ImprimerEffet 2000 ou conjoncture économique favorable, les acheteurs ont retrouvé le chemin des salles des ventes avec toujours un intérêt marqué pour les grands bordeaux.
Douze château-margaux 1900 en bouteilles reconditionnées à 220 000 F, soit plus de 18 000 F le col ; une bouteille de château-petrus 1947 estimée à 15 000 F, vendue 21 000 F ; un magnum de château-mouton-rothschild 1945 estimé à 45 000 F, vendu 63 000 F... La liste des records n'en finit pas, quelle que soit l'étude chargée de la vente.' Depuis 1997 et la crise asiatique, une baisse générale s'était faite sentir. La tendance s'est nettement repositionnée à la hausse depuis plusieurs mois avec une nette reprise du marché ', constate le responsable du département des vins de la maison Christie's, à Londres. Un avis partagé par Christophe Murat, chargé du département des vins et spiritueux à l'étude Tajan, située à Paris. ' Le niveau des ventes a beaucoup augmenté depuis décembre 1999 et, jusqu'à maintenant, le rythme se maintient. Par ailleurs, les lots se vendent, en général, entre 20 et 30 % au-dessus de l'estimation de l'expert. ' Les valeurs sûres (grands châteaux, grands millésimes, mais aussi les millésimes anciens, les vins ' parkérisés '...) s'arrachent. Face à cette surenchère sur les grandes bouteilles, certains acheteurs se tournent vers les seconds vins des grands châteaux dont la cote monte. Les vins de Bordeaux représentent d'ailleurs plus de 70 % des lots mis en vente. Viennent ensuite la Bourgogne, les spiritueux, la Champagne... Les vins des côtes du Rhône sont, semble-t-il, de plus en plus présents. ' Les acheteurs ont un savoir de plus en plus grand sur les vins, constate un spécialiste. Ils osent davantage se tourner vers d'autres références que les grands châteaux bordelais. Par ailleurs, les prix des très grandes bouteilles atteignent de tels prix qu'elles sont devenues pratiquement inabordables. ' Ces derniers temps d'ailleurs, les bonnes affaires étant rares, les acheteurs particuliers se font plus discrets. ' Actuellement, les principaux acquéreurs sont des marchands qui proposent ensuite les lots sur des marchés à l'exportation, en Asie ou dans les pays anglo-saxons ', précise Christophe Murat. Les principales surenchères touchent les vieux millésimes que l'on ne peut trouver que dans les salles des ventes. Les produits étant rares, ils sont chers, et même très chers ! La dernière vente de l'étude Tajan, à la salle Drouot le 18 octobre 2000, était retransmise sur internet (1). On pouvait non seulement suivre mais également acheter par ce biais. Là encore, les estimations ont été pulvérisées. Un lot s'est d'ailleurs vendu à presque six fois la valeur estimée. Il s'agissait de quatre magnums de château-la-mission-haut-brion 1950 dont les niveaux étaient moyennement bas, voire en vidange. Estimé entre 1 200 et 1 500 F, le lot fut adjugé à 8 500 F. Une caisse de douze bouteilles de petrus 1948 aux niveaux moyennement bas et bas, estimée entre 22 000 et 24 000 F s'est vendue 70 000 F. Comme on le voit, l'intérêt des acheteurs pour les valeurs sûres ne se dément pas. (1) http://www.eauctionroom.com