Sur le front de l'armagnac, l'année 2000 est à marquer de plusieurs pierres blanches. Pour la première fois depuis dix ans, les ventes cessent de diminuer. Sur la campagne 1999-2000, 16 793 hl d'alcool pur (AP) ont été mis en marché, contre 15 000 hl AP sur la campagne précédente. On est encore loin des 27 000 hl AP commercialisés en 1990, mais cette reprise marque un renversement de tendance après dix années de baisse.2000 est aussi l'année de la concrétisation. En effet, après deux ans de mise au point, le plan de relance de l'armagnac a finalement vu le jour officiellement le 10 novembre 2000 à Eauze (Gers) en présence de Jean Glavany, ministre de l'Agriculture et de la Pêche. Il poursuit un double objectif : améliorer l'offre et relancer la demande. Pour améliorer l'offre, un véritable travail de fond s'est engagé. Les représentants du négoce et de la production ont mis au point une charte de production. L'un des principaux points concerne la déclaration d'intention de production de vin de distillation que le producteur devra adresser à l'Inao au printemps. Il faudra indiquer le nombre d'hectolitres d'alcool pur prévu et identifier les parcelles concernées. Ensuite, sur la déclaration de récolte, les vins destinés à la distillation seront mentionnés à part et ne pourront plus revenir en vin de table. ' Ce système est destiné à éviter les phénomènes de Yo-Yo entre vin de table et vin de distillation. En effet, ce type de report n'est qualitatif ni pour les uns, ni pour les autres, car les exigences qualitatives pour produire un vin de bouche et un vin de distillation sont très différentes ', constate un producteur. La charte reprend les conditions de production, de la vigne à l'élevage. Ces points devraient être pris en compte dans le prochain décret de l'armagnac. Le cas de la blanche d'Armagnac (eau-de-vie jeune non vieillie en fûts) qui n'a toujours pas droit à l'AOC sera étudié, de même que la mise en place des agréments. Le nouveau décret pour l'armagnac n'est pas attendu avant 2002. Le plan de relance prévoit aussi de soutenir les programmes de prospection et de mise en marché à l'export, ainsi que la promotion collective. Une nouvelle campagne de presse et d'affichage a d'ailleurs été lancée par l'interprofession. ' L'objectif est de faire parler de l'armagnac, mais surtout de donner envie de le consommer. En effet, tout le monde a une bouteille d'armagnac à la maison, mais encore faut-il en boire ! Nous voulions aussi rompre avec l'image du papy à béret et des caves poussiéreuses, précise Sébastien Lacroix, directeur du BNIA. Nous avons donc communiqué sur l'aspect traditionnel et artisanal du produit en l'opposant au fast-food et aux fuseaux horaires... ' Les collectivités (départements, région et Etat) financent le plan de relance de l'armagnac à hauteur d'environ 10 millions de francs par an sur trois ans. En échange, elles ont exigé un engagement fort des professionnels. Pour bénéficier d'aides, ils devront respecter la charte de production. L'engagement est aussi financier car les cotisations interprofessionnelles sont passées de 250 à 350 F/hl AP pour l'armagnac de consommation et de 2 à 5 F/hl pour le vin de distillation depuis le 1 er octobre 2000. Les montants perçus en plus seront utilisés pour la promotion collective. Un comité de pilotage regroupant des représentants des collectivités, des administrations et des professionnels examinera tous les dossiers de demandes d'aides. Ce comité pourra contrôler et évaluer les actions réalisées. Un observatoire économique de l'armagnac a également été mis en place. Son rôle est d'analyser de façon régulière l'évolution des prix et des marchés, la santé financière des entreprises... A l'occasion, l'observatoire pourra être sollicité par le comité de pilotage pour donner son avis sur un projet. De leur côté, les vins de pays côtes de Gascogne affichent toujours de bons résultats. Ainsi, sur le millésime 1999, 564 000 hl ont été agréés (contre 508 000 hl pour 1998). La campagne 1999-2000 s'est bien déroulée au début, mais un certain tassement a été enregistré en fin de saison. Les prix moyens sont cependant restés stables, avec 400 F/hl sur les blancs et 435 F/hl sur les rouges. Une performance si l'on considère la forte baisse enregistrée sur les VDP dans d'autres régions. ' Des vins de cépage de chardonnay ou de sauvignon, il s'en fait partout dans le monde. Du côtes-de-gascogne, nous sommes les seuls à en produire. La situation actuelle prouve que nous avons bien fait de persister sur la voie des cépages locaux et des vins d'assemblage. Cependant, ce discours n'était pas facile à tenir il y a encore deux ans lorsque le chardonnay se vendait deux fois le prix du côtes-de-gascogne ', se souvient Alain Desprats, directeur du syndicat des VDP côtes de Gascogne. Sur le millésime 2000, qualitativement satisfaisant, les transactions n'ont pas véritablement commencé. On ne peut pas encore prédire ce que sera la campagne 2000-2001.En terme de communication, le syndicat a investi 600 000 F en 2000 pour une campagne d'affichage sur la zone gasconne et la fourniture de sets de table au CHR. Pour 2001, le budget devrait atteindre 900 000 F et la zone de diffusion s'étendre jusqu'au littoral atlantique. L'équipe du syndicat devrait aussi accueillir une nouvelle recrue chargée de coordonner les actions de communication et d'en assurer le suivi. Le floc-de-gascogne fête ses dix ans d'AOC avec un bilan positif. En terme de production, 9 655 hl ont été élaborés avec la récolte 2000, contre 8 894 hl l'année précédente. Pour ce qui est de la commercialisation, une hausse de 13 % a été enregistrée en vente directe et en grande distribution sur la période estivale. D'autre part, la bouteille Elégance, lancée en septembre 1999 par la Maison du floc, a rencontré un grand succès auprès des professionnels (700 000 exemplaires en un an). Un record quand on sait que le marché annuel se situe à un peu plus de 1,1 million de cols. De nouveaux outils d'aide à la vente sont aussi proposés aux producteurs : un coffret cadeau pour une bouteille de floc et un bocal de foie gras, et un box de 80 bouteilles afin de positionner le produit en tête de gondole dans les linéaires de grande distribution. Pour la promotion 2001, le floc-de-gascogne va se marier avec le chocolat. Les producteurs et les distributeurs pourront proposer à leurs clients des chocolats au floc rosé ou blanc dès Pâques 2001. Un chocolatier gascon met actuellement la dernière main à ces friandises.