S'appuyant sur une tradition vigneronne, les producteurs du Roussillon ont su séduire les consommateurs avec le muscat de Noël, qui se place en haut de gamme.
Les meilleures idées naissent parfois au sein d'un petit cercle de vignerons, dans un moment convivial. ' A la Saint-André, pour la fête du village, nous nous retrouvons entre nous pour déguster nos bruts de cuve. C'est à cette occasion qu'a germé, en 1997, l'idée de faire partager notre plaisir aux consommateurs, en leur proposant un muscat de l'année, du type de ceux que nous aimons déguster en famille pour les fêtes de Noël ', explique Fernand Baixas, le directeur de la coopérative Les vignobles du Rivesaltais (Pyrénées-Orientales).Montée en quinze jours avec l'aide de la communauté de communes, la première fête du muscat de Noël a rassemblé une quinzaine de vignerons. Les réactions positives des consommateurs les ont encouragés à poursuivre. Dès l'année suivante, l'opération a été étendue à l'ensemble de l'aire d'appellation. L'Inao a accepté d'avancer la date de libération des vins au 1 er décembre. Le Comité interprofessionnel des vins doux naturels a pris en charge la promotion avec l'aide des vignerons, bien décidés à continuer de s'impliquer dans la démarche. En décembre 2000, quarante-cinq caves particulières, vingt et une caves coopératives et deux metteurs en marché proposeront un muscat de Noël. Les bouteilles, identifiées avec une collerette et présentées pour certaines cuvées avec un emballage individuel, rentrent dans la gamme des cadeaux. Les ventes, encore confidentielles, devraient atteindre 350 000 cols. ' Notre objectif premier n'est pas de faire du volume à tout prix, mais de travailler le positionnement en situant clairement ce muscat en haut de gamme, avec une belle qualité, garantie par une charte stricte ', affirme Pierre-Henri de la Fabrègue, producteur à Rivesaltes. ' Les volumes augmenteront si les vignerons s'investissent personnellement au sein d'un plan collectif. Il ne s'agit pas de se reposer sur un budget de promotion, mais de s'impliquer dans l'acte de vente. Le 9 décembre, nous irons à Paris pour faire déguster nos vins chez les cavistes ', explique Véronique Boudau, qui participe à la démarche avec son frère Pierre. Au niveau du Roussillon, la présentation du muscat de Noël commencera le 2 décembre par une fête vigneronne et une journée portes ouvertes dans les caves. Une campagne d'affichage et de radio accompagnera ensuite trois week-ends de dégustation, organisés dans les hypermarchés et les supermarchés du département. Du 2 au 9 décembre, le muscat de Noël sera mis en avant chez vingt-cinq cavistes parisiens, et le 16 décembre, il sera présenté à Barcelone. ' Nous voulons sortir le muscat de l'image 'vin d'apéritif réservé aux femmes' ! En l'associant aux repas de fêtes, nous le proposons à l'ensemble des consommateurs. Le muscat se marie bien à table avec le fromage ou les desserts. Les restaurateurs l'ont compris et ont su faire preuve de créativité en intégrant ce vin à leurs menus de Noël ', souligne Pierre Boudau. En offrant un support pour mettre en avant le produit chez les cavistes et dans les CHR, la démarche a permis de toucher une nouvelle clientèle, qui ne demande qu'à se développer. ' Chaque année, nous élargissons le cercle de nos acheteurs. Et ceux qui connaissent déjà y reviennent en nous demandant un peu plus de bouteilles ', affirme Véronique Boudau.Dans le département, les habitudes d'achat se confortent un peu plus chaque année. Dans les grandes villes françaises, un réseau de cavistes et de restaurateurs convaincus se met en place. A l'exportation, des contacts ont été noués au Japon et en Allemagne. Au niveau des prix, la bouteille se positionne entre 50 et 80 F chez les cavistes, entre 45 F et 50 F dans les GMS. ' Nous agréons les cuvées après la mise en bouteilles pour éviter des ventes en citerne de muscat de Noël qui finirait à prix bradés dans les rayons ', affirme Fernand Baixas. La réussite de cette démarche, qui repose sur le volontariat, tient aussi à la bonne synergie entre tous les opérateurs. ' Nous ne cherchons pas à nous concurrencer, mais à prendre ensemble cette nouvelle niche, avec un objectif commun : tirer la qualité et les prix vers le haut ', ajoute Pierre Boudau.