Corse, un programme de connaissance des terroirs

En 2000, le Civam corse a lancé un vaste programme de caractérisation et de valorisation des terroirs prévu sur dix ans. ' Avec la restructuration, les cépages traditionnels ont regagné du terrain en Corse, explique-t-on au Civam. Il faut donc affiner les connaissances afin de mieux connaître l'expression des différents cépages selon les terroirs. Cela permettra d'aider les producteurs à faire la meilleure association cépage-terroir selon le type de vin qu'ils souhaitent produire. ' Toujours dans cet objectif d'amélioration qualitative, les travaux sur la connaissance des clones se poursuivent, de même que des essais de macération préfermentaire à froid.Le millésime 2000 présente une grande hétérogénéité car les conditions météorologiques ont beaucoup varié d'un secteur à l'autre. En Haute-Corse, qui représente 80 % du vignoble de l'île, les rendements sont en légère hausse. En Corse du Sud, en revanche, la forte hausse des températures enregistrée en août a provoqué un blocage de la maturation. Sur l'ensemble de l'île, la récolte 2000 devrait être légèrement supérieure à celle de 1999, qui atteignait les 360 000 hl. Les vins rouges du millésime 2000 s'annoncent moins structurés que ceux de 1999. Cela ne sera pas pour déplaire aux touristes qui les dégusteront dès la prochaine saison touristique. En effet, les vins n'ayant que peu de temps pour se faire, compte tenu de la forte demande et de la faiblesse des stocks, les vignerons évitent d'extraire trop de tanins qui rendraient les vins difficiles à goûter dans leur jeunesse. Mais ils sont de plus en plus nombreux à élaborer de petites cuvées de garde qu'ils essaient de garder et de vendre plus tard. Concernant la communication et la promotion des vins corses, le CIV (Comité intersyndical des vins) poursuit ses actions, avec tout de même quelques difficultés financières. En effet, avec le changement du statut de la Corse prévu par les accords de Matignon, certaines compétences passent de l'Etat à la région. Les procédures de versement des subventions sont donc modifiées et les dotations ne sont pas encore fixées. Cependant, il ne devrait pas y avoir de modifications directes concernant la filière vitivinicole corse qui est encadrée, comme les autres régions viticoles, par la réglementation européenne. La seule spécificité de l'île à cet égard concerne la fiscalité. En effet, pour les vins secs produits et vendus sur l'île, les producteurs ne paient ni accises ni TVA. Une façon de compenser les surcoût liés à l'insularité. ' Tout coûte plus cher, explique un producteur : les matières sèches, les machines, les produits... ' On constate aussi que chaque vigneron doit disposer de son matériel de mise en bouteilles car il ne semble pas exister d'embouteilleur à façon sur l'île, faute de volumes suffisants. En 2000 et pour la deuxième année, le CIV a organisé au printemps une présentation du millésime à Ajaccio en présence de tous les vignerons. Les prescripteurs locaux, continentaux et étrangers étaient conviés. ' Ils apprécient de trouver tous les professionnels réunis en un même endroit car, même si l'île n'est pas très grande, il faut beaucoup de temps pour parcourir les distances ', précise Bernard Sonnet, directeur du CIV. L'opération devrait être reconduite en 2001. Par ailleurs, le CIV organisait une journée sur les vignobles des îles de la Méditerranée, à Paris le 9 janvier dernier. Des producteurs de Malte, Chypre, Elbe, les Baléares, la Corse, la Sicile... étaient conviés à cette réunion dont l'objectif était de faire un état des lieux de la situation de la viticulture sur ces différentes îles en terme de conditions de production, d'historique du vignoble, de son poids économique, touristique... Selon le bilan de cette première rencontre, une association sera peut-être créée et des réunions organisées régulièrement.