Le volume substituable individuel permet à un producteur de tirer le meilleur parti de la qualité et de la renommée d'un millésime. Le système est utilisé en Bordelais depuis la récolte 1993. Le Muscadet en a bénéficié ponctuellement en 1996. Chinon vient de s'y mettre.
Le VSI (volume substituable individuel) n'est applicable qu'à la propriété. Pour une année donnée, il permet de revendiquer en AOC un volume de vin supérieur au rendement autorisé, dans la limite du rendement butoir et à condition que ce volume soit agréé. Il doit être substitué par la destruction (par distillation avant le 31 juillet de l'année suivant la récolte) d'une quantité équivalente de vin de la même appellation et de la même couleur, issu de récoltes antérieures stockées en cave.A Bordeaux, le VSI a été expérimenté à partir de la récolte 1993, en même temps que le système des rendements moyens décennaux. Pour la Fédération des grands vins de Bordeaux, le système du VSI vient compléter, par une décision volontaire et individuelle, celui du rendement décennal qui, lui, émane d'une volonté collective. C'est une façon de responsabiliser à la fois les syndicats viticoles dans la maîtrise de leurs rendements et le vigneron dans la gestion de sa production.Toutes les AOC de la Gironde ont demandé à bénéficier du VSI, sauf Cérons, Loupiac, Sainte-Croix-du Mont et Cadillac. Sauternes et Barsac l'utilisent depuis la récolte 1994, les AOC Entre-deux-Mers et Entre-deux-Mers Haut-Benauge depuis 1998. Chaque année, la Fédération des grands vins de Bordeaux réunit les demandes de renouvellement des syndicats et les adresse à l'Inao. ' Le VSI est un instrument de politique de qualité pour les syndicats, et un moyen pour l'exploitant de travailler au mieux la qualité de ses vins et la renommée des millésimes ', insiste Michel Dando, le directeur de la Fédération. Cette gestion est intéressante pour résorber des stocks dans de petits millésimes et pour éliminer des blancs qui ont perdu leur fraîcheur après un été en cuve. En rouge, tout dépend de l'année, de l'importance des stocks, des conditions du marché... ' Ce n'est pas un volume qui s'ajoute au rendement, explique Pierre Cambar, directeur du Conseil régional des vins d'Aquitaine. Le VSI donne la possibilité de produire plus, en toute légalité, du millésime dont on peut tirer la meilleure valorisation. En contrepartie, pour ne pas fausser le marché, le vigneron s'engage à détruire un volume antérieur agréé, moins intéressant. ' Le dispositif ' n'ajoute rien '. En 1996, dans la région nantaise, le recours au VSI pour l'ensemble des AOC Muscadet a été ' exceptionnel et ponctuel '. 894 vignerons l'ont utilisé pour 85 983 hl. ' Nous étions confrontés à une crise sans précédent : des stocks importants (plus de 600 000 hl de vins blancs), un marché en forte baisse, des surfaces et des rendements à la hausse, explique Frédéric Macé, le directeur du syndicat de l'AOC Muscadet. Le VSI a permis de remettre à niveau la qualité des stocks en fin de campagne. ' Depuis, en raison de bonnes récoltes, en quantité raisonnable, et du bon niveau de commercialisation, le système n'a pas été reconduit. Pour la première fois en l'an 2000, une vingtaine de producteurs de Chinon (Indre-et-Loire) sur les 150 de l'appellation, ont fait appel au VSI pour un peu plus de 1 000 hl. Les prélèvements n'ont pas encore été effectués. ' Beaucoup n'ont pas osé franchir le pas ; d'autres n'avaient pas les stocks permettant la substitution, explique Jean-Max Manceau, président du syndicat. ' 1999 était un bon millésime. 2000 est une année porteuse, symbolique. C'est une manière d'éliminer du marché des produits de seconde catégorie. Et c'est honnête, pour le vigneron et pour le consommateur. ' Paradoxalement, en Bordelais, cette mesure que l'on dit ' très subtile, bien adaptée à la logique bordelaise ' est restée marginale. En 1993, 205 vignerons en ont bénéficié pour plus de 17 000 hl. En 1995, ils n'étaient que 25 pour une quantité dix fois moindre. ' Sur 6 Mhl produits en moyenne, il n'y a que quelques milliers d'hectolitres de VSI par an. C'est dérisoire ! ' reconnaît Michel Dando. Parce que c'est compliqué ? ' Oui et non ! Il faut penser le VSI dans son processus d'évolution. C'est un moyen de qualité, il faut avoir envie de gérer cette qualité. Il y a toujours en cave un pourcentage de vin qui n'est pas au top. Si, en fin de campagne, vous vendez à n'importe quel prix du vin qui pourrait très bien faire du VSI, c'est une concurrence déloyale. ' Et puis certaines années ne se prêtent pas au VSI. ' Lorsque l'année n'est pas très bonne, il n'y a pas lieu de produire plus. ' ' Si le syndicat calcule bien ses rendements, il faut des événements climatiques ou économiques exceptionnels pour y faire appel... Est-ce que la nature du VSI n'est pas d'être exceptionnelle et liée à la réalité du rendement agronomique ? ' s'interroge Pierre Cambar.