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Pays nantais, une année charnière

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

Pour la deuxième année consécutive, les prix du muscadet relèvent la tête. Le cours moyen pondéré, toutes appellations confondues, s'établit à 682 F/hl pour la campagne 1998-1999 d'après l'Onivins, soit une progression de 13% par rapport à la campagne précédente. Le muscadet et le sèvre-et-maine profitent de cette hausse.
La tendance est la même pour le gros plant du pays nantais, dont les cours retrouvent des niveaux d'il y a cinq ou six ans. Sous l'effet conjugué d'une baisse des surfaces et de récoltes moyennes en volume, cette appellation atteint un équilibre entre l'offre et la demande. Cependant, pour le gros plant comme pour le muscadet, le volume des ventes est en recul. 'Mais nous faisons suite à une année record, précise Jean-Pierre Méchineau, président du syndicat du muscadet. 666 000 hl ont été mis sur le marché et les stocks sont au plus bas. Aujourd'hui, nous voulons remonter à 700 000 hl commercialisés.'
La situation reste cependant difficile à l'exportation. Sur les six premiers mois de l'année 1999, les appellations du Muscadet ont chuté d'environ 17% en volume, la moitié de la baisse étant enregistrée en Grande-Bretagne. L'embellie des prix permet de revenir à des cours à peu près rentables, sans plus.
'On travaille sur une toute petite marge', explique Pierre Lieubeau, président du muscadet sèvre-et-maine. Mais il reste persuadé que le muscadet n'a pas la place qu'il mérite. 'Le vignoble a les moyens techniques de faire de bons produits, poursuit-il. Il faut aujourd'hui revenir au vignoble, être attentif à ce que les terroirs s'expriment.' Depuis quelque temps, il est question de redélimitation et de hiérarchisation des appellations du Muscadet. La gamme de vins est restreinte et les différences entre les appellations ne sont pas claires.
Là dessus se greffe la dénomination 'sur lie', utilisable par toutes les appellations. 'Il faut redéfinir toute la gamme', poursuit Pierre Lieubeau. La redélimitation est achevée pour l'appellation régionale côtes de Grandlieu; elle est en cours pour les coteaux de la Loire. Le gros morceau est à venir avec la troisième AOC régionale Sèvre-et-Maine.

L'étape suivante sera la création d'un troisième niveau, au-dessus des appellations régionales. Ce projet se fonde sur l'existence de vins de garde, les cuvées particulières. Un travail d'enquête a déjà été réalisé pour mieux les cerner. Des dégustations sont organisées pour sélectionner les meilleures et connaître leurs origines. Mais il est difficile pour l'instant de relier ces cuvées à un type de terroirs.
Ce projet de troisième niveau a pris un nouvel élan en 1999 avec l'embauche d'une ingénieur agronome, en charge de ce dossier au syndicat du muscadet. Une fois ces trois niveaux d'appellation définis, se posera la question du 'sur lie'. Cette mention pourrait être réservée aux AOC régionales. L'offre en muscadet sera alors plus claire. Un audit avait mis en exergue la qualité hétérogène des vins du pays nantais. Pour y pallier, l'interprofession a mis en place, en 1998, une charte de qualité. Aujourd'hui, 865 caves l'ont signée, soit 65% des déclarants vivant principalement de la viticulture. Elles bénéficient d'aides, représentant environ 20% des sommes investies. Depuis août 1998, trois cents dossiers ont été acceptés en caves particulières, huit pour les formes collectives. Cela représente 57,3 MF investis, surtout dépensés dans les pressoirs, la cuverie et la maîtrise des températures. Cependant, l'interprofession regrette le désengagement de l'Onivins depuis juin 1999, pourtant signataire du plan d'action pour la filière.
Une gamme hiérarchisée, une qualité plus homogène, tirée vers le haut, il ne manque plus qu'une bonne image au muscadet. C'est à quoi s'attelle l'interprofession depuis trois ans avec une communication originale, commencée en 1996 avec les années guinguettes. Le muscadet sur lie poursuit cette année avec, comme fil rouge, les peintres impressionnistes. En 1999, le muscadet sur lie est parti à la découverte du Nouveau Monde à bord de vieux gréements. 'Lors du démarrage de l'opération gabares, en 1997, 350 points de ventes participaient à l'opération, explique Mamadou Gueye, du comité interprofessionnel. En 1999, ils étaient 2 255.' Au Québec, pendant l'opération, entre le 15 août et le 15 septembre, les ventes ont progressé de 37% par rapport à la même période l'année précédente. Aux USA, les hausses ont été de l'ordre de 5 à 20%. 'Dans ces pays, des piqûres de rappel sont nécessaires, explique Jean-Pierre Méchineau, et on a plein d'idées pour cela.'


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