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archiveXML - 2001

De nouvelles règles pour hiérarchiser ses vignobles

La vigne - n°118 - février 2001 - page 0

L'Institut national des appellations d'origine codifie les liens hiérarchiques entre AOC. Gare à ceux qui s'écartent du droit chemin !

Face à la kyrielle de demandes de hiérarchisation et à la diversité de leur contenu, l'Inao (Institut national des appellations d'origine) veut faire le ménage. Début 1998, son comité national a nommé une commission d'enquête. Elle est chargée de proposer un cadre aux règles de reconnaissance d'une nouvelle appellation au sein d'une appellation existante. Les dix professionnels qui la composent ont rendu leur rapport en avril 2000. Outre une analyse de l'existant dans vingt régions viticoles, cette commission définit des modèles pour mener à bien les organisations hiérarchiques futures. Le comité national, réuni à Bergerac en mai dernier, a approuvé les grandes orientations proposées. Sur le fond, on ne peut qu'applaudir la décision de l'Institut d'harmoniser sa doctrine. Le dossier ' hiérarchisation ' rejoint la liste des sujets sur lesquels l'Inao travaille avec la ferme volonté de ' reprendre l'avenir en main '. D'aucuns noteront l'aveu implicite d'un ' laisser-aller passé '. Sur la forme, on peut s'étonner de la minutie avec laquelle le groupe de travail a disséqué les relations hiérarchiques entre les appellations. Certains y verront la preuve d'un travail sérieux ; d'autres reprocheront une dérive dogmatique qui ne peut qu'éloigner l'Institut des réalités vigneronnes.' Le dossier de la hiérarchisation est à la fois technique, politique et économique, confie un responsable professionnel, membre de l'Inao. Si on omet l'une de ces réalités, on finit dans le mur. ' C'est un sujet technique, parce qu'il vise à démontrer la spécificité d'un terroir et des conditions de production particulières. C'est la doctrine de la ' pyramide hiérarchique ' affirmée par l'Inao. Politique, parce qu'il doit reposer sur une base syndicale solide. Sans l'adhésion des vignerons, une hiérarchisation d'appellation ne peut venir à bout du labyrinthe procédural impliqué par une demande de reconnaissance. Economique, parce que c'est l'espoir de ' faire Charlemagne ' qui encourage les candidats à se lancer dans cette aventure, coûteuse en investissement humain. On pourrait penser que le sujet n'intéresse que les ' jeunes ' appellations. Il n'en est rien. De la Provence au Muscadet, de la Bourgogne au Bordelais, presque tous les vignobles se penchent sur leur hiérarchisation. ' Soit pour la mettre en place, soit pour la peaufiner ', constate un agent de l'Inao. Certaines appellations, comme les Corbières, sont déjà engagées dans une démarche officielle ; d'autres, par exemple l'Alsace, sont encore au stade de la réflexion professionnelle. Toutes devront se plier aux règles édictées par l'Institut. Dans les mois à venir, l'Inao va préciser sa doctrine concernant l'utilisation des termes ' village ' et ' cru '. Il est aussi question d'aborder les conditions de repli, corollaire de la hiérarchisation. Rassurez-vous : ces nouvelles dispositions n'ont pas vocation à remettre en cause l'existant. Elles ne concernent que les demandes à venir. Toutefois, certains vignobles d'AOC craignent une rupture dans l'aménagement de leur hiérarchie. Leurs professionnels sont bien décidés à se battre pour poursuivre leur évolution dans le pré carré confortable obtenu par le passé. Entre la nécessité de clarifier une offre d'AOC complexe et les sacro-saints usages locaux, reflets d'une réalité multiple, l'Inao va devoir naviguer entre les écueils.

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