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Je voulais un domaine visible de la route

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

Forte d'une expérience comme responsable salariée de domaines viticoles, Brigitte Grivet s'est installée en cave particulière en 1994. Parcours d'une vigneronne qui sait ce qu'elle veut.

La quarantaine sereine, Brigitte Grivet est une femme de caractère. Il en faut lorsque l'on mène seule un domaine viticole de 10 ha. Après six ans passés comme directrice générale d'un château en coteaux d'Aix (Bouches-du-Rhône) et autant comme responsable commerciale d'un important domaine à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse), elle franchit le pas: posséder son vignoble. 'J'en avais assez de courir les aéroports, raconte-t-elle. Et surtout, j'avais envie de mener ma propre affaire.'L'esprit d'entreprise, elle n'en manque pas. En 1994, quand elle décide de se jeter à l'eau, elle sait parfaitement ce qu'elle recherche. 'Je voulais un vignoble à taille humaine, bien situé pour développer la vente directe.' Le domaine Saint-Jean-Baptiste, en bordure de la départementale menant à Lorgues (Var), lui a tout de suite plu. 'Il était visible de la route, proche d'un village provençal bien fréquenté l'été, et sa bastide encadrée de cyprès est un véritable appel à la halte.'Une fois dans ses murs, elle installe un système de froid pour la vinification. Elle met en place la climatisation des chais de stockage l'année suivante. 'Dans la région, c'est indispensable!', se souvenant du premier été et de ses inquiétudes face à la montée des températures varoises. Pour commencer, elle reprend la commercialisation de vin de table en vrac pour les habitués du domaine, 'quelques particuliers et des restaurateurs du coin'. Mais son objectif est de développer la vente directe de ses côtes-de-provence, qu'elle met en bouteilles à la propriété en louant un groupe mobile à un collègue vigneron.Vendre en direct, ce n'est pas attendre que le client vous tombe du ciel. Il faut aller vers lui. C'est ce que fait Brigitte Grivet en s'installant sur le marché provençal du village, très prisé des vacanciers: 'Ils ne m'achetaient pas de vin, mais ils prenaient ma plaquette de présentation du domaine. Comme c'est facile à trouver, j'ai eu mes premiers visiteurs.' Chaque année, le fichier des clients s'enrichit de nouvelles adresses. La vente directe à la cave représente désormais plus de la moitié de la commercialisation du domaine. Les ventes par correspondance (près de 15%) sont en augmentation. Une petite partie de la production passe par les circuits de distribution locaux (restaurateurs ou commerçants). Le reste transite chez un grossiste et un importateur belge.Déterminée, elle est également une gestionnaire avertie. Elle a d'ailleurs participé à des journées de formation auprès de banquiers pour les sensibiliser aux caractéristiques de l'activité viticole.'Quand un vigneron s'endette à long terme pour s'installer, il doit non seulement prendre en compte l'achat du domaine, mais également deux cycles de charges d'exploitation, explique-t-elle. Cette sage précaution lui évitera de boire le bouillon en cas de mauvaise année.' Et sur ce point, la Varoise d'adoption sait de quoi elle parle: installée au printemps 1994, elle est frappée de plein fouet par le gel de 1997 et perd 35% de sa récolte.'Je voulais me constituer un petit stock de vins rouges pour proposer différents millésimes. Cela n'a pas été possible. J'ai quasiment épuisé mes réserves pour combler le manque de 1997.'Deux ans plus tard, Brigitte fait face à un autre problème, celui de l'élargissement de la route départementale passant devant le domaine. 'Les travaux ont commencé début avril 1999. Ils étaient censés être rapides. Ils ont duré jusqu'aux vendanges...' Pendant toute la saison touristique, le chantier a engendré une baisse de fréquentation. 'Certains jours, je ne faisais même pas l'équivalent d'une journée d'hiver.' Très mécontente et décidée à le faire savoir, elle a écrit au conseil général. Pour l'instant, pas de nouvelles.Consciente de l'importance de l'accueil sur son exploitation, elle a aménagé trois chambres d'hôtes et un studio. Elle est bien décidée à jouer la carte de l'art de vivre provençal et restaure, à ses heures perdues, de vieilles restanques en bordure de son domaine. Elle s'intéresse à l'histoire de la région dracénoise car 'il est important d'expliquer aux vacanciers les origines des sites qu'ils visitent'. Elle s'est également investie dans l'office du tourisme local et compte participer à l'opération 'Arts et vins', menée par la Fédération des caves particulières du Var. Si on l'interroge sur ses projets, Brigitte Grivet commence par dire qu'elle n'en a pas de particulier, si ce n'est 'profiter au mieux des jours heureux'. Et, peu à peu, elle poursuit sur une idée, puis deux...Bref, tout un éventail d'entreprises qui ne demandent qu'à mûrir. Au centre de sa réflexion, une conviction: s'intéresser à cette nouvelle forme de tourisme qui mêle la découverte des paysages et celle des terroirs.

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