Agrément, hiérarchisation et irrigation étaient les thèmes forts de ce comité national de l'Inao. Le dossier sur l'agrément avance doucement. On s'oriente vers une certification de la procédure des prélèvements.
C'est dans le Bergeracois que l'Inao (Institut national des appellations d'origine) a tenu, les 25 et 26 mai, son traditionnel comité national décentralisé de printemps. Les responsables des neuf appellations de ce vignoble de 12 300 ha en étaient particulièrement fiers.Ce comité des vins et eaux-de-vie était le premier présidé par René Renou, vigneron angevin, nommé par Jean Glavany en mars pour un mandat de six ans. Il en a profité pour faire une déclaration de politique générale. ' Par délégation, nous gérons un élément du patrimoine national : l'AOC. C'est une lourde responsabilité. Nous notons des dérives dans les syndicats quand les intérêts privés prennent le pas sur l'intérêt général. Il faut arrêter les dérogations dans tous les sens. Le terroir reste le maître-mot. L'AOC est une conception moderne et une théorie parfaite. Nous produisons du rêve et nous obtenons de bons résultats économiques. L'Inao est le gardien du temple. ' Concernant les dossiers étudiés, la commission d'enquête d'agrément a rendu un rapport attendu. Sur la procédure de prélèvement des échantillons, on s'oriente vers une certification ' type Iso ', sous le contrôle d'un organe externe. Une sacrée avancée quand on sait combien les ' approximations ' sont nombreuses dans bien des vignobles. ' Nous harmoniserons des procédures parfois opaques. Nous voulons que tous les syndicats le fassent bien. ' Sur le contenu de la réforme, on s'oriente vers des prélèvements cuve par cuve et on incitera les syndicats à organiser des ' pré-dégustations ' permettant aux producteurs de se caler par rapport à leurs voisins. Deuxième dossier : la hiérarchisation des appellations. Comme souvent à l'Inao, devant la multiplication des demandes en tous sens, on a stoppé les dossiers et nommé une commission d'enquête pour définir une ligne directrice. Son rapport a été débattu à Bergerac, parfois avec véhémence. ' Notre système n'est pas cohérent, a regretté le président Renou. L'existant est là mais, à l'avenir, nous aurons plus de vigilance. Toute hiérarchisation doit être liée au terroir et non à des intérêts privés. Le système doit être plus lisible pour le consommateur. ' Troisième dossier : l'irrigation. Un projet de décret est prêt à 95 %. Il devrait sortir prochainement et caler réglementairement une pratique pour laquelle ' c'est la pagaille depuis trente ans ' (voir page 44). ' Non à l'irrigation pour augmenter les volumes ou par confort ; oui s'il y a un véritable besoin. On aura un cadre général avec un minimum de contrôle. L'irrigation doit rester une pratique corrective exceptionnelle ', indique-t-on. En fin de réunion, une motion solennelle a été votée à l'unanimité. Elle concerne la protection des terroirs viticoles et ce, à la lumière des risques qu'encourt actuellement l'appellation Côte rotie, menacée par un projet autoroutier de contournement ouest de Lyon.' Le comité s'oppose catégoriquement à tout projet qui porterait atteinte au patrimoine national que représentent les vignobles d'appellation, et demande aux pouvoirs publics de garantir la mise en place de solutions alternatives assurant leur intégrité ', indique cette motion. ' Partout, dans la France des vignobles, les atteintes potentielles se multiplient. Personne n'envisage, parce que c'est plus pratique, de tracer une route au milieu du château de Versailles, pourquoi le ferait-on pour un terroir unique, non reproductible ailleurs ? ', ajoute le président. Le président veut convaincre les pouvoirs publics de dégager des moyens financiers afin que l'Institut puisse communiquer sur la notion d'appellation, souvent méconnue des Français. Un travail de fond quand on sait que le logo AOC, inscrit dans la loi d'orientation agricole, n'est finalement qu'optionnel pour le vin... alors que le comité national de l'Inao, par un vote quelques mois auparavant, avait souhaité le rendre obligatoire. Quelques régions récalcitrantes ont su faire du lobbying jusqu'au dernier moment... Enfin, soulignons que quelques jours avant ce comité, la hache de guerre a été enterrée entre les Bordelais et Jean Glavany (voir La Vigne de mars dernier, page 22). Des menaces de démission du comité national au 30 mai avaient été proférées pour protester contre la désignation chaotique des récentes présidences de l'Institut. Le ministre s'est engagé à une procédure plus serrée aux échéances prochaines, ce qui a rassuré les professionnels girondins.