Avec le désherbage sous le rang, les produits chers peuvent intéresser un public plus large. Revue de détail de leurs propriétés.
Les produits haut de gamme coûtent plus de 150 euros/ha en plein. Mais lorsqu'on ne désherbe plus que le rang, les quantités appliquées sont, le plus souvent, divisées par trois. L'investissement en dés- herbant s'en trouve diminué d'autant. Il se rapproche du coût du désherbage intégral à l'aide de la terbuthylazine et du diuron. Or, plusieurs produits haut de gamme ont un spectre plus large et sont plus persistants. De plus, il est recommandé de les introduire dans les programmes pour alterner les matières actives. Cela mérite qu'on s'intéresse à leurs propriétés.
Le dichlobénil (Surfassol G) est la Rolls de la prélevée (617,4 euros/ha) (1). Il nécessite un matériel spécifique pour épandre les granulés. Il combat les amarantes, renouées ou séneçons, y compris les phénotypes résistants aux triazines, et freine le liseron. Par contre, il sélectionne l'érigéron, la mercuriale et le géranium. Comme le norflurazon, utilisable jusqu'à fin 2003, il est déconseillé sur les sols filtrants.
La flumioxazine (Pledge : 203,04 euros/ha) est efficace sur renouée persicaire, séneçon, géranium, amarante, mercuriale, morelle et chénopode, mais pas sur érigéron. Comme elle peut provoquer des phytotoxicités par éclaboussures en cas de pluies violentes, Philagro la déconseille dans les vignes où les bourgeons sont situés à moins de 40 cm du sol. Même recommandation pour les produits à base d'oxyfluorfène et de propyzamide (Péral pro : 191,56 euros/ha). La pendi- méthaline (Prowl 400 : 124,4 euros/ha), sujette à des risques de phytotoxicité par vapeur, est déconseillée dans certains vignobles. Le flazasulfuron (Katana : 150 euros/ha) est efficace sur renouée, séneçon, géranium, amarante, mercuriale, érigéron, chénopode, tout en ayant un effet frein sur le liseron, mais sélectionne la morelle. Il est déconseillé dans les sols chlorosants, mal préparés (soufflés), gorgés d'eau ou peu profonds. Il est à éviter dans les parcelles peu vigoureuses ou présentant un état végétatif déficient. L'isoxaben (Cent 7 : 268,32 euros/ha), l'oryzalin (Surflan : 225,6 euros/ha) et la napropamide (Dévrinol FL : 189,36 euros/ha) peuvent donner des résultats insuffisants en désherbage unique, mais sont bien adaptés au désherbage des jeunes plantations.
La multiplication des complants peut s'avérer problématique, car de nombreux produits comme Pledge, Katana ou Péral pro demandent une protection soignée avec un manchon en plastique. Les coûts par hectare s'en trouvent augmentés. Autre exercice de style pour le vigneron adoptant le haut de gamme, le positionnement restreint, souvent délicat, sur une courte période : des mois de janvier à mars pour Cent 7 ; avant le gonflement des bourgeons pour Pledge et Emir ; de la mi-janvier et jusqu'à la semaine avant le débourrement pour Surfassol G ; en prédébourrement pour Zorial, Surflan et Katana.
La postlevée a aussi ses hauts de gamme. L'aminotriazole (amitrole) revient un peu à la mode pour contrecarrer les inversions de flore dues au glyphosate. Weedazol TL (62,61 euros/ha) est efficace notamment sur l'érigéron, l'épilobe, les géraniums ou les carottes. Nufarm a amélioré la formulation de l'amitrole en proposant depuis le début de l'année Maxata, un produit sous forme de granulés. D'autres herbicides comme le diquat et le paraquat (Gramoxone plus : 61,26 euros/ha et Réglone 2 : 60,68 euros/ha) permettent de désherber sur le rang tout en épamprant. Réglone 2 détruit de nombreuses dicotylédones comme le chénopode, l'amarante et le séneçon, et Gramoxone Plus est efficace sur les flores mixtes graminées-dicotylédones. Enfin, le glufosinate d'ammonium (Basta F1 : 70,90 euros/ha) est une alternative intéressante, notamment pour son effet sur la prêle et l'épamprage chimique.