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Gascogne, les vins de pays gagnent du terrain

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

L'armagnac reste, bien sûr, un produit à forte image, mais ce n'est plus lui qui nous fait vivre, constate un vigneron du Gers, département principalement concerné, même si l'aire d'appellation de l'armagnac déborde également sur les Landes et sur le Lot-et-Garonne. Les producteurs gascons ont compris depuis longtemps que seule la diversification leur permettrait de continuer à vivre de leurs vignes. La plupart produisent toujours un peu d'armagnac et du vin de table, mais font aussi du floc et des vins de pays.
Sur les 20 000 ha de vignes du Gers, la moitié est aujourd'hui utilisée pour des vins de pays côtes de Gascogne. Pour la récolte 1998, 508 000 hl ont ainsi été agréés, dont 90% de blanc, 9% de rouge, 1% de rosé, et on espère atteindre 550 000 hl pour la campagne en cours. En huit ans, la production et les volumes agréés ont doublé. Les VDP côtes de Gascogne, qui fêtaient leur vingtième anniversaire en 1999, représentent donc une véritable alternative économique pour les professionnels. Cependant, au prix actuel du vrac de 360 à 400 F/hl, les producteurs n'arrivent pas à dégager un bénéfice suffisant pour continuer à investir régulièrement dans leur vignoble. Il faudrait pour cela arriver à 450 F/hl. Cet objectif pourrait être atteint en améliorant encore la qualité des vins. Un programme d'étude sur les arômes et les précurseurs d'arômes du colombard a été lancé en 1999 pour cinq ans. L'objectif est d'étudier les expressions aromatiques du cépage selon les terroirs, les interventions sur le feuillage, la vigueur...
Pour une exploitation de taille moyenne, la seule façon de mieux gagner sa vie avec les VDP est de valoriser une partie de la production en bouteilles. Malgré tout, 75% des volumes produits quittent le département en vrac, en direction notamment du négoce bordelais qui se charge de conditionner et de commercialiser les vins. On sait aussi que les trois quarts des volumes agréés sont vendus à l'export, essentiellement en Grande-Bretagne, mais aussi en Belgique, en Hollande, en Allemagne...
En mai 1999, le syndicat a réalisé des prélèvements de côtes-de-gascogne et d'autres vins concurrents situés sur le même créneau de prix dans les différents circuits de distribution londoniens. La dégustation à l'aveugle a montré que les VDP côtes de Gascogne se plaçaient bien en terme de qualité. En revanche, des efforts restent à faire pour la mise en valeur des produits.
Les professionnels se sont aussi rendus compte que leurs vins étaient plus connus à Londres qu'à Auch. Ils ont donc souhaité améliorer la notoriété des côtes de Gascogne dans leur zone de production, le Gers. Pour cela, une campagne de communication a été menée pendant l'été par le biais d'affiches et d'objets publicitaires comme des verres, des sets de table ou des rafraîchisseurs mis à la disposition des cavistes, restaurateurs ou cafetiers... L'opération devrait être renouvelée lors de l'été 2000, en élargissant la communication à la région.

En comparaison des VDP côtes de Gascogne, le floc ne représente, en volume, qu'un petit débouché pour les producteurs gascons. En 1999, 9 000 hl de floc de Gascogne ont été élaborés. Pour autant, ce produit n'est pas anecdotique pour la région. Il constitue, par exemple, le premier débouché pour l'armagnac et les producteurs affichent de fortes ambitions. Ces dernières années, 1 million (M) de bouteilles se vendaient chaque année. En 1999, on a atteint 1,1 M de cols et les professionnels souhaitent passer les 2 M d'ici à 2002. Pour cela, ils veulent faire évoluer le produit et augmenter les débouchés. Concernant la qualité, des travaux de recherche sont en cours pour obtenir un produit le plus fruité et aromatique possible. Cela passe notamment par un contrôle strict de la qualité du jus de raisin, mais aussi du vin de distillation utilisé pour produire l'armagnac. On a ainsi constaté qu'un armagnac issu d'un vin oxydé pouvait poser des problèmes qualitatifs lors de son utilisation dans le floc.
Une réflexion devrait aussi être menée à partir de cette année pour, éventuellement, élargir la gamme des flocs avec un produit plus haut de gamme. Par ailleurs, des stages sont proposés aux professionnels, notamment pour les aider à mener une vente vers des particuliers ou une négociation avec des acheteurs de la grande distribution. Enfin, toujours dans l'optique d'élargir les débouchés, une nouvelle campagne de communication vient d'être lancée en France (voir notre prochain numéro) et des actions se poursuivent en Belgique, premier marché à l'export du floc.
L'armagnac, quant à lui, continue de peaufiner son plan de relance. On en retrouve les grandes lignes dans notre bilan de janvier 1999. Le syndicat des producteurs met par ailleurs en place une charte de production établissant des critères d'élaboration plus stricts pour l'armagnac. Le principe de dégustation d'agrément obligatoire, conçu en 1997 pour les produits exportés, a été généralisé à toutes les destinations en 1998 et 1999 à partir d'un certain volume commercialisé. Dès cette année, tous les armagnacs commercialisés seront concernés sans considération de volume. Concernant la gestion des surstocks enfin, des propositions concrètes sont attendues pour la fin du mois de janvier.

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