Plus de 7 Mhl seront distillés en Espagne, au titre de l'article 29. Dans trois autres pays, dont la France, c'est même la distillation de crise qui a été ouverte.
La nouvelle OCM (organisation commune de marché) est à peine entrée en application que déjà ses mécanismes d'intervention sur les marchés sont soumis à rude épreuve. Via les articles 29 (distillation pour approvisionner le segment des alcools de bouche) et 30 (distillation de crise) du nouveau texte (règlement n° 1493-1999 du 17 mai 1999), quelque 14 millions d'hectolitres (Mhl) de vin seront distillés durant cette campagne. C'est à travers le bilan des récoltes et l'état des stocks que se trouvent les explications. D'après Bruxelles, en décembre, la récolte 2000 des Etats membres est estimée à 177 Mhl. Un total important mais la récolte 1999 l'était encore plus : 184,7 Mhl.' Une forte hausse des stocks est donc constatée (14,2 Mhl), ce qui pèse lourdement sur la première campagne de la nouvelle OCM ', explique-t-on à la Commission. Du coup, les 12 Mhl ouverts le 1 er septembre au titre de la distillation (article 29) et rémunérés 16,32 F/°hl (2,48 euros) ont trouvé preneur, surtout en Espagne (environ 7 Mhl) et en Italie. A ce prix, peu d'opérateurs français étaient intéressés, d'où les manifestations de cet été et de décembre dans le Midi pour obtenir de meilleurs prix. Ce bras de fer a payé : le ministère de l'Agriculture et le Conseil des ministres européens ont donné leur accord pour ouvrir la distillation de crise prévue à l'article 30, payée à 3,7 euros/°hl (24,30 F), pour une quantité maximale de 800 000 hl de vins de table français. Au total, en combinant les deux articles, la France peut distiller 1 Mhl à 24,30 F. Le complément de prix, payé par Paris, représente entre 80 et 117 MF. Une somme qu'il faut, a priori, ajouter aux 80 MF déjà dégagés par la capitale cet été, et officiellement affectés à la promotion des vins de pays à l'étranger. La distillation de crise est aussi ouverte pour l'Allemagne et l'Italie, mais également pour des vins d'appellation. Depuis le début de la campagne, le Land de Rhénanie-Palatinat s'est ainsi débarrassé de 310 000 hl de vins de table, au titre de l'article 29 (avec un complément d'aide nationale). Mais cela n'a pas suffi et le gouvernement a demandé et obtenu une distillation de crise. Cinq régions viticoles pourront détruire un maximum de 1 Mhl de vins blancs de table et de qualité (VQPRD). Toutes se trouvent en Rhénanie-Palatinat, qui héberge les deux tiers du vignoble allemand et produit en moyenne 6,8 Mhl par an. Le prix minimal qui leur est offert est de 13,80 F/°hl. C'est peu au regard des cours qui s'établissent entre 2,00 et 2,70 F/l pour des VQPRD de sylvaner ou müller-thurgau.Pour les distillateurs, l'opération serait même négative. Ils ont fait savoir qu'ils n'y avaient aucun intérêt. De ce fait, elle pourrait ne pas atteindre son objectif de vider les caves. Depuis l'abondante récolte 1999, les vignerons croulent sous les stocks. Leurs blancs perdent du terrain sur leur marché domestique qui se tourne vers les rouges. Les prix s'écroulent. Ils sont inférieurs de moitié au niveau de 1997. En Italie, la distillation de crise est ouverte pour une quantité maximale de 120 000 hl pour les appellations Moscato d'Asti et Asti, en crise. Là aussi, à l'aide communautaire (12,50 F/°hl), une aide complémentaire nationale est prévue : 81,20 F/°hl ! Le coût global de la dépense dépasse les 100 MF. Toutes ces aides, accordées ' à titre dérogatoire pour redresser des marchés déséquilibrés ', sont estimées par Bruxelles compatibles avec le marché commun.