Les vignerons des domaines viticoles signalisés sur la route des vins de Bergerac (Dordogne) ont signé une charte de qualité concernant l'accueil de touristes. Le CIVRB a inspecté de façon anonyme la qualité de leur accueil.
Pour les vignerons de la région de Bergerac, l'accueil des touristes dans leur caveau est un bon moyen pour donner une belle image de leur métier, de leurs terroirs et de leurs vins. ' L'appellation d'origine contrôlée est une propriété collective, souligne Philippe Biau, vigneron dans le Bergeracois. Les défauts d'un vigneron sont aussi attribués aux autres. ' Christian Vallette, vigneron et président de la commission ' route des vins ' au sein du CIVRB (Conseil interprofessionnel des vins de la région de Bergerac), ajoute : ' Si on accueille mal, autant ne pas le faire. 'En 1996, l'interprofession a établi la route des vins et une charte en dix points sur la qualité de l'accueil des touristes. Actuellement, la charte réunit 107 domaines viticoles, mais aussi 34 restaurants, et 7 offices du tourisme dans le département. Depuis la création de la route des vins, une quarantaine de domaines ont aménagé leur caveau et mis en place une structure d'accueil pour ensuite signer la charte. Etant donné la dispersion des domaines viticoles, lors de sa mise en place, la route des vins a été difficile à tracer. C'est ainsi qu'elle ne s'est non pas matérialisée par un simple ruban d'asphalte au travers du vignoble, mais plutôt par une adhésion du vigneron à la charte de qualité. ' Nous n'avons pas choisi la facilité ', fait remarquer Christine Thubé, directrice de la communication au CIVRB. La route des vins a donné naissance à un guide, distribué dans tous les lieux touristiques. Dans ses 56 pages, on trouve la liste des 107 domaines viticoles et les spécificités de leur accueil au caveau. Il indique les horaires d'accueil, les vins produits, l'éventuel accueil en langue étrangère, la possibilité de recevoir des groupes ou des personnes handicapées... Le guide propose d'autres informations touristiques telles que les campings, les aires de pique-nique et les restaurants. Il contient une carte détachable matérialisant l'emplacement des domaines et des offices de tourisme. Mais Nelly Garrouty, chargée de l'enquête, remarque : ' La carte devra être revue pour la prochaine édition. En effet, elle ne fait pas apparaître les différentes appellations viticoles de la région, c'est pourtant une information primordiale. La carte du vignoble devra être calquée sur la carte touristique. ' Le guide est à la base de la tournée d'inspection qui s'est opérée pendant les deux derniers mois d'été. Durant cette période, d'une part, toutes les informations du guide ont été vérifiées et, d'autre part, la qualité de l'accueil a été évaluée. Les deux inspecteurs se présentaient comme un couple de vacanciers et ont donc effectué cette évaluation anonymement. En moyenne, ils ont visité trois domaines par jour et déjeuné dans un restaurant. Ils transcrivaient leurs impressions sur un questionnaire préparé à cet effet. Lors des visites, ils ont systématiquement acheté deux bouteilles de chaque domaine. Celles-ci ont ensuite été dégustées pour évaluer leur rapport qualité-prix. Les résultats de l'étude sont satisfaisants, sauf pour une dizaine de domaines qui devront faire des efforts dans le futur. Mais toutes les remarques seront exploitées pour améliorer la qualité de l'accueil. Les horaires d'ouverture publiés dans le guide font partie des points critiques de la qualité de l'accueil des vignerons, d'après Christian Vallette. ' Il vaut mieux afficher 'le domaine est fermé le dimanche' que le contraire, si le vigneron n'est pas certain d'être toujours disponible ce jour-là ', ajoute-t-il. D'ailleurs, François-Xavier de Saint-Exupéry, président du syndicat des vignerons de Bergerac, propose d'organiser un relais entre les différents domaines viticoles pour assurer qu'au moins un caveau soit ouvert chaque dimanche. Un bilan général de l'enquête sera présenté à l'ensemble des vignerons lors d'une réunion qui aura lieu prochainement. Ce seront surtout les points faibles qui vont être soulignés. Par ailleurs, la commission ' route des vins ' du CIVRB envisage de communiquer, de façon confidentielle, l'impression des enquêteurs à chacun des vignerons concernés. Quant ces remarques auront été prises en compte, cette démarche deviendra réellement efficace. Le CIVRB envisage de reconduire cette enquête, en été ou même en hiver, pour veiller sans cesse sur la qualité de l'accueil. Cette opération de contrôle a été financée à 40 % par le CIVRB, à 35 % par le conseil régional, et à 25 % par le conseil général. Les partenaires sont la chambre des métiers, la chambre du commerce et de l'industrie, la chambre d'agriculture, l'union départementale des offices de tourisme et des syndicats d'initiatives. Le coût de cette opération est compris entre 60 000 et 80 000 F. Les principales dépenses ont été les salaires des deux enquêteurs, leur voiture, l'achat des deux bouteilles par domaine, les factures de restaurant, et celles de téléphone pour les prises de rendez-vous. Autrefois, les vignerons s'installaient dans des cabanons au bord des routes les plus passantes (de Saint-Emilion, en Gironde, à la grotte de Lascaux, en Dordogne) pour vendre leurs vins aux touristes qui ne s'arrêtaient pas spontanément chez eux. Aujourd'hui, l'ambition des vignerons de Bergerac est de mettre en place un produit touristique régional couvrant l'ensemble des activités et des attractions proposées par le département. L'activité viticole est la trame de ce projet car le CIVRB en est l'initiateur. Les vignerons ont ainsi fédéré tous les professionnels qui ont un rapport avec le tourisme dans la région.