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L'Inao et l'Onivins vont trier les phytos

La vigne - n°105 - décembre 1999 - page 0

L'Inao prépare une charte de la protection des terroirs. L'Onivins va définir la viticulture intégrée. Les deux organismes seront amenés à donner leur avis sur les produits phytos.

A l'issue de son dernier comité national, l'Inao annonçait son intention de mettre en place une charte de la production respectueuse des terroirs. Si tout se passe comme prévu, un texte sera adopté lors du prochain comité national, en février. 'Il s'agit d'intégrer la préservation des terroirs dans tous ses aspects, explique Hubert Bouteiller, président de la commission chargée de ce dossier à l'Institut et producteur médocain. Mais nous ne voulons pas nous enfermer dans une méthode.' Il ne sera question ni de viticulture raisonnée ou intégrée, ni de viticulture biologique.Un principe général régira ce texte : limiter au maximum les intrants, 'car tout ce qui est externe est transposable alors que l'AOC est la reconnaissance d'un produit qui tire sa caractéristique d'un terroir, unique, par définition', justifie Hubert Bouteiller. L'Inao n'entend pas en rester là. Il compte bien donner son avis sur les intrants et dire lesquels sont inacceptables ou, du moins, ceux dont l'emploi doit être restreint. D'ici au début 2001, les premières décisions devraient être prises. Elles le seront en concertation avec les syndicats d'appellation. Au cours de l'année prochaine, tous seront invités à donner leur avis.Hubert Bouteiller a déjà le sien. 'Il faut lutter contre les métaux lourds et les utiliser le moins possible. Les excès de cuivre pénalisent les sols et ont des effets secondaires sur la qualité organoleptique des vins. Mais il ne s'agit pas d'agiter le chiffon rouge : le cuivre reste utile en fin de saison, lors de millésimes où le mildiou est aussi agressif qu'en 1999.' Notre interlocuteur cite d'autres exemples d'intrants dont le sort devra être examiné : les boues urbaines, le diuron ou le fosétyl Al. Cette dernière matière active contient, comme son nom l'indique, de l'aluminium, un métal dont on peut supposer qu'au fur et à mesure des traitements, il s'accumule dans les sols.Une fois ces décisions prises, il faudra en contrôler l'application. Cette mission incombera aux syndicats. L'Inao se chargera de superviser ces autocontrôles. Concrètement, les vignerons tiendront un registre des interventions susceptibles d'avoir un impact sur les terroirs. Ce registre devra être mis à la disposition des contrôleurs. On se rapproche là des méthodes de l'assurance qualité. 'De toute façon, dans le cadre de la sécurité alimentaire, nous devrons aller dans cette direction', plaide Hubert Bouteiller.Voilà un programme qui promet des discussions très animées. L'Onivins en mijote un autre, tout aussi prometteur. Il a chargé l'ITV de définir la production intégrée en viticulture. Un texte qui en fixera les règles doit être soumis au conseil de direction du 15 décembre. Il reprendra en grande partie la définition de la production intégrée qu'a donnée l'Office international de lutte biologique. Dans les mois à venir, il sera complété par des annexes qui traiteront du sort des effluents de cave, fixeront les bonnes pratiques de pulvérisation et classeront les produits phytosanitaires dans trois catégories : interdits, autorisés sous conditions et utilisation libre.Michel Leguay, le directeur des services techniques de l'Onivins, ne cache pas que l'aspect le plus délicat du projet de l'Office tient dans le classement des produits. 'Nous aurons un débat difficile sur les matières actives. Si nous établissons un document avec la caution technique de l'ITV, un produit non autorisé risquera de ne plus être vendu.'A la différence de l'Inao, l'Onivins prépare une charte à laquelle chacun sera libre d'adhérer. Malgré cela, les deux dossiers paraissent proches. Les deux organismes se feraient-ils concurrence? N'aurait-il pas mieux valu qu'ils travaillent ensemble? On nous assure que la concertation existe. 'Nous sommes dans la ligne des préoccupations de l'Inao', soutient Michel Leguay. 'Nous n'avançons pas en termes d'opposition mais de complémentarité', affirme Hubert Bouteiller, tout en précisant que l'Onivins 'n'est pas compétent en matière d'AOC'.L'enjeu pour l'Inao est de réaffirmer sa prééminence dans la définition des conditions de production. Jusqu'à présent, il s'était borné à fixer des rendements, des règles de taille, de densité, d'encépagement ou de vinification. Il entend ne plus laisser à d'autres le soin de dire en quoi consiste le respect des terroirs et de l'environnement. On sent également, au travers de l'importance accordée au cuivre, qu'il n'est plus question de laisser l'agriculture biologique brandir seule la bannière de la production propre. Attaquer l'un de ses fondements, c'est même lui contester le droit de la porter.

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