Les difficultés économiques de certains vins du Beaujolais attisent actuellement le vieux débat sur les liens avec le vignoble bourguignon. La récente fête des crus en a donné des illustrations. ' Trop de consommateurs ne connaissent que le beaujolais nouveau et ignorent que les crus sont des vins de garde, à boire toute l'année. ' Jean-Luc Prolange, producteur à Regnié-Durette, déployait sa banderole ' Crus du Beaujolais ' sur les salons ' mais j'ai arrêté, cela ne donne pas l'image souhaitée '. Guillaume de Castelnau (maison Louis Jadot) produit un beaujolais blanc ' aussi difficile à vendre qu'un cercueil à trois places ', qu'il replie donc en bourgogne blanc. Nombre d'étiquettes de cru évitent le mot ' beaujolais '. Michel Rougier, délégué général de l'Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais (UIVB), le reconnaît : ' Nous sommes victimes du succès du primeur '. Certains crus revendiquent même ' l'appellation historique vin de Bourgogne ' ; selon Henri Lespinasse, président du juliénas, ' le marché demande des vins tanniques, moins floraux et l'image du bourgogne conviendrait mieux '.Denis Barbelet, président de la Fédération des crus du Beaujolais, est cependant confiant : ' Certaines ont des états d'âme. Nos liens avec les Bourguignons ont toujours été forts, mais la majorité des vignerons estiment que nous sommes d'abord beaujolais par notre cépage et notre vinification. Nous devons donc affirmer la position de haut de gamme des crus du Beaujolais. '