Jusqu'au 1er janvier 2002, le franc et l'euro coexistent. Pourtant, à ce jour, peu de professionnels ont opté pour l'euro et le franc reste la monnaie de référence.
Depuis le 1er janvier 1999 et jusqu'au 1er janvier 2002, le franc et l'euro coexistent. C'est la période du 'ni-ni': ni obligation, ni interdiction d'utiliser l'euro.Après cette date, tous les comptes, contrats ou factures devront être libellés en euros. Cette période transitoire de trois ans a pour objectif de permettre une adaptation progressive à la nouvelle monnaie (voir La Vigne n° 94, p. 70-71).Nous sommes aujourd'hui pratiquement à mi-chemin entre le franc et l'euro et un premier bilan montre que l'euro reste peu utilisé, quel que soit le secteur d'activité professionnelle. 'La monnaie européenne a suscité un certain intérêt avant le 1er janvier 1999, date à laquelle l'euro est devenu la devise officielle. Depuis, les clients, particuliers comme professionnels, s'y intéressent de moins en moins. D'autres sujets comme le passage à l'an 2000 ou la mise en place des 35 heures ont davantage occupé les esprits', remarque le chargé de clientèle d'une banque.D'après notre enquête, très peu d'opérateurs du monde viticole ont basculé leurs comptes en euros et cela ne concerne, on s'en doute, que des entreprises travaillant essentiellement à l'export. Basculer ses comptes en euros signifie que l'on dispose d'un chéquier en euros et que tous les paiements, des fournisseurs comme des salariés, se font en euro. Enfin, au niveau des relevés bancaires, l'ensemble des écritures apparaissent en euros et seul le solde du compte est également donné en francs. Ceci revient exactement à l'inverse de la situation que connaissent aujourd'hui tous ceux dont les comptes sont encore en francs et dont le solde apparaît en euros.La majorité des entreprises exportatrices ont ainsi conservé leurs comptes en francs, ce qui ne les empêche pas de recevoir des paiements en euros par chèque, carte bancaire ou par virement. Dans tous les cas, les flux monétaires entre les onze pays de la zone euro, dits pays 'in', se font en euros, que la facturation soit établie en francs, en marks ou en florins. Ainsi, si un client paie en deutsche Mark, le montant est converti en euros, arrive ensuite à votre banque, est alors converti en francs pour apparaître sur votre compte si celui-ci est toujours en francs. 'Cette multiplication des conversions nuit plutôt à la fluidité du système, observe un banquier. La période de transition semble d'ailleurs trop longue puisque finalement, et comme toujours, les clients vont attendre le dernier moment pour basculer leurs comptes.'Le mode opératoire le plus logique et le plus simple serait d'opérer la bascule des comptes bancaires et de la comptabilité au même moment. Mais si au niveau bancaire, depuis le 1er janvier 1999, tout est prêt pour passer à l'euro, c'est loin d'être le cas pour les logiciels de comptabilité. Il existe à ce niveau de grandes différences selon les centres de gestion. Certains donnent à leurs adhérents des tableaux de bord financiers exprimés en francs et en euros depuis 1999 et proposent, dès cette année, les nouvelles versions des logiciels comptables en euros. 'Nous sommes prêts, explique un conseiller de gestion, mais nous n'avons pas de demande pour le moment. Par ailleurs, nous ne poussons pas particulièrement car, pour nous, le fait de gérer simultanément des documents en francs et en euros est une source d'erreurs importante.' D'autres centres de gestion ne seront prêts que l'année prochaine.Globalement, les professionnels ont intérêt à basculer leur comptabilité en euros pour les exercices qui commenceront à partir du mois de février 2001. En effet, tout exercice commençant à partir de cette date en francs devra faire l'objet d'une clôture intermédiaire au 31 décembre 2001 pour continuer ensuite en euros. Dans la mesure du possible, il est fortement conseillé d'éviter cette gymnastique qui peut, elle aussi, générer des erreurs.La majorité des clients des pays tiers demandent désormais des tarifs exprimés dans la nouvelle monnaie. En effet, depuis le 1er janvier 1999, leurs monnaies sont cotées par rapport à l'euro et non plus par rapport au franc.'Pour le moment, je me contente de convertir mon tarif en euros en prenant soin de respecter les règles d'arrondis. Mais d'ici à l'année prochaine, il faudra certainement réfléchir à un tarif en euros tenant compte des nouveaux seuils psychologiques, prévoit un vigneron. Pour la facturation, les pays dits 'out' sont de plus en plus demandeurs de factures faisant apparaître l'ensemble des lignes en euros, mais cela n'implique pas nécessairement qu'ils paieront en euros. Le moment venu, le plus simple sera de passer l'ensemble des logiciels à l'euro, de même que les comptes bancaires. Mais pour le moment, cela ne se justifie pas car la majorité de nos transactions se font encore en francs', conclut-il.