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Des bulles pour élargir la gamme

La vigne - n°127 - décembre 2001 - page 0

Pour proposer des produits effervescents à leurs clients, des producteurs de vins de pays font appel à la méthode traditionnelle, mais explorent aussi les possibilités offertes par les cépages, en rouge, rosé et blanc. Ce sont des marchés de niche.

'Quand j'ai commencé à élaborer un rouge effervescent en 1996, je cherchais simplement une solution pour mieux valoriser mes parcelles d'alicante, de carignan et de cinsault en attendant de les renouveler. Les ventes ont commencé doucement. Mais, aujourd'hui, j'en suis à 8 000 bouteilles par an et je compte pavenir, à terme, à 15 000. J'ai des clients qui viennent au caveau pour acheter ce vin qu'ils ne trouvent pas ailleurs. C'est un produit original ', explique Jean-Philippe Madale, vigneron dans l'Hérault, qui produit des vins d'appellation coteaux du Languedoc et des vins de pays.
Cet effervescent rouge, qui contient 50 g/l de sucre, se déguste frappé. ' Les consommateurs sont surpris, mais la plupart apprécient. ' La moitié des ventes se fait en France, au caveau et auprès de cavistes, de grossistes et de restaurateurs et l'autre moitié à l'exportation vers l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la Hollande.
Au caveau, le prix est de 42 F TTC/col. ' Par rapport à un vin de pays tranquille, il y a une bonne plus-value. Les volumes restent réduits, c'est un produit de niche. Les jeunes, plus habitués aux bulles qu'aux vins, apprécient particulièrement. '

Pour améliorer la finesse et la tenue des bulles, la seconde fermentation, qui se faisait en cuve close jusqu'à présent, va être réalisée par la méthode traditionnelle avec un nouveau prestataire de service, Cristal de Veyrac. Cette entreprise, installée à Villeveyrac (Hérault), a été créée fin 2000 par le négociant bourguignon Boisset, le spécialiste du conditionnement 3 S, la station oenologique de Savoie et l'oenologue Philippe Mirouse. ' Pour la prise de mousse et l'élevage sur lattes, nous allons utiliser les galeries d'une ancienne mine de bauxite. La prestation reviendra entre 14 et 16 F le col, conditionnement compris, pour une présentation standard. Notre objectif est d'élaborer des effervescents haut de gamme pour des vignerons qui veulent personnaliser leur offre. Compte tenu de la diversité des cépages plantés dans la région, il y a un vaste espace de créativité à explorer ', affirme Philippe Mirouse. Pour le Languedoc, vignoble en difficulté sur le segment des vins de table et de pays, les effervescents peuvent représenter une opportunité de diversification.
Dans l'Aude, la coopérative de Monze teste ainsi depuis deux ans un rosé effervescent. ' J'ai eu l'occasion de goûter un rouge de syrah australien qui m'a plu. Mais dans un premier temps, nous avons choisi de rester plus près du goût du consommateur français, en élaborant avec ce cépage un rosé brut, à 10 g/l de sucre ', explique Jean Baron, le directeur. Une cuvée de 3 000 bouteilles a été vinifiée en 2000, avec des raisins vendangés spécifiquement entre 10°5 et 11°. Elle devrait être disponible à la vente pour les fêtes de fin d'année. ' Nous allons la proposer au caveau à 35 F TTC le col, à côté de nos vins d'appellation Corbières. Des cépages, tout le monde en a, mais des effervescents, c'est plus rare . '

Depuis 1999, la maison Louis Bouillot, filiale du négoce bourguignon Boisset, expérimente toute une gamme de cépages dans le cadre de son opération ' Les mousseux virtuels '. Deux cuvées de 80 000 cols de merlot-gamay et de 60 000 cols de muscat à petits grains ont déjà été commercialisées au prix de 30 F, en France et à l'export. ' Sur le rouge, les acheteurs français restent frileux. A la dégustation, ils l'apprécient mais n'osent pas le proposer à leurs clients ! Dans les autres pays, le marché est plus ouvert. Les Australiens, avec des rouges effervescents vendus entre 8 et 9 livres, se sont déjà faits une place sur le marché anglais ', constate Rémy Gauthier.
Sur les blancs, la référence reste le champagne. Pour vendre des effervescents de qualité sans les brader, il faut les faire goûter et prendre le temps d'expliquer la méthode d'élaboration. ' Au début, nous ne les mettions pas franchement en avant. Aujourd'hui, nous les proposons pour des vins d'honneur et nous commençons à avoir de bons retours commerciaux. Certains consommateurs ne veulent que du champagne. D'autres apprécient le rapport qualité-prix de notre blanc de blanc, qui est proposé à 34 F le col au caveau ', explique Philippe Durand, vigneron dans les Charentes, autre région en difficulté où les effervescents tentent une percée.
Avec son frère Pascal, ils cultivent 27 ha destinés à la production de cognac et de pineau, et 10 ha de vins de pays. ' Nous utilisons du chardonnay pour élaborer notre effervescent en méthode traditionnelle, la prestation étant réalisée par la maison Charlemagne, à Angoulême. Et nous avons également commencé à proposer du pétillant de raisin, qui se marie bien avec le cognac. En élargissant la gamme, nous diversifions notre clientèle et nous augmentons nos ventes sur l'ensemble de nos produits. '



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