Faciles à poser et bon marché, les antigouttes améliorent à peu de frais les pulvérisateurs qui en sont dépourvus. Ils suppriment le délai entre l'ouverture des vannes et la formation du brouillard de traitement.
Le temps où les pulvérisateurs gouttaient lamentablement en bout de la parcelle tire à sa fin. Presque tous les appareils neufs sont désormais pourvus d'arrêts de gouttes (ou antigouttes) qui stoppent l'écoulement de la bouillie lors de la fermeture des vannes. Leurs constructeurs obéissent en cela aux normes de protection de l'utilisateur. Il reste les appareils déjà en service. De plus en plus de vignerons les équipent, à commencer par leurs rampes de désherbage dont les bavures sont les plus visibles. On peut les suivre à la trace lorsque les abords des parcelles sont enherbés.' L'installation d'arrêts de gouttes améliore les matériels à peu de frais ', estime Jacques Bedouelle, à Gravigny (Eure), un distributeur de ces accessoires. Ils suppriment les pertes de charge. Lorsque l'on rouvre les vannes après avoir pris un nouveau rang, la pulvérisation redémarre aussitôt. C'est leur principal intérêt. Il est appréciable sur les pulvérisateurs dotés de grandes longueurs de tuyauterie. L'installation n'est possible que sur les appareils pourvus d'une pompe à piston. Les pompes centrifuges ne fournissent pas assez de pression pour ouvrir les arrêts de gouttes. Ces derniers se ferment sous l'action d'un ressort qui déplace soit une bille, soit une membrane. Les billes sont montées dans des pièces cylindriques qui s'insèrent dans le porte-jet, contre la buse. Ces pièces sont dénommées filtres antigouttes ou clapets de fermeture selon qu'elles possèdent ou non un tamis. Il suffit de dévisser l'écrou de buse pour les installer. De plus, elles sont bon marché. Les filtres antigouttes les moins chers coûtent entre 17 et 20 F HT. Cependant, certains relèvent qu'ils s'usent rapidement car les billes se déforment. ' Il faut les remplacer au bout d'une campagne ', conseille Claude Grandey, à Montagny-lès-Beaune (Côte-d'Or), un concessionnaire et réparateur de machines viticoles. L'usure est d'autant plus rapide que la pression de travail est élevée. Pour cette raison, les filtres antigouttes s'installent de préférence sur les rampes de désherbage. Les dispositifs à membrane sont plus durables. Selon les revendeurs interrogés, ils tiennent au moins cinq campagnes si l'on en prend soin. Il faut rincer son pulvérisateur à l'eau claire ou, mieux, avec un détergent après chaque traitement, et le vider avant l'hiver. ' Il n'y a aucun réglage à faire, signale Sébastien Picot, de la société Buisard, à Sablé-sur-Sarthe, importatrice de la marque italienne Arag. Lorsque l'antigoutte ne fonctionne pas correctement, il ne faut surtout pas desserrer l'écrou de serrage de la membrane car des impuretés viendraient se déposer derrière elle. En cas de problème, on démonte, on nettoie, on remonte et c'est tout. Si le problème persiste, on change la membrane ou le ressort. ' Les antigouttes à membrane font office de porte-buse. On trouve les moins chers chez les revendeurs de la marque italienne Arag. Ils sont en polypropylène et coûtent 17 F/pièce HT, prix conseillé par l'importateur. Avec les autres marques, utilisant le même matériau, il faut compter au moins 50 F. Les porte-buses taillés dans du laiton sont plus chers. Un simple jet se trouve aux alentours de 80 à 100 F, un double jet autour de 200 à 250 F. Cet alliage supporte des pressions supérieures au plastique, donnés pour résister à 20 bars dans le meilleur des cas. Pour cette raison, il reste utilisé, malgré son coût. Pour qu'ils soient efficaces, ces articles doivent être posés au plus près des buses ou des pastilles. La configuration de tous les appareils ne le permet pas. Lorsqu'on est contraint d'éloigner l'antigoutte du diffuseur, il faut ajouter au moins 10 F aux prix mentionnés plus haut. Ils permettront d'acheter les tubulures et les brides ou les écrous, nécessaires à l'insertion de la pièce sur un tuyau souple de pulvérisateur. Avec un tel montage, on ne peut pas empêcher l'écoulement du volume qui se trouve en aval de la membrane. De ce fait, l'arrêt et le redémarrage de la pulvérisation ne sont pas nets. Ce problème est aggravé sur les pneumatiques dont les pastilles de calibrage sont éloignées des diffuseurs. On pourrait être tenté de le régler en posant l'antigoutte au plus près de l'orifice. Mais ce serait une erreur car sa place est en amont de la pastille. Après avoir transformé un pneumatique, il arrive qu'il faille ajuster la pression de fonctionnement. La plupart des antigouttes sont donnés pour s'ouvrir à 0,5 ou 0,7 bar. Malgré cela, leurs installateurs relèvent qu'ils ne fonctionnent bien qu'au-delà de 1 à 1,2 bar au manomètre. Ceux qui travaillent en dessous de ces niveaux devront donc les relever. Ils auront alors un appareil à la réactivité d'une machine neuve.