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VENDRE - Observatoire des marchés

Le côtes-de-gascogne riposte aux vins sans IG

Florence Jacquemoud - La vigne - n°244 - juillet 2012 - page 56

L'IGP Côtes de Gascogne doit faire face à la concurrence de plus en plus forte des vins blancs sans IG. Les ventes de vrac diminuent fortement, mais les bouteilles résistent. Le syndicat organise la riposte.
Bousculées par les sans IG, les ventes IGP en vrac reculent

Bousculées par les sans IG, les ventes IGP en vrac reculent

«Les vins blancs ont bénéficié d'une conjoncture particulièrement favorable durant la dernière campagne, expliquait Alain Desprats, directeur du Syndicat des producteurs des vins de pays côtes de Gascogne, lors de la dernière assemblée générale, le 14 juin. Pourtant, le marché du vrac de l'IGP Gascogne est très tendu depuis deux ans. La concurrence des vins sans IG se fait de plus en plus forte. »

À fin mai, 141 000 hl d'IGP Côtes de Gascogne blanc avaient été contractualisés en vrac, contre 162 000 hl en 2010-2011. « Il nous manque encore deux mois de commercialisation. Nous devrions donc clôturer la campagne actuelle sur des volumes contractualisés d'un niveau au moins équivalent à l'année dernière », estime Alain Desprats. Mais c'est surtout par rapport aux 213 000 hl de 2009-2010 que la campagne actuelle est en retrait.

« Une baisse en 2011 qui s'est confirmée en 2012 »

À l'opposé, les volumes de vins sans IG (VSIG) blanc s'envolent. Plus de 525 000 hl de la récolte 2011 avaient été contractualisés à la fin du mois d'avril 2012, contre 339 221 hl sur toute la récolte 2010. Grands chais de France, qui était un gros metteur en marché d'IGP, reconnaît être « davantage sur les vins sans IG » pour sa marque J.P. Chenet.

Xavier Papelorey, courtier à Larressingle (Gers), n'est pas aussi optimiste qu'Alain Desprats. Contrairement à lui, il pense que les ventes en vrac d'IGP Côtes de Gascogne ne devraient pas beaucoup évoluer d'ici fin juillet. « L'IGP se vend plutôt du début de la campagne jusqu'à décembre, indique-t-il. Depuis février, nous n'avons vendu que quelques citernes. Nos ventes d'IGP ont beaucoup baissé en 2011 et cela s'est confirmé en 2012. Nos acheteurs nous demandent surtout des vins sans IG. Seuls ceux qui embouteillent eux-mêmes achètent de l'IGP. » Durant ces trois campagnes, le prix de l'IGP a toutefois été stable, autour d'une moyenne de 71 €/hl, bien supérieure aux 53,80 €/hl des vins sans IG.

« Les volumes vrac ont baissé d'environ 100 000 hl ces trois dernières années parce que certaines marques de négociants sont passées en vin sans IG, analyse Alain Desprats. Mais également parce que le volume d'IGP Côtes de Gascogne conditionné localement progresse fortement chez les conditionneurs tels que Plaimont, Uby, Pellehaut, Tariquet, Joy ou Saint-Lannes. »

Ce que confirme Plaimont, qui commercialise près de 300 000 hl de côtes-de-gascogne en bouteille, dont 90 % de blanc. « Le côtes-de-gascogne se maintient bien en grandes surfaces (GMS) comme dans la restauration (CHR) et nous avons de bonnes perspectives à l'export, confie Jean Aymes, responsable marketing. Nos marques Florenbelle et Colombelle, sous lesquelles nous commercialisons l'IGP, une en grandes surfaces, l'autre en restauration, font partie des marques fortes de notre groupe. Et certains de nos clients nous demandent de leur créer des marques dédiées de côtes-de-gascogne. »

Une charte pour relancer l'IGP

Au printemps, Plaimont a lancé un côtes-de-gascogne Florenbelle bio. 13 000 bouteilles sont distribuées dans les Franprix de Paris. L'entreprise vise 20 000 bouteilles par an et par couleur (blanc et rouge). En attendant, elle a programmé de nombreuses animations visant à mettre en avant l'IGP pour la sortie du primeur, fin octobre : création d'une bouteille événementielle habillée d'un manchon thermorétractable pour les CHR, participation à des opérations alliant musique et vins à Auch (Gers) et à Paris…

« Le côtes-de-gascogne est un produit au profil fruité très particulier, reconnu et attendu par nos clients, reprend Jean Aymes. La conduite de la vigne, très rigoureuse, nous permet d'obtenir une qualité qui nous permet de rester sereins face aux vins sans IG. » Malgré tout, le syndicat et la section interprofessionnelle des côtes de Gascogne ont décidé de réagir à la chute des volumes vendus en vrac et à la progression des VSIG. Depuis le mois de juin, ils invitent les vignerons en IGP à signer une charte dans laquelle ils s'engagent à ne pas dépasser 110 hl/ha en rouge, rosé, sauvignon et chardonnay, les cépages blancs traditionnels (colombard, ugni, mansengs…) restants positionnés au rendement actuel de 130 hl/ha (120 plus 10). Les producteurs doivent aussi respecter un rendement moyen d'exploitation de 130 hl/ha maximum en blanc ou, s'ils dépassent ce rendement, différencier les parcelles affectées aux vins sans IG de celles affectées à l'IGP.

« Une notoriété bien installée »

« Il s'agit d'une démarche volontaire et responsable qui reçoit un accueil très favorable de la part des viticulteurs, témoigne Bernard Bonnet, président de la section interprofessionnelle. Nous espérons créer une nouvelle dynamique pour réaffirmer le positionnement de notre vignoble sur des produits qualitatifs. »

« C'est une initiative que nous approuvons complètement, souligne Xavier Papelorey. Si nous en venions, un jour, à commercialiser toute la production du Gers en vin de France, nous passerions totalement inaperçus. Les rendements augmenteraient, les prix baisseraient et nous nous acheminerions vers un anonymat complet. »

De son côté, Franck Clavier, membre du comité directeur de CVG (Caves et vignobles du Gers), filiale d'un groupe coopératif spécialisée dans le vrac, estime qu'il faut jouer sur les deux tableaux.

« L'IGP Côtes de Gascogne possède une notoriété bien installée. Nos clients en ont besoin pour se différencier, constate-t-il. Mais nous pensons qu'il y a de la place pour d'autres vins marketés, qui mettent en avant le millésime ou le cépage. Nous proposons des vins pour réaliser de tels produits. Pour cela, CVG met en place des itinéraires particuliers pour produire du raisin de qualité avec des critères qualitatifs autres que le rendement. »

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