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Touraine, une première avec la grande distribution

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

La Touraine est à l'origine d'une première dans le monde viticole, qui a fait couler beaucoup d'encre. En septembre dernier, alors que les producteurs de fruits et de légumes étaient en conflit avec la grande distribution, le syndicat des vignerons de l'appellation Touraine-Amboise et le négociant Pierre Chainier signaient un contrat avec Carrefour. Que dit-il? Ce n'est pas un contrat d'achat, mais une démarche filière: l'enseigne commercialise un volume de l'appellation sous sa marque; en contrepartie, les producteurs et le négociant s'engagent à répondre à un cahier des charges tourné vers l'agriculture durable et la traçabilité.Ce dénouement est le fruit de contacts liés depuis longtemps. En 1993, un acheteur de Carrefour recherche un rosé de Loire frais et friand. Le négociant Chainier avance que l'appellation Touraine-Amboise pouvait fournir ce type de produit. Les liens sont tissés. En 1996, 350 hl de rosés partent pour les linéaires de Carrefour. Le volume triple en 1997. Cette même année, 500 à 600 hl de rouges s'ajoutent au volume des rosés. Devant ce marché croissant, alors que la part de touraine-amboise vendue auparavant au négoce était faible, les vignerons ont voulu obtenir des garanties pour savoir s'ils devaient produire du touraine ou du touraine-amboise.Carrefour était d'accord pour un contrat, à condition que les producteurs s'engagent dans la viticulture durable. 'Nous avons fait plusieurs assemblées générales et tous les vignerons de l'appellation étaient partants pour se lancer dans la viticulture raisonnée, explique Serge Bonnigal, le président du syndicat. Il y a pourtant là des gens qui ne vendent pas à Carrefour et d'autres qui n'ont pas la garantie de vendre leurs vins à cette enseigne.' Les producteurs sont aidés dans leur démarche par le lycée viticole d'Amboise, la chambre d'agriculture et les distributeurs de produits phytosanitaires. Le cahier des charges ne se cantonne pas aux vignes, il est aussi question du travail de cave. Ensuite, les vins sont vendus aux établissements Chainier qui les conditionnent avant de les vendre à Carrefour.Question prix, les vignerons s'y retrouvent. Sans le débouché Carrefour, les vins auraient de grandes chances d'être vendus au négoce en appellation Touraine, et non Touraine-Amboise.'Si on vend le touraine rouge 5,50 F/l cette année, ce sera bien le bout du monde', juge Serge Bonnigal. Le prix du millésime 1999 de touraine-amboise rouge est de 7,50 F/l. Il sera de 8,00 F/l pour la récolte 2000. Mais le but premier de cette démarche est de se servir du cahier des charges comme levier pour faire progresser la qualité globale de l'appellation et déboucher sur une appellation communale Amboise.Aujourd'hui, le volume de l'appellation vendu au négoce, dont la plus grande partie part chez Carrefour, est de 4 000 hl, contre 8 500 hl vendus en caves particulière, soit 12 500 hl de touraine-amboise au total. L'objectif est d'approcher les 20 000 hl. 'Il ne faut pas que Carrefour commercialise plus de 40% du volume de l'appellation', pense Serge Bonnigal.Les avis sont très partagés sur cette initiative. L'Inao considère que ce n'est pas à un syndicat d'appellation de s'engager dans une telle démarche. Serge Bonnigal reste néanmoins serein. Même si Carrefour les laisse tomber, ils auront toujours gagner quelque chose: l'agriculture durable. 'Dans les dix ans, tout le monde y sera, nous l'aurons fait avant', dit-il. Cette initiative a pris corps alors que pour l'ensemble des appellations, les cours poursuivent leur progression. 'Aujourd'hui, nous commercialisons ce que nous produisons', commente François de La Laurencie, le directeur du comité interprofessionnel des vins de Touraine, et de poursuivre: 'Il y a une grosse demande sur la bulle, surtout à l'étranger, et les rouges sont encore aspirés par l'exportation'.Cette progression des prix, sensible depuis au moins deux ans sur la plupart des appellations, est plus ou moins marquée selon les vins. Par exemple, les cours moyens de campagne en Touraine-Sauvignon, à 698 F/hl, ont enregistré une hausse de 24%. Et en fin de campagne, les prix se rapprochaient des 750 Fl. En revanche, alors que les cours en Saint-Nicolas-de-Bourgueil ont encore progressé de 4% par rapport à la campagne précédente, ceux de Bourgueil 'ont continué à subir des reculs (3%), le niveau des disponibilités étant resté important', indique l'Onivins.Côté vignoble, le travail de redélimitation de l'appellation Touraine se poursuit. Le projet qui concerne la Sologne viticole ne plaît pas à tout le monde. En effet, 1 764 ha d'appellation Touraine devraient être supprimés. L'Inao répond qu'une grande partie de cette surface est aujourd'hui vouée à la céréaliculture.Enfin, les vins de Touraine ont désormais une nouvelle bouteille. Son signe distinctif: une fleur de lys en médaillon, fleur qui est aussi la bannière de la campagne de communication lancée par la nouvelle interprofession des vins du Val de Loire, réunissant l'Anjou-Saumur et la Touraine.

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