Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

Nouveau vin de pays : Portes de Méditerranée pour sept départements

La vigne - n°115 - novembre 2000 - page 0

L'offre des vins de pays du Sud-Est n'autorisait que des stratégies de niches. Avec les vins de pays Portes de Méditerranée, récoltés sur sept départements, d'autres marchés s'ouvrent.

Le décret du 22 octobre 1999 officialisait la naissance des vins de pays Portes de Méditerranée, à la grande joie de Jean-Louis Piton, homme du Lubéron aux multiples casquettes, et initiateur du projet.' Dans le Sud-Est, il n'existait pas d'approvisionnement large pour les vins de pays de bassin ', dit-il. Dans cette région, les vins de pays de département ou de petites zones ont, pour beaucoup, une stratégie de niches. Certains se portent bien et profitent d'une identité propre ; d'autres ne jouissent pas d'un nom très porteur ou d'une véritable stratégie de commercialisation. La dénomination Portes de Méditerranée, qui couvre sept départements, représente désormais un volume de vin conséquent qui permettra aux opérateurs d'entreprendre les marchés internationaux. Les vins produits en Ardèche, dans la Drôme, le Vaucluse, le Var, les Hautes-Alpes, les Alpes de Haute-Provence et les Alpes-Maritimes peuvent prétendre à cette dénomination. Les Bouches-du-Rhône n'ont pas souhaité tenter l'aventure. ' Les professionnels ne voyaient pas bien comment leur vin de pays de département se positionnerait par rapport à cette nouvelle dénomination ', explique-t-on à l'Onivins. La mention ' Portes de Méditerranée ' permet une identification régionale forte, même à l'étranger. Mais les professionnels des Bouches-du-Rhône considèrent que leur vin de pays a lui aussi des atouts, avec le mot ' Rhône ' très porteur. Les sept départements représentent un volume de 2,2 millions d'hectolitres par an de vins de table, dont 1,3 million déclarés en vin de pays. Le Vaucluse produit à lui seul environ 800 000 hl de vin de table, dans lesquels on totalisait seulement 300 000 hl de vins de pays. Cette nouvelle dénomination devrait permettre une meilleure valorisation des volumes régionaux. ' C'est un terrain de marques pour les gros opérateurs ', poursuit Jean-Louis Piton. Un large bassin de production leur garantit une sécurité d'approvisionnement. ' Ensuite, qu'ils en fassent des vins de cépage ou des assemblages, ce n'est pas mon problème. A chacun de voir... ' Henri Bathelier, président délégué d'Inter-Med, structure fédérant les organismes professionnels agréés (OPA) dans la zone des vins de pays des Portes de Méditerranée, ajoute cependant : ' Traditionnellement, ici, on produit des vins d'assemblage. 'Alors que quelques-uns critiquent une dénomination un peu longue - ' Le temps de lire l'étiquette, on a déjà acheté un vin de pays d'Oc ' -, les premiers résultats sont plutôt rassurants. Sans battage, lors de la première campagne (1999- 2000), 104 000 hl ont été agréés et notifiés en Portes de Méditerranée. Jean-Louis Piton (en position centrale au fond) est ici entouré par des représentants des sept départements concernés, après une réunion de travail portant sur le développement des vins de pays des Portes de Méditerranée.' Ces chiffres dépassent nos espérances ', lance Anne Petit, d'Inter-Med. Les vins peuvent être revendiqués directement en Portes de Méditerranée ou, dans un second temps, après avoir reçu l'agrément en vin de pays de département ou de zone. ' Cette année, les vins Portes de Méditerranée ont été vendus à des prix légèrement supérieurs aux vins de pays de département ', indique l'Onivins. Anne Petit parle de 20 à 30 F de plus par rapport aux vins de pays du Vaucluse. Ce département a d'ailleurs fourni près de 44 % des vins Portes de Méditerranée. Mais à leur échelle, les trois départements des Alpes ont encore mieux joué le jeu, en agréant 8 800 hl pour une production de 40 000 hl de vins de table et de pays. Dans chacun des sept départements, les OPA gèrent les procédures d'agrément. Mais il n'est pas envisageable d'avoir une unité de produit sur un tel bassin de production. ' L'unité, c'est le savoir-faire du Sud-Est ', explique Anne Petit. Les consignes étaient d'agréer des vins sans défaut et qualitativement supérieurs aux vins de pays de département. Selon les cas, la sélection a été plus ou moins sévère. Tout cela demande à être harmonisé. ' Il faut inciter les gens à faire de la qualité, et donc être sévère, mais pas trop. Il ne faut pas les décourager non plus, ce n'est pas une AOC ! ' précise Henri Bathelier. L'objectif est de positionner ces vins sur un segment plutôt haut de gamme, et de mieux les valoriser que les vins de pays de département. D'ailleurs, ceux-ci devraient représenter une bonne partie des volumes agréés en Portes de Méditerranée. Des vins de table pourraient aussi avoir la même destinée, ' mais tous ne le méritent pas ', souligne Jean-Louis Piton. Et il y a plusieurs règles à respecter : un rendement plafonné à 90 hl/ha, au moins 11° naturels, des cépages recommandés... Dès le début, cette dénomination a intéressé de gros opérateurs du Sud-Est, comme le Cellier des Dauphins, Les vignerons ardéchois ou Les caves de Provence, mais aussi en dehors de la région, les Grands chais de France, Calvet ou le Val d'Orbieu. Le Cellier de Saint-Louis (Var), qui regroupe des coopératives et des caves particulières, a démarré l'an dernier un peu timidement, mais les choses s'accélèrent. ' On a créé une marque pour les GMS en France, explique Philippe Brel, directeur général du groupement. On va commencer par le rosé, c'est notre spécialité. Le rouge viendra ensuite. L'objectif est d'arriver rapidement à 200 000 ou 300 000 bouteilles, positionnées en moyen ou haut de gamme. ' Cette dénomination a été conçue sur-mesure pour les gros opérateurs, mais les caves particulières s'y s'intéressent aussi. Devant la dégradation du marché des vins de table, Serge Latour, vigneron dans le Vaucluse, s'apprête à revendiquer pour la première fois cette dénomination. ' Je crois en son potentiel. Je vais en faire 400 hl, en rouge et en rosé. Ce sera des vins d'assemblage. Les vins de cépage, ça ne marche plus ! 'Aujourd'hui, Inter-Med souhaite mener une véritable campagne de développement et de communication pour parvenir, en quatre ou cinq ans, à produire entre 800 000 et 1 million d'hectolitres de Portes de Méditerranée. Cette nouvelle dénomination arrive dans un marché difficile, ' mais c'est peut-être une chance, lance Henri Bathelier. Elle peut donner un nouvel élan à la vente des vins de pays. ' Il faut attendre maintenant de connaître les volumes agréés en Portes de Méditerranée pour cette seconde campagne, et surtout le comportement des cours.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :