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DOSSIER - Concours : la nouvelle donne

Les concours historiques résistent et innovent

La vigne - n°279 - octobre 2015 - page 24

Les épreuves historiques conservent leur attrait auprès des producteurs. Ils innovent pour renouveler la confiance du public et s'organisent face à l'administration.
LE CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS  est celui dont la notoriété est la plus forte. © F. FOUCHA/CGA

LE CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS est celui dont la notoriété est la plus forte. © F. FOUCHA/CGA

Même pas peur ! Face aux nouveaux concurrents, les organisateurs des concours historiques se veulent de marbre. À commencer par le Concours général agricole de Paris (CGA). « L'intérêt des producteurs et du public pour notre concours ne faiblit pas, soutient Benoît Tarche, le commissaire général de l'épreuve. En 2015, 16 338 échantillons de vin nous ont été adressés, soit une hausse de 4 % par rapport à l'année précédente. C'est notre rythme annuel moyen de progression. »

Benoît Tarche ne manque pas de rappeler que « le CGA est le seul concours co-organisé par le ministère de l'Agriculture. Les services de l'État sont mobilisés dans les régions pour son bon déroulement. Ils participent au contrôle du prélèvement des lots et à la présélection des échantillons ».

Une étude sur la notoriété des labels, des médailles et des produits régionaux a été réalisée par Opinion Way à la demande du CGA. Elle montre que le CGA est cité spontanément par les consommateurs, juste derrière le label AB. Une personne sondée sur deux déclare avoir acheté un vin médaillé au CGA. « Nous conservons notre leadership », se félicite Benoît Tarche.

10 000 échantillons à Mâcon

« Nous recevons un peu plus de 10 000 échantillons chaque année », annonce, de son côté, Bernard Delaye, président du Concours des grands vins de France de Mâcon. Un chiffre stable depuis une dizaine d'années. Même affluence du côté du Challenge international du vin : 4 500 échantillons sont reçus, en moyenne.

Quant à Thomas Costenable, le directeur du Concours mondial de Bruxelles, il s'enthousiasme : « Nous avons bloqué la participation à 9 000 échantillons pour des questions d'organisation. Nous refusons du monde tous les ans !Toutefois, la concurrence nous tient en éveil. Nous nous améliorons sans cesse pour garder une longueur d'avance sur les autres. »

Les primés suivis et contrôlés

La moitié du tarif d'inscription, 150 € HT par échantillon, est ainsi réinvestie dans le contrôle aval de la qualité des vins primés. « Nous procédons à des achats inopinés dans les circuits de distribution et nous réalisons des analyses comparatives avec les vins dégustés lors des épreuves. » En cas de non-conformité, le concours dépose une plainte contre le contrevenant et lui ferme sa porte pendant cinq ans.

De son côté, le CGA met l'accent sur la formation de ses jurés qui entrent dans la catégorie des « consommateurs ». Comme dans la plupart des concours, ses jurys se composent en effet de professionnels et d'amateurs de vin. « Nous en formons à la dégustation 350 par an, souligne Benoît Tarche. Notre objectif est d'en former rapidement le double. » De plus, en 2016, un modérateur sera désigné au sein de chaque jury. « Il donnera la parole à tous les jurés présents à la table de dégustation, précise Benoît Tarche. Ceci permettra de mieux suivre le délibéré et de démontrer l'indépendance des juges. »

Le Concours des grands vins de France de Mâcon réagit également. Depuis deux ans, il a renforcé sa communication en se faisant épauler par une agence de relations publiques. Il diffuse de la publicité dans la presse syndicale viticole pour inciter les vignerons à lui envoyer des échantillons.

Quant au Challenge international du vin, il présente ses lauréats à Vinexpo Bordeaux et à Hong-Kong (Chine). « La promotion des médaillés fait aussi partie de nos missions », souligne Hervé Romat, son président.

Une association veille au grain

« Nous allons mettre en place des actions de communication auprès du grand public », annonce Michel Bernard, le président de l'Association des grands concours vinicoles français, créée en 2013.

L'idée ? Défendre les spécificités des concours historiques face aux nouveaux venus. « Aujourd'hui, tout le monde distribue des macarons et pas seulement les concours, il y a aussi des guides, des revues..., s'agace le président. Trop de médailles tue les médailles ! »

L'association se pose aussi en « interlocuteur des pouvoirs publics ». Cette année, elle a rencontré les responsables de la DGCCRF. Des dispositions de l'arrêté du 13 février 2013, qui réglemente les concours en France, ne lui conviennent pas. Comme, par exemple, l'obligation de demander à chaque participant sa déclaration de revendication en AOC. Ingérable pour les négociants qui présentent des cuvées d'assemblage de plusieurs domaines. De même que l'obligation faite aux membres des jurys de mentionner leurs liens, directs ou indirects, avec les producteurs des vins présentés au concours. Ingérable également. L'association espère bien obtenir des assouplissements sur ces sujets. Elle regroupe les concours des grands vins de France de Mâcon, des vins d'Alsace de Colmar, d'Orange, de Bordeaux-vins d'Aquitaine, des vins de Loire, de Provence et du Tastevinage.

Cet article fait partie du dossier Concours : la nouvelle donne

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