Syngenta, Aventis et BASF, les trois leaders mondiaux de l'agrochimie, sont nés de fusions ou ont grossi à la suite de rachats opérés récemment.
En décembre dernier, les dirigeants de Novartis et d'AstraZeneca (Sopra) annonçaient leur intention de fusionner leurs activités agrochimiques au sein de Syngenta. Le 11 octobre 2000, leurs actionnaires leur donnaient leur accord. Le 2 novembre, ils recevaient aussi l'aval de l'autorité américaine chargée de la concurrence (Federal Trade Commission). Ils avaient déjà obtenu celui de la Commission européenne dès le mois de juillet, à condition de renoncer à des produits qui auraient accordé à Syngenta une position dominante sur certains segments de marché.La Commission a contraint Novartis à céder la trifloxystrobine, une strobilurine, ainsi que d'autres matières actives (cyproconazole et tau-fluvinate). Elle a demandé à Zeneca de renoncer à distribuer le diéthofencarbe (Sumico) et la procymidone (Sumisclex) en France, où ces substances avaient été confiées à Sopra par Sumitomo, leur inventeur. A l'avenir, elles seront uniquement distribuées par Philagro, filiale de Sumitomo. Quant à la strobilurine, elle a été achetée par Bayer pour 880 millions d'euros (5,8 milliards de francs). Cette matière active, associée au cymoxanil, est déjà homologuée en Suisse contre le mildiou, l'oïdium, l'excoriose, le black-rot et le brenner, sous le nom d'Eclair. Bayer devrait annoncer fin novembre les développements qu'elle compte lui donner sur la vigne en France. Malgré les allègements qui lui ont été imposés, Syngenta dépasse tous ses concurrents. C'est le premier fournisseur de produits de protection des plantes, approvisionnant 22 % du marché mondial, et le troisième semencier. Son siège se trouve à Bâle (Suisse). En 1999, le chiffre d'affaires, dans l'agriculture, de ses deux sociétés mères s'élevait entre 7 et 7,3 milliards de dollars. Syngenta est suivie d'Aventis, née officiellement le 15 décembre 1999 de la fusion de Rhône-Poulenc et de Hoechst (AgrEvo). Aventis Cropscience, sa branche phytosanitaire, occupe le second rang mondial. Elle a connu un démarrage difficile. Au cours du premier semestre 2000, ses ventes ont baissé de 4,5 % par rapport à la même période de l'année précédente, pour s'établir à 2,2 milliards d'euros (14,4 milliards de francs). Cependant, dans le même temps, elle a amélioré sa marge brute. Sa filiale française, basée à Lyon et opérationnelle depuis le mois de juillet, est organisée en deux réseaux : Aventis distribuant les produits nouveaux et Optimagro, les produits anciens. Elle annonce la mise en marché, dans le courant de l'année prochaine, de nouveaux antimildious mettant en oeuvre le fenomen, une matière active de Rhône-Poulenc qui sera associée au cymoxanil, au fosétyl Al ou au cuivre. Aventis Cropscience est appelée à connaître de nouvelles transformations. Ses dirigeants ont annoncé qu'ils envisageaient de la séparer de la maison mère, en l'introduisant en bourse, sous le nom de Chemtech si l'on en croit des rumeurs qui circulaient début novembre. Si cette formule devait être retenue, elle n'affecterait pas l'organisation de la filiale française. Depuis le 1 er juillet, Aventis est talonnée par BASF. Ce jour-là, la vente des activités de protection des plantes d'American Home Products (Cyanamid Agro) à BASF prenait effet. Elle a conduit la firme allemande du septième au troisième rang mondial, ce qui ne lui suffit pas, son objectif étant la deuxième place. Sa filiale française, basée à Tassin-la-Demi-Lune, dans la banlieue lyonnaise, vise le même rang. ' Avant trois ans, nous serons le numéro 2 ', a déclaré Marc Forestier, PDG de BASF Agro, le 6 octobre, lors d'une conférence de presse. Pour y parvenir, BASF mise sur l'apport des produits de Cyanamid Agro, très complémentaires des siens, et sur une série de nouveautés. En matière de protection des vignes, elle annonce la sortie prochaine d'un fongicide de la famille des strobilurines, et d'un insecticide. Les conseillers qui ont eu l'occasion de tester le fongicide ou de visiter des essais ne tarissent pas d'éloges à son égard. Il serait la nouvelle référence, à la cadence de 14 jours, contre le mildiou sur feuilles et sur grappes. Il serait en outre efficace contre l'oïdium, le black-rot, le brenner et l'excoriose. BASF n'a toutefois pas récupéré l'intégralité du portefeuille de Cyanamid Agro. La firme s'est séparée de l'herbicide Pledge. Elle l'a cédé à Philagro, considérant qu'il s'adressait à un marché trop restreint au regard de ses nouvelles ambitions.