Grâce à un produit adapté à la demande internationale, les vins de pays des Côtes de Gascogne ont augmenté les ventes et les prix.
Les vins de pays des Côtes de Gascogne blancs, les plus importants de la région, se portent bien. Seul souci : l'an dernier, les labellisations ont été trop importantes. La production agréée est passée de 546 000 à 760 000 hl entre les campagnes 2003-2004 et 2004-2005. C'est une réaction à la faible récolte 2004 : il avait alors manqué 100 000 à 150 000 hl.
Mais les stocks ont augmenté. Au 31 juillet, il restait 36 % du volume agréé au cours de la campagne, alors que l'équilibre se situe à 32 %. Ces stocks ont retardé les achats du nouveau millésime. Alors qu'habituellement, ils commencent dès novembre, il a fallu attendre début 2006 pour qu'ils portent sur le 2005.
' Ce n'est pas grave, à condition que nous corrigions le tir. Si le vin de pays des Côtes de Gascogne est en adéquation avec son marché, il n'y a aucune raison de voir apparaître une crise . ' André Dubosc, directeur du groupement Producteurs Plaimont, donne le ton : en Gascogne, on se préoccupe avant tout du marché. Cette année, on ne devrait donc pas voir les volumes agréés augmenter fortement. Le syndicat estime que l'équilibre se situe à 750 000 hl.
Cela devrait satisfaire le groupe coopératif Caves et vignobles du Gers (CVG), qui vend entre 300 000 à 350 000 hl de côtes-de-gascogne blancs, en totalité en vrac. Pour le groupement Producteurs Plaimont, les chiffres sont également favorables. Il a commercialisé 220 000 hl en 2004-2005, dont 130 000 en bouteilles, soit + 7 % du volume de ses ventes, pour un chiffre d'affaires qui grimpe de 8 %. Et ces bons résultats ne sont pas conjoncturels : en cinq ans, la production agréée de VDP des Côtes de Gascogne blancs a progressé de 430 000 à 760 000 hl, le prix du vrac de 61 à 68 euros/hl, un prix qui se maintient en ce début de campagne.
Pour Josette Tarrit, directrice commerciale de CVG, ce succès n'a qu'une cause : le produit, exporté à 70 %, est adapté à la demande internationale. ' Il a un style ', dit-elle, évoquant un vin ' aromatique, fruité, frais et facile à boire '. L'homogénéité et la régularité sont ses autres qualités déterminantes. ' Et si la qualité reste stable, il n'y a aucune raison que le prix diminue. Imaginons qu'on le réduise : le consommateur aurait l'impression d'avoir payé trop cher ses achats antérieurs ', ajoute André Dubosc. Le syndicat ne le contredira pas. ' Notre objectif est de maintenir les prix, quitte à mettre moins de marchandise sur le marché ', ajoute son président, Jean-Pierre Drieux.
Les principaux metteurs en marché, deux unions de coopératives (CVG et Plaimont) et le Domaine du Tariquet, commercialisent plus de 80 % de la production. Ils affichent une cohérence sur la définition de ce vin. ' Nous vendons en vrac, mais nos clients exportent en bouteilles sous le nom de Gascogne : ils ont besoin de régularité et de continuité du style ', dit Josette Tarrit. Pour cela, le syndicat a travaillé sur les critères de la dégustation d'agrément et financé la formation des juges. ' Cependant, nous ne sommes pas dans une bulle étanche. Nous ressentons la morosité du marché ', avertit Jean-Pierre Drieux.
Confronté à la concurrence internationale et à l'évolution de la consommation en France, le syndicat a élaboré un plan stratégique à dix ans. L'objectif est de parvenir à vendre 1 million d'hectolitres en 2010. En France, il est de devenir un ' vin blanc de qualité leader '.
Une étude de marketing est en cours pour comprendre le comportement des consommateurs de vins blancs. ' Cette consommation est assez différente de celle des rouges. Les critères déterminants dépassent les critères classiques de la catégorie socio-professionnelle, de l'âge et du sexe ', estime Virginie Quintard, du syndicat.
Le positionnement du côtes-de-gascogne est celui d'un vin plaisir, festif et convivial. Cela se traduit dans les visuels des campagnes publicitaires, surtout diffusés dans Sud-Ouest où la notoriété progresse. Cela se traduit aussi par des manifestations festives en Gascogne et à l'exportation, où le côtes-de-gascogne s'associe avec le floc-de-gascogne et l'armagnac. Au total, le syndicat dispose d'un budget de communication ' modeste ' de 300 000 euros par an.
Mais l'entente sur la définition des produits et les axes de communication n'empêche pas les débats. Plaimont défend les vins d'assemblage. ' Je préfère mettre le mot Gascogne en avant plutôt que le cépage, car il distingue mieux le produit et permettra de le valoriser ', affirme André Dubosc. Chez CVG, Josette Tarrit estime que la filière aurait tort de se priver du seul créneau qui se développe pour les vins français à l'exportation : ' Les cépages et bicépages n'ont pas pris de parts de marché aux vins d'assemblage. Ils sont complémentaires. A partir du moment où l'on n'accepte pas ce que veut le marché, on a perdu. Le marché sera toujours plus fort que nous . '