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Lauprêtre et Fréma: les nouveaux enjambeurs

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

Récemment, deux sociétés ont démarré la fabrication d'enjambeurs. Lauprêtre insiste sur la robustesse et la stabilité de ses tracteurs. Fréma mise sur des prix attractifs et sur sa maîtrise de l'hydraulique.

Roger Lauprêtre aurait pu baisser les bras. Mais ce n'est pas dans sa nature. La récente vague de concentration qui a réduit le nombre de fabricants d'enjambeurs lui a fait perdre sa concession d'une marque. Qu'à cela ne tienne. Depuis son atelier installé à Igé (Mâconnais), il s'est lancé dans la fabrication des tracteurs auxquels il pensait depuis longtemps. A en juger par leur forme, le design n'est pas son premier souci. Roger Lauprêtre n'a que faire des coups de crayons tape-à-l'oeil. Ce n'est pas sur ce terrain qu'il devait affronter la concurrence, mais sur celui de la solidité et de la stabilité.Ses tracteurs LPH sont hydrostatiques. Ils enjambent deux rangs. Ils sont conçus autour de deux longerons taillés dans une seule et épaisse plaque d'acier. Roger Lauprêtre n'a pas voulu que les pièces maîtresses de ses châssis résultent de l'assemblage, par soudure, de plusieurs éléments. A ses yeux, il y a là des risques de rupture. Quant à la stabilité, elle résulte de la disposition centrale du moteur qui descend dans l'interrang pour abaisser le centre de gravité.Robert Fromagé s'est laissé convaincre par les arguments de Roger Lauprêtre. L'an dernier, il a acheté un LPH de 115 ch à voie variable pour passer dans ses vignes plantées de 1 m à 1,40 m. Il s'en est servi pendant 70 heures pour prétailler et broyer les sarments. 'J'ai toujours eu peur pour sa vie. Maintenant, je suis tranquille', explique la femme de ce vigneron de Cortambert (Saône-et-Loire). Son mari qui travaillait précédemment avec un enjambeur mécanique savoure le passage à l'hydrostatique. Lui aussi affirme ne plus avoir peur lorsqu'il entre dans ses coteaux. 'Il faut voir par où l'enjambeur passe', dit-il. Il apprécie aussi la visibilité qu'offre le poste de conduite et l'accessibilité du moteur.Le constructeur possède un autre atout. Il est prêt à répondre aux demandes particulières de ses clients. Vincent Race a souhaité pouvoir relever de 20 cm l'arrière de son LPH 140 ch. Roger Lauprêtre a monté un système de vérins pour satisfaire à son exigence. Ce vigneron de Courgis (Chablisien) a été livré en mai dernier.'C'est le tracteur le plus solide et le plus léger que j'ai vu', estime-t-il. Il l'a utilisé pour traiter et rogner simultanément ses vignes, puis pour vendanger à l'aide de la tête de récolte, elle aussi conçue par Roger Lauprêtre. L'installation et le démontage de ces équipements ne posent pas de difficulté. 'Il suffit de dévisser quatre boulons pour déposer la cellule de pulvérisation', affirme-t-il. Sa cellule est composée de la pompe et d'un pendillard (jet projeté). Pour déposer la tête de récolte, il lui a fallu moins d'une demi-journée, aidé d'un employé.Le prix de la gamme LPH démarre à 320 000 F HT pour un tracteur de 60 ch, doté d'un châssis fixe et de deux roues motrices. Pour un appareil de 160 ch à voie variable et à quatre roues motrices, il faut compter 650 000 F HT. Le tracteur le plus puissant développe 180 ch. Ces prix comprennent la cabine équipée d'un système de filtration et d'un autoradio. Parmi les options, Roger Lauprêtre propose quatre roues directrices. Par ailleurs, il prépare une gamme de monorangs.Fréma se situe à des niveaux de prix inférieurs. C'est l'une des raisons du succès de cette société, basée à Grenade-sur-Adour (Landes). Les frères Duclavé, qui la dirigent, se sont attaqués au marché viticole il y a six ans pour se diversifier. Leur gamme EF, à transmission hydrostatique, s'articule autour de trois puissances de moteur: 75, 90 et 115 ch. Les tracteurs EF 90 et EF 115 sont à voie fixe ou variable, établies à la demande. L'EF 70 (75 ch) n'est livré qu'avec une voie fixe, elle aussi établie à la demande. Sans cabine et pourvu de deux roues motrices, il coûte 280 000 F HT. Un EF 115 doté d'une voie variable, de quatre roues motrices et d'une cabine filtrante, vaut 450 000 F HT.Les clients que nous avons interrogés ont été séduits par ces tarifs. A l'usage, leur acquisition s'avère fiable et bien pensée. L'équipement et la conception de l'hydraulique y sont pour beaucoup. Mis à part ceux qui alimentent les moteurs des roues avant, les flexibles d'huile sont tous cachés dans le châssis. Les risques d'accrochage sont donc réduits. Les modèles EF 90 et 115 sont dotés à l'avant, sur la droite comme sur la gauche, de sorties d'huile. Cette disposition facilite le raccordement des outils. Mais l'essentiel, aux yeux des frères Duclavé, tient dans l'installation d'une prise de force actionnée par une pompe à circuit fermé et à débit variable. Sur les modèles EF 90 et 115, elle développe au maximum 60 ch. Sur l'EF 70, elle fournit 35 ch. Grâce à cette pompe, le tracteur entraîne, sans aucun montage complémentaire, tous les outils hydrauliques. Le conducteur peut adapter son régime moteur à la puissance exigée par chaque outil. Par ailleurs, le moteur hydraulique de la prise de force est installé à l'arrière, sur un porte-outil réglable en hauteur par un vérin de 80 cm. Grâce à ce montage, en bout de rang, on relève son pulvérisateur pour éviter de l'accrocher.Avec l'Eclipse, les frères Duclavé ont conçu un tracteur d'une complexité supérieure. Leur dernier-né corrige en permanence et automatiquement son assiette jusqu'à 20% de pente. Tant qu'il ne s'engage pas dans des pentes plus raides, le conducteur reste à l'horizontale. Chacune des quatre roues motrices de son tracteur est montée sur un vérin dans lequel une pompe hydraulique injecte de l'huile lorsque c'est nécessaire. Difficile d'en savoir plus. Jean-Michel et Patrick Duclavé étaient en attente d'un brevet lorsque nous les avons rencontrés.L'Eclipse vise la Champagne, la Bourgogne ou le Beaujolais, vignobles dans lesquels Fréma est peu connu. Il est équipé d'un moteur de 60 ou 75 ch, installé entre les roues, pour des raisons de stabilité. Il enjambe un ou deux rangs. Sa prise de force hydraulique développe 15 ch. Un kit permet de grimper jusqu'à 25 ch. Son prix varie de 240 000 à 300 000 F HT selon les options.

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