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Swartland

La vigne - n°121 - mai 2001 - page 0

Avec ses 14 021 ha, le Swartland est la parfaite illustration du renouveau vitivinicole de l'Afrique du Sud.

Sous les blés, de multiples terroirs Un soir de novembre 2000, à quelques kilomètres du Cap, en Afrique du Sud, une vingtaine d'amateurs sont réunis pour la soirée de fin d'année, organisée par le club de dégustation The Ten of the Best. Le jeu consiste à deviner le pays, la région, le cépage, le millésime et le winemaker cachés derrière dix vins servis à l'aveugle. Un blanc est d'emblée repéré : ' Afrique du Sud, Groenekloof, sauvignon, 2000, Neil Ellis '. Frais, long en bouche, exprimant pleinement le sauvignon, il fait l'unanimité. Neil Ellis, à Stellenbosch, fait partie des producteurs ayant compris depuis longtemps que les cépages ont leurs lieux de prédilection. Pour ses sauvignons, il se sert dans la vallée de Groenekloof : les consommateurs font la différence.Cette vallée était vouée à la culture du blé, à l'élevage de vaches à lait et de moutons. Aujourd'hui, c'est l'un des terroirs du Swartland en pleine explosion, et pour cause. La vallée de Groenekloof illustre la nouvelle orientation de l'industrie vitivinicole sud-africaine : vins de qualité issus de petits rendements, recherche des meilleurs terroirs, cépages originaux de la vallée du Rhône ou du Midi. Beaucoup ont misé sur cette région étendue, située au nord de Stellenbosch et de Paarl, en y achetant des raisins ou de la vigne, ou en y créant de nouvelles caves. Avec ses 14 021 ha de vignes, le Swartland représente 13,46 % du vignoble sud-africain (11,9 % pour les blancs, 17,8 % pour les rouges). Si les cépages blancs restent majoritaires (65,5 %), comme dans l'ensemble du pays, il s'est planté 631 ha de rouges en 1999, sur 735 ha de nouvelles plantations. Lorsqu'on vient de Paarl dans la chaleur de l'été, la route est bordée de champs de blé, blondeur interrompue çà et là par des carrés de vignes. Les silos à grains sont légion : les Sud-Africains appellent cette région le ' panier à pain '. Mais ce paysage cache une infinie variété de sols et de climats propices à la vigne. A l'ouest, séparé de la mer par les collines, le Groenekloof (appelé aussi Darling, du nom de la ville proche) bénéficie de l'influence maritime qui convient bien au sauvignon, tandis que le Riebeekberg, au nord-est, et le Paardeberg, au sud-est, sont intéressants pour les rouges. Les sols varient du tout au tout selon les lieux : terre rouge, schiste, granite, argile, quartz... Les vignes sont essentiellement en gobelet, mais le palissage s'avère parfois nécessaire. A l'intérieur des terres, le soleil frappe fort en été. Vers l'océan, une fine brise permet de supporter la chaleur. La pluviométrie n'est que de 300 mm par an, en hiver. Et l'irrigation est rare car l'eau est difficile d'accès. Alors, les rendements sont plus bas que la moyenne : 9 t/ha, parfois 3 t/ha. C'est ce qui fait la force du Swartland.Charles Back l'a bien compris : en 1998, ce visionnaire, propriétaire d'une winery à Paarl (Fairview), y a acheté une exploitation en faillite, dont les raisins étaient vendus à la coopérative. En deux mois, il a construit une cave, a investi dans les vignes (plantation et achat de raisins à quatorze fournisseurs sous contrat) et dans les fûts. Les vins (syrah, merlot, pinotage) sont commercialisés sous le nom de Spice Route, avec un milieu de gamme à 55 rands (0,91 R = 1 F) la bouteille et un haut de gamme, Flagship, à 100 rands. Au total, 35 000 caisses, soit 3 150 hl. ' Si on veut être sérieux, il faut faire du vin rouge ', estime Eben Sadie, le winemaker. Cela ne les empêche pas de vinifier les vieux pieds de sauvignon, de chenin et du viognier. Une autre cave est en construction, juste à côté, qui s'appellera Caldera. Son objectif : ' Faire le meilleur vin de l'Afrique du Sud pour représenter le pays, explique Eben Sadie. On veut montrer qu'on peut faire vraiment de bons vins. On n'est pas un pays de Bag-in-Box. Pour le prouver, on a besoin de richebourg, de saint-émilion, de grands crus leaders. ' Il ajoute : ' Je n'ai pas de temps à consacrer à la quantité. ' Hormis les rendements faibles et les sols profonds où les racines s'enfoncent, la région a pour elle les différences de températures entre le jour et la nuit (30°C environ). En revanche, la densité de plantation reste un handicap : 2 000 à 3 000 pieds par hectare, un ' héritage des coopératives '. Le prix des raisins indique la tendance : le cape riesling n'excède pas 50 c/kg, le chenin 1,50 F, les sauvignon et chardonnay 2,90 F. Les cépages rouges, en revanche, oscillent entre 5 F pour le pinotage et 7 F pour la syrah, ' même très jeunes, uniquement parce que ce sont des rouges '. Dans la région, on assiste à toutes sortes de reconversions. Paul Kretzel a été pendant vingt-sept ans cadre dirigeant dans la plus grosse société de peinture industrielle d'Afrique du Sud. En 1995, il a acheté pour 1,7 MF deux fermes de 208 ha, où les vieilles vignes servaient à alimenter la coopérative. Dans ce coin loin des silos, on se croirait sur les bords du Rhône, au pied de l'Hermitage. Il a planté 9 ha de syrah, mais aussi du grenache, du mourvèdre, du viognier et du zinfandel. Il a retapé la cuverie pour 1,4 MF. Ses premiers vins sont tout juste en fûts. Willie de Wall, lui, a décidé de miser sur des mini-productions de pinotage (5 800 bouteilles en 1999, qu'il va tenter de vendre 65 F) et de syrah : les raisins viennent de la propriété de son père qui, jusqu'à maintenant, vendait à la coopérative. Près de la côte, Groote Post a fait sa fortune dans l'industrie laitière. Peter et Nick Pentz, les propriétaires, ont misé sur le vin quand le marché s'est montré prometteur, ' pour diversifier '. En 1994, ils ont planté sur les coteaux (la propriété fait 5 200 ha, dont 1 000 ha de potentiellement plantables), des cépages internationaux et possèdent désormais 120 ha de vignes. ' On mise sur sept ans avant d'enregistrer le moindre bénéfice ', avouent les Pentz. Pour Eben Sadie, le point-clé sera la régularité : ' Aujourd'hui, c'est ce qui nous manque en Afrique du Sud. Maintenant, il nous faut faire de la qualité tous les ans. '

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