Le retournement à l'export pose la question de la compétitivité de nos vins.
'La France, c'est comme Boeing. Nous sommes leader, mais nous nous endormons un peu, d'autant que les ventes demeurent bonnes. Mais la dynamique est ailleurs : chez Airbus pour le monde de l'aéronautique, dans les pays du Nouveau Monde pour notre filière. ' Cette métaphore d'un professionnel fait prendre conscience qu'à l'exportation, la donne change. L'export fait vivre un actif sur quatre dans la filière. Certes, cela fait plus de dix ans que la concurrence du Nouveau Monde monte en puissance, mais la parité plutôt favorable des monnaies, le boom conjoncturel de l'Asie et l'épopée désormais achevée des vins de cépages ont enjolivé la situation à la fin de la décennie 1990. C'est comme si la bulle viticole, à l'instar des bulles financières artificiellement gonflées en bourse, éclatait.De 1996 à 1999, nous avons enregistré des croissances annuelles en valeur presqu'à deux chiffres, pour atteindre un total des exportations hexagonales de vins et de spiritueux de 49 milliards de francs. Mais la valeur est un indicateur moins fiable que les volumes. Déjà l'an passé, les vins avaient perdu 2,4 % en volume sur 1998. Ce mouvement s'est amplifié le premier semestre 2000 : - 9 % sur la même période de 1999 ! ' Nous payons nos égarements en terme de hausses de prix '. ' Nos vins sont moins compétitifs et la faiblesse de l'euro nous le cache en partie. ' ' On vit sur des acquis vieillissants. ' ' Il y a de l'inquiétude mais pas de crise. ' Telles sont les réactions prédominantes. ' Le plus grave, c'est la perte de parts de marchés chez nos gros clients et la remise en cause des vins français comme référence mondiale ', analyse un membre du CFCE (Centre français du commerce extérieur). ' Le meilleur exemple reste la Grande-Bretagne, explique-t-on chez Yvon Mau, l'un des principaux négociants aquitains. Sur le plan conjoncturel, l'impact de la vache folle n'est pas négligeable. Les Britanniques nous font subir un boycott larvé. Plus profondément, la concurrence du Chili, de la Californie, de l'Australie, de l'Argentine et de la Nouvelle-Zélande s'intensifie. ' ' Il y a un malaise, explique un responsable d'interprofession. Il faut s'interroger sur les conséquences de la mondialisation.' Pour éclairer les décideurs, l'Onivins et les interprofessions ont demandé des études à des cabinets d'audit. ' La stratégie choisie est celle de la présence des vins français sur tous les segments de marchés. Notre viticulture n'a pas cette vocation. Vu nos coûts de production et notre réglementation serrée, nous devrions nous focaliser sur les vins à valeur ajoutée ', ajoute un responsable.