Les exportations de vins au Japon ont littéralement explosé en 1998. Mais l'année suivante, elles ont fortement marqué le pas. Néanmoins, 1999 affiche de meilleurs résultats que 1997 et l'on attend encore une croissance dans ce pays.
Après une année exceptionnelle en 1998, avec une hausse des exportations françaises de vins vers le Japon de 110% en volume et 88% en valeur, 1999 apparaît beaucoup moins favorable. 'Au premier semestre, on ne vendait pratiquement plus rien au Japon, explique le directeur du comité interprofessionnel des vins de Touraine. Certaines références étaient épuisées et, malgré tout, les importateurs ne se réapprovisionnaient pas.' Les chiffres viennent corroborer cette analyse: sur les dix premiers mois de 1999, la chute des exportations françaises est de 51,5% en volume et de 38% en valeur par rapport à 1998. Les vins étrangers ont connu le même sort.
Malgré ce constat, les opérateurs restent sereins. En effet, bien que moins performante que 1998, 1999 affiche des résultats à l'exportation supérieurs à ceux de 1997 pour le Japon. Cette évolution a été possible surtout grâce à l'activité du second semestre.
Comment expliquer les résultats de 1998? 'Fin 1997, certains importateurs étaient en rupture de stocks, explique le négociant bordelais Roland Quancard. Les prévisions avaient sous-estimé le développement de la consommation.' En effet, le Japon a connu ce que l'on a appelé 'le boom du vin rouge'. 'En bonne partie dû à la communication importante sur le french paradox, qui fut le détonateur d'une consommation prête à exploser', explique Jean-Charles Crouin, de la Sopexa à Tokyo. D'après le Poste d'expansion économique de Tokyo, la consommation par adulte serait passée de 2,4 l/an en 1997 à 3,7 l/an en 1998.
La rupture des stocks en 1997 a été mal vécue par les importateurs japonais, qui se sont alors réapprovisionnés en masse. Les uns voyant les autres acheter à tout-va, ils ont fait de même, provoquant un effet boule de neige. Selon le CFCE (Centre français du commerce extérieur), le Japon a importé 3,2 millions d'hectolitres (Mhl) en 1998. Si on ajoute à ces achats les vins japonais, produits pour une large part à base de vrac importé, l'offre globale en vin a presque doublé entre les années 1997 et 1998, dépassant les 4 Mhl, alors que le marché aurait consommé un peu plus de 2 Mhl la même année!
'Cette frénésie des achats a entraîné des perturbations sur le marché, indique Jean-Charles Crouin. Les importateurs ne disposaient pas tous de la logistique pour faire face à ces stocks. Des opérateurs ont souffert et il y a eu des concentrations capitalistiques.' 'De plus, certaines sociétés ont voulu spéculer, elles ont craint une augmentation des prix et une dévaluation du yen', ajoute Hervé Henrotte, du CFCE. Les stocks issus de ces achats massifs ont engendré une baisse des importations, sensible dès septembre 1998.
Les vins chiliens auraient aussi pesé sur le marché. Ils ont enregistré des hausses exceptionnelles en 1998. 'Leur part de marché était de 4,5% en 1997; elle a grimpé à 11% en 1998 pour retomber à 4% l'année suivante, précise Jean-Charles Crouin. Sur 3 millions de caisses importées en 1998, 1 million restait en stock à la fin de cette même année.'
Après un engouement, 'il semble que cette mode des vins chiliens soit sur sa fin', ajoute Kuniko Matsuda, du Poste d'expansion économique de Tokyo.
Cependant, les perspectives sur le marché japonais sont plutôt bonnes. Le vin n'est plus un produit réservé aux amateurs. Il se démocratise, devient à la mode chez les jeunes et surtout chez les femmes. Cette évolution joue en faveur d'une croissance régulière du marché. La consommation par habitant, encore faible, peut progresser. La France demeure le pays de référence pour les Japonais et les vins français ont su garder une part prédominante dans les importations. Mais il faut rester vigilant face à la concurrence, notamment sur les segments bas et moyen de gammes.