Toute nouvelle demande visant à hiérarchiser un vignoble d'appellation doit désormais répondre à deux exigences : un terroir spécifique et des conditions de production plus restrictives.
On connaissait celles de Khéops, Khéphren et Mykérinos... Voilà que l'Inao joue aussi les pharaons et édifie sa propre pyramide, dans laquelle toute nouvelle demande de hiérarchisation d'appellation doit désormais se glisser. Ces nouvelles règles, définies par l'Institut, ne concernent que le futur. Elles n'ont pas vocation à remettre en cause les organisations existantes.Les vignobles souhaitant voir reconnaître de nouvelles AOC au sein de leur appellation d'origine contrôlée existante doivent suivre un modèle unique, celui de la ' hiérarchisation pyramidale '. La distinction entre les deux niveaux d'appellation (l'AOC existante et la nouvelle) doit reposer à la fois sur une délimitation d'un terroir plus étroit et sur des conditions de production plus restrictives pour l'appellation de niveau supérieur. Si vous sortez de ce modèle, point de salut ! La volonté de privilégier l'organisation pyramidale s'explique parce que c'est la plus proche du concept de l'AOC : on s'attache aussi bien aux facteurs naturels (l'origine) qu'humains (les conditions de production). ' Si l'organisation ne repose que sur les délimitations d'aires, on parle alors d'indications géographiques complémentaires, explique Claude Sarfati, secrétaire de la commission d'enquête nationale sur la hiérarchisation. Dans ce cas, la provenance des produits est précisée, mais sans garantie d'une typicité particulière. On s'écarte du concept de l'appellation d'origine contrôlée. Il n'y a donc pas de véritable hiérarchisation. ' Même constat si, à l'inverse, l'organisation ne repose que sur les conditions de production. ' On rentre alors dans le groupe des mentions, poursuit notre interlocuteur. Il ne s'agit pas d'une organisation entre les appellations, mais interne à une AOC. '. Ces précisions données, l'Inao en a déduit des règles. Parce qu'elle induit un risque de confusion avec la véritable hiérarchie pyramidale, l'organisation avec indication géographique complémentaire ne devrait plus être utilisée. Dans les deux cas, on a bien une référence à un nom géographique. Seule la lecture du décret permet de constater qu'en réalité, les conditions de production sont identiques. Mais tout le monde n'a pas le Journal officiel... Les règles arrêtées pour le système des mentions sont plus complexes. Si celles qui sont purement techniques (' primeur ', ' sur lies '...) ne posent pas de problème, il n'en est pas de même de celles comportant une connotation géographique (' premières côtes '...). Là encore, en raison du risque de confusion avec des appellations de la hiérarchie pyramidale, l'Inao ne compte pas développer ce second type de mentions. D'autres règles devraient être précisées dans les prochains mois. Le comité national a demandé à la commission d'enquête de peaufiner sa réflexion sur l'utilisation des termes ' village ' et ' cru ', et de faire des propositions sur les conditions de replis. Réponses attendues pour le début de l'année 2002.