisation du vin concourt à élargir les connaissances des lecteurs, mais elle conduit aussi certains à se comporter en buveurs d'étiquettes. Le monde du vin, vignerons et prescripteurs, entretient encore trop cette approche élitiste.La mention d'un vin dans un guide ou une revue favorise sa commercialisation. Cette communication doit se faire sur le long terme... et avec un certain détachement.

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