Chaque salon est l'occasion de constater l'inépuisable inventivité de l'homme. Elles se concrétisent dans des réalisations qui vous emballent, vous indiffèrent ou vous laissent perplexes. Ces dernières font très bonne figure sur un stand, mais on aimerait les voir à l'oeuvre. C'est le cas du logiciel de gestion des vinifications de RS.com (Castries, Hérault, rs.com@online.fr). Stéphane Sorroche, son concepteur, était venu en faire la démonstration. En quelques instants, il vous plongeait et vous égarait dans l'étendue de ses fonctions. Vous aviez l'impression d'un outil bien pensé, mais trop sophistiqué. Il est conçu autour d'un logiciel central et de cinq logiciels accessoires, bientôt complétés d'un sixième.Parlons d'abord de ces derniers. L'un tient un cahier de chai. Un autre détaille, sous une présentation arborescente calquée sur l'explorateur de Windows, l'historique de vos cuves. En cliquant dans l'icône figurant l'une des cuves, on découvre celles qui sont à son origine, les traitements qu'elles ont subis, les résultats des analyses dont elles ont fait l'objet, les caractéristiques et la provenance des raisins dont on les a remplies. Le troisième logiciel est un utilitaire de vinification. Il calcule l'enrichissement et retrouve, lorsqu'on l'a oubliée, la quantité de sucre que l'on a versée dans une cuve. Le quatrième concerne la macération carbonique. Le dernier fournit un état des volumes en cave. Celui en cours de réalisation s'appellera l'atelier d'assemblage. Vous lui indiquerez la cuvée que vous désirez réaliser (degré, acidité totale, intensité colorante...). Il vous dira comment la composer. Pour obtenir ces synthèses, la saisie d'informations ' démarre à la véraison et finit à la mise en bouteilles ', expliquait Stéphane Sorroche. Cet énorme travail est quelque peu allégé par le logiciel lui-même. Il lit les bulletins d'analyse imprimés sur une disquette ou envoyés par internet. Il classe les résultats relatifs à une cuve dans son dossier. Au bout du compte, l'utilisateur conserve la trace de tous les événements survenus sur une cuve. Stéphane Sorroche affirme qu'il est le seul à offrir une traçabilité par cuve et que ses concurrents ne la fournissent que par lots de vin. Cet oenologue, devenu informaticien, a également conçu une version de son logiciel pour ordinateur de poche de type Palm. Le caviste peut y prendre connaissance du travail à faire ou noter la température et la densité d'un moût. De retour au bureau, il raccorde son appareil de poche à l'unité principale pour lui transmettre les données nouvelles. Le logiciel est vendu 7 500 F HT dans sa version destinée aux caves particulières et 9 500 F HT pour les coopératives. Le PC de poche et son logiciel valent 6 300 F HT. On regrettera qu'un système aussi élaboré ne soit pas capable d'enregistrer seul les relevés effectués par des sondes. Dionysos n'a pas cette faiblesse. Cet assistant à la vinification était exposé, presque discrètement, sur une barrique, dans un coin du stand d'ACP vinicole (Pézenas, Hérault). Il est conçu par une société bourguignonne : Garneret Bernard (Ladoix-Serrigny, Côte-d'Or). Son élément de base est un boîtier de régulation de la température. L'utilisateur indique un maximum et un minimum à ne pas dépasser. L'automate exécute en ouvrant et en fermant des vannes. Il peut également enclencher une alarme en cas de dépassement des consignes ou mettre en route une pompe de remontage, à une fréquence et pendant une durée programmées. Il n'y a pas d'armoire de commande centrale. Chaque cuve est équipée d'un boîtier. Les boîtiers peuvent être reliés, par un câble bus, à un ordinateur auquel ils adressent les relevés de températures et d'où l'on peut changer les consignes. Bientôt, ils pourront lui transmettre les mesures de densité faites par une sonde automatique que Garneret prépare. Le fabricant fournit le logiciel qui autorise ces dialogues. Astucieuse particularité : à l'écran, les cuves sont disposées comme dans le chai. En cliquant sur l'icône qui symbolise une cuve, on accède à sa courbe de températures. On ouvre aussi une fenêtre qui sert de bloc-notes. On y écrit ce que l'on estime important. Le logiciel n'opère aucun traitement des notes.Garneret propose deux boîtiers : l'un aveugle, l'autre pourvu d'une façade qui affiche la température et à partir de laquelle on modifie les consignes. Les modèles aveugles offrent une prise dans laquelle on branche le clavier de commande chaque fois que nécessaire. Ils ont été demandés par des domaines dont le marketing ne s'accommode pas de la présence de diodes dans les chais ! Pour équiper dix cuves de boîtiers aveugles, il faut compter 30 000 F HT. Avec 5 000 F de plus, on acquiert le logiciel et le modem de liaison des boîtiers à un ordinateur de bureau. A l'extérieur des halls, le visiteur découvrait deux bans de contrôle : l'un des pulvérisateurs, l'autre des tracteurs. Le premier a été conçu par la chambre d'agriculture du Gard. ' Nous l'avons réalisé dans l'optique de l'instauration d'un contrôle obligatoire dès 2003 ', signalait Renaud Cavalier. Ce technicien vous recevait sous une tente. Il avait raccordé un pneumatique Calvet à une quantité de tuyaux souples. Chaque tuyau, branché en aval d'une pastille de calibrage, conduit la bouillie au travers d'un débitmètre puis l'achemine dans une éprouvette. Renaud Cavalier obtient ainsi deux mesures du débit à la sortie de chaque orifice. La première, réalisée par les débitmètres, est transmise par radio à un ordinateur embarqué dans un monospace qui la compare à des données théoriques. La seconde, obtenue par la lecture de la hauteur de liquide dans les éprouvettes, révèle les pastilles bouchées ou usées. Au bilan chiffré s'ajoute la visualisation de l'état de dérèglement de votre appareil. Au terme de tous ces contrôles, Renaud Cavalier fournit au vigneron une liste des réparations à faire. Il lui indique aussi le régime moteur à son compte-tours et la pression à son manomètre pour qu'il obtienne son volume par ha, compte tenu du nombre de rangs qu'il traite par passage et de son rapport d'avancement. Il facture son service 600 F HT par pulvérisateur. Charles-Henri Layat facture le sien 278 F HT, au minimum, par tracteur. Il présentait le ban de contrôle de la Cuma Roussillon (Perpignan, Pyrénées-Orientales) qui l'emploie. Là encore, des capteurs de débit, d'effort ou de vitesse de rotation transmettent leurs relevés à un ordinateur qui les compare aux données en mémoire. Après une heure d'examen, on repart avec un bilan complet. On sait s'il faut revoir le calage de la pompe d'injection et si la compression est satisfaisante. On repart avec une courbe de couple, de puissance et de consommation en fonction du régime moteur. Ces informations dressent le bilan de santé d'un tracteur et permettent de mieux l'utiliser. Voilà ce que Dionysud proposait au rayon des nouvelles technologies de contrôle de l'information, des procédés ou des machines. Dans les domaines plus classiques de la protection des vignes ou du conditionnement des vins, quelques exposants s'étaient déplacés avec des nouveautés et réunissaient une offre complète, depuis les tracteurs jusqu'aux étiquettes. Ce salon où il ne manque rien ou presque attire un nombre croissant de visiteurs. Ses organisateurs annoncent qu'ils furent près de 40 000 à parcourir le parc des expositions de Béziers les 7, 8 et 9 novembre, soit 30 % de plus qu'en 1998. Preuve que les difficultés qui frappent le Midi n'entament pas la curiosité de ses vignerons, ni leur désir d'investir.