Les nouveaux tarifs d'inscription au Concours général agricole déplaisent. Les vignerons ont l'impression de payer toujours plus chaque année.
La version 2001 du Concours général agricole, avec de nouveaux tarifs et une organisation précoce, n'est pas au goût de tout le monde. Le mécontentement est venu du Bordelais, du Jura, du Beaujolais, du Sancerrois ou encore de l'Alsace, certaines régions ayant même menacé de boycotter le concours. Mais à la veille du salon de l'agriculture (18 au 25 février à Paris), les choses semblaient à peu près être rentrées dans l'ordre.Désormais, les droits d'inscription au concours sont à deux niveaux. Il faut d'abord payer un droit pour concourir dans une catégorie de produits ' vins ' (tranquilles ou effervescents), ' vins de liqueur ', ' eaux-de-vie '... ; puis, pour chaque catégorie, il faut payer pour chaque échantillon présenté. ' Cette réforme doit permettre à tous les centres de présélection de réaliser les prélèvements, indique Claude Laroche, commissaire général du concours. Certains ne pouvaient pas les faire, faute de moyens. Ce nouveau tarif intègre donc les coûts de prélèvements. Habitués à payer pour ce poste, certains départements, comme le Vaucluse, ne protestent pas. ' Mais là où DDA et syndicats s'entendent depuis longtemps pour organiser les prélèvements et la présélection avec leurs propres moyens, la facture passe mal ! ' Certaines coopératives présentent de nombreux échantillons, poursuit Claude Laroche. Avec un tarif fixe par échantillon, comme c'était le cas auparavant, il n'y avait aucune économie d'échelle alors que, dans leur cas, le préleveur ne se déplace qu'une fois. ' Dans une lettre appelant au boycott, adressée en octobre à tous les vignerons de sa région, Jean-Marie Courbet, président de la Société de viticulture du Jura, dénonçait cette nouvelle formule : ' Les tarifs sont conçus de telle manière qu'ils incitent les participants à inscrire plus de huit échantillons au concours pour bénéficier des tarifs en baisse. ' Beaucoup craignent également que le surcoût soit trop lourd pour les petits producteurs ne présentant que peu d'échantillons. Pour éviter cet écueil, Claude Laroche explique qu'un tarif spécial leur est consenti. Mais comment définir un petit producteur ? Pour Comexpo, organisateur du concours, c'est un producteur dont le chiffre d'affaires est inférieur à 3 millions de francs. Mais pour bénéficier du tarif réduit (frais de dossier pour la catégorie ' vin ' de 270 F HT au lieu de 660 F HT, les frais par échantillon restant inchangés), il fallait fournir la photocopie du compte de résultats, ce qui, là encore, a fait grincer beaucoup de dents. Finalement, une attestation du comptable suffit. Les Alsaciens ont obtenu, quant à eux, de prendre comme limite une superficie viticole de 15 ha en dessous de laquelle la réduction s'applique. Mais malgré tout, l'augmentation reste importante pour celui qui ne présente que peu de vins. En 2000, pour un échantillon présenté, le coût était de 250 F HT ; il est aujourd'hui de 270 F HT pour un dossier dans la catégorie ' vins ', auxquels s'ajoutent 210 F HT par échantillon, soit 480 F HT pour un seul vin présenté ! Pour deux échantillons, on passe de 500 F HT à 690 F HT (270 F + 210 F + 210 F). Pour trois échantillons, il fallait débourser 750 F HT l'an dernier, 900 F HT aujourd'hui... Pour alléger la note, certains centres de présélection ont fait une ristourne aux vignerons en ne gardant pour eux qu'une partie de la somme allouée par Comexpo pour organiser les prélèvements. C'est le cas du Beaujolais et du Centre. Néanmoins, cette nouvelle tarification pourrait jouer sur le nombre d'inscriptions.Les dates précoces du salon de l'agriculture posaient aussi des problèmes. ' Le Concours général agricole est toujours trop tôt pour les vins du dernier millésime, explique Michel Dando, à la Fédération des grands vins de Bordeaux. Cette année, la date encore plus précoce a tout fait exploser ! Nous avons demandé et obtenu que le concours soit dissocié en deux, avec une session à l'ouverture du salon et une autre le 31 mars. ' D'autres régions, comme le Muscadet et le Centre, ont opté pour cette deuxième date. Au total, 800 à 900 échantillons, sur les 11 000 habituellement inscrits, devraient concourir en mars. Mais Claude Laroche espère bien qu'en 2001, avec un salon à nouveau organisé fin février, tout rentrera dans l'ordre. Il avoue également qu'il faudra réétudier le cas des vignerons présentant à la fois des vins et des vins de liqueur. Ceux-ci paient aujourd'hui deux droits d'inscription, un dans chaque catégorie, sans compter les frais pour chaque échantillon présenté. En attendant, les macvins du Jura, qui concourent dans la catégorie ' vins de liqueur ', seront absents des tables de dégustation cette année, pour cause de boycott.