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Redistribution des cartes autour de six spécialités

La vigne - n°116 - décembre 2000 - page 0

Quelques spécialités peuvent prétendre au remplacement des herbicides absents. Les firmes qui les détiennent ont ajusté leurs préconisations.

Si une société devrait tirer son épingle du jeu, c'est Philagro. A l'issue du rachat de Cyanamid Agro par BASF, le Pledge a rejoint son portefeuille. La firme allemande a expliqué que cet herbicide visait un marché trop restreint au regard de ses ambitions. Elle aurait exigé une forte baisse des prix que Sumitomo, son détenteur, n'était pas prêt à consentir. Au bout du compte, Philagro, filiale de la société japonaise, le distribuera... à un prix abaissé de 20 %. Le coût d'un traitement (1,2 kg/ha) devrait se situer autour de 1 200 F HT alors qu'il s'établissait à 1 480 F. Philagro lance également Donjon, une association de flumioxazine, matière active du Pledge, et de diuron, qui sera vendu autour de 825 F/ha à sa dose d'homologation de 3 l. Ce que l'utilisateur économisera, il le perdra en persistance d'action. Philagro ne le conteste pas, mais soutient que dans la majorité des cas, une application de Donjon devrait suffire à tenir les vignes propres jusqu'aux vendanges. Le nouveau venu faiblira plus vite que Pledge face aux amarantes. En revanche, il devrait être plus performant que lui contre l'espèce qui le handicape le plus : l'érigeron (ou vergerette) du Canada. Les deux herbicides devront être maniés avec précaution. On se souvient que Pledge avait causé des brûlures dès sa première année d'utilisation. La flumioxazine possède une puissante action de contact. Elle grille les jeunes organes de vigne qu'elle touche. Elle les atteint à la suite d'erreurs grossières de manipulation, après de fortes précipitations ou lorsqu'on se sert de cuves mal rincées. Pour éviter ces déboires, Philagro passe des consignes claires. La société déconseille l'utilisation de ses produits dans les vignes établies à moins de 40 cm du sol et recommande de traiter les autres avant le débourrement. Pas question de cautionner des interventions à dose réduite une fois les bourgeons éclos. Par ailleurs, elle rappelle qu'il faut impérativement nettoyer toutes les cuves de préparation à l'aide de l'All Clear Extra, de Du Pont. D'autres sociétés devraient également profiter des circonstances. En août, Sipcam-Phyteurop ajoutait le Péral pro à sa gamme. Cet herbicide existe également sous le nom d'Emir, transféré dans courant de l'année d'Evolya (Novartis) à Compo horticulture et jardin. En 1997, Evolya l'avait introduit comme produit d'automne. Sipcam-Phyteurop a revu son positionnement pour coller aux recommandations des services officiels de laisser le vignoble reverdir en hiver. La firme conseille de l'appliquer en hiver, avant le 15 février, pour éviter tout risque de phytotoxicité à l'égard de la vigne. Il est très actif contre le géranium, le séneçon et l'épilobe. En revanche, l'amarante, le chénopode et la mercuriale lui posent un problème. Comme ces mauvaises herbes lèvent en été, il faut compter un second traitement vers la fin du mois de juin. ' Les vignerons ont le temps de finir de lever et d'accoler avant de revenir désherber ', remarque Louis-Pierre Pradier, de la chambre d'agriculture de Gironde. Un passage en plein (3,5 l) devrait coûter près de 1 300 F/ha. Novartis détient encore deux spécialités, le Surfassol et le Zorial, en plus de diverses associations de triazines et de diuron. La première ne trouvera preneur qu'en Champagne en raison de son coût : plus de 3 500 F/ha. La seconde se classe comme un antigraminée doté du pouvoir de bloquer la levée de plusieurs dicotylédones, dont la mercuriale et l'épilobe. Son coût s'établit autour de 650 F/ha en plein. C'est son principal atout. Cependant, le Zorial est insuffisant vis-à-vis de l'amarante, de la morelle noire et de plusieurs ombellifères. Cela condamne ses utilisateurs à le compléter ou à le réserver à des sols pauvres en ces dicotylédones. Quant à DowAgrosciences, elle ne veut pas perdre toutes les positions qu'elle avait acquises avec ses Surflan, Dirimal et Quintet. Elle essaie de convaincre ses clients de se retourner vers le Cent 7 en leur proposant de l'associer à d'autres herbicides. Ce désherbant offre un spectre trop réduit pour être employé seul. Il n'agit contre aucune graminée et laisse lever quelques dicotylédones, dont l'épilobe et la renouée persicaire. ' Il est compatible avec tous les produits de prélevée et de postlevée du marché et il est très sélectif de la vigne ', assure Jean-Luc Magnol, le chef de marché herbicide de DowAgrosciences. Il aura toutefois beaucoup de mal à convaincre ses interlocuteurs car le Cent 7 a essuyé beaucoup d'échecs. Deux causes ont clairement été identifiées : l'abondance de matières organiques en surface et l'absence de pluies. Pour donner toute son efficacité, il doit être positionné sur un sol humide et avant la chute d'averses. En raison de ses propriétés, il n'est qu'un marché qui lui est acquis d'avance : celui de désherbage des plantiers, car il est le seul produit de prélevée que l'on peut y employer.

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