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Plus de mille hectares détruits

La vigne - n°105 - décembre 1999 - page 0

Dans les vignes, l'eau a apporté des débris végétaux de toutes sortes, des troncs d'arbres, des voitures...

Une catastrophe! Le Tarn et le Languedoc-Roussillon ont vécu, les 12 et 13 novembre, un vrai cauchemar. La semaine suivant le drame, le bilan des victimes n'a cessé de s'alourdir. Des ponts n'existent plus, des routes restent encore impraticables, certains ont tout perdu. Il a d'abord fallu parer au plus pressé. Aujourd'hui, le monde agricole essaie de faire le bilan des pertes. Les expertises dureront deux à trois semaines pendant le mois de décembre.Dans sa note de synthèse du 23 novembre, la chambre d'agriculture de l'Aude indique que le Narbonnais, les Corbières et le Minervois sont les trois régions agricoles les plus touchées. Au total, 4 000 agriculteurs sont concernés. La vigne est la principale culture sinistrée. Les dernières estimations font état de 1 000 ha de vignes détruits et de 4 000 ha fortement endommagés. 10 000 à 20 000 ha connaissent des dégâts d'intensités diverses : ceps arrachés ou vignes disparues, palissage endommagé ou détruit, ravinements, envahissement des parcelles par des débris de toutes sortes, chemins défoncés, talus effondrés, fossés colmatés...Dans l'Hérault, la basse vallée de l'Aude et le Minervois héraultais ont connu les dégâts les plus importants. Plus de 200 vignerons sont concernés. On décompte 100 ha de vignes couchées et 100 autres plus touchés, parfois détruits.La chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales donnait, fin novembre, ses premières estimations après une semaine de tournées dans les vignes. 'Mais ces chiffres peuvent encore changer', insiste Alain Halma, conseiller viticole. Il y aurait 60 ha emportés, 50 ha ensevelis sous 30 à 50 cm de limon, de détritus et de cailloux, environ 250 ha ravinés et 60 ha où le palissage est à refaire. A cela s'ajoutent des kilomètres de chemins ou de murets à reconstruire, des fossés et des talus à nettoyer. L'ensemble de ces chiffres concerne l'épicentre de la catastrophe. Ailleurs, des dégâts existent, mais ils sont moindres.Les caves n'ont pas été épargnées. La coopérative de Cascastel, dans l'Aude, a été en partie détruite. Les dégâts sont évalués à 25 millions de francs. Jean-Noël Bousquet, propriétaire du château Grand Moulin à Luc-sur-Orbieu (Aude), a perdu sa cave. A 500 mètres de là, au château de Luc, quarante-cinq palettes préparées la veille pour une expédition à l'étranger ont littéralement explosé. A la coopérative d'Olonzac (Hérault), 2 000 hl stockés dans une cuve souterraine ont été gâchés. Dans les caves inondées, l'eau est parfois montée jusqu'à 2 m. Le matériel a été endommagé, du vin stocké a été perdu, des chais à barriques ont été inondés... A ces pertes directes s'ajoutent les pertes indirectes difficiles à évaluer comme les marchés, faute d'avoir été approvisionnés à temps. La note sera lourde, très lourde.L'étendue du désastre est telle qu'il a fallu former des experts dans l'Aude pour passer assez vite dans les zones sinistrées. Les techniciens de la chambre, les conseillers retraités ou des anciens conseillers installés ont été réquisitionnés afin de disposer d'une 'troupe' de soixante personnes pour sillonner le département. Habituellement, trois experts sont habilités à effectuer ce travail.La solidarité est en route. Au lendemain des dégâts, des agriculteurs épargnés par les eaux sont venus prêter main forte à leurs voisins. Cependant, pour que cette aide soit efficace, elle doit être organisée. Les départements sinistrés ont besoin de bras, mais dans l'Aude, on préfère attendre la fin des expertises avant de lancer des chantiers de solidarité.Lorsque les priorités auront été définies, il sera plus facile d'organiser des travaux efficaces. Dans l'Hérault, où les surfaces touchées sont moins importantes, une première journée de solidarité était prévue le 4 décembre. 'Nous allons dégager les sarments du palissage et redresser les pieds', explique-t-on à la chambre d'agriculture. Des phases de travaux plus lourds viendront par la suite. Les personnes sinistrées ont besoin de bras, mais également d'argent. Les indemnisations ne seront pas à la hauteur des pertes. Dès le lendemain du sinistre, des comptes ont été ouverts pour recevoir les dons. Mais il faudra du temps pour reconstruire ce qui a été détruit.

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