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Provence, engourdie malgré une bonne santé

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

La Provence viticole (1) est l'un des enfants sages de l'Hexagone viticole. Tout y est ' amorti ', voire engourdi. Elle n'a profité qu'avec parcimonie de l'embellie générale des années 1996 à 2000, et alors que les feux sont passés à l'orange presque partout dans le pays depuis un an, les côtes de Provence, principale AOC de la région, en profitent pour enregistrer une campagne 2000-2001 record en volume ! 945 000 hl sont commercialisés entre le 1 er septembre 2000 et le 31 août dernier, soit + 5 % par rapport à 1999-2000 et + 13 % sur 1998-1999.
' Les rosés tirent leur épingle du jeu dans un marché des vins tranquilles à la baisse dans les grandes et moyennes surfaces françaises ', constate-t-on à l'interprofession des côtes de Provence. ' L'été a été beau et long, et les ventes au caveau satisfaisantes ', renchérit un responsable de cette région très touristique.
Si les volumes sont historiques, les prix du vrac, principal indicateur économique de nos vignobles, sont en légère érosion : 95,43 euros/hl (626 F) pour le côtes-de-provence rosé, soit - 2,4 %. Cet indicateur est à la baisse depuis la campagne 1995-1996.
' Il y a eu des ventes à moins de 84 euros/hl (550 F) durant la campagne. C'est un problème. Depuis octobre, les cours sont corrects. 107 euros/hl (700 F) serait le bon niveau pour s'en sortir correctement. La valorisation passe surtout par la bouteille ', ajoute un professionnel. Après deux récoltes 1999 et 2000 volumineuses, d'où des disponi- bilités records en début de campagne, 2001 était à nouveau normale en Provence, sécheresse oblige. ' Cela devrait nous permettre de bien gérer 2001-2002 ', déclare-t-on.
Sur le front des vins de table et de pays (surtout rouges ici), la campagne a été plus difficile. Des transactions à la hausse dans le Var, mais à des prix en baisse : 48,50 euros/hl (318 F), contre 52,60 euros/hl (345 F) la campagne précédente ; des transactions en baisse dans les Bouches-du-Rhône (- 16 %) avec des prix qui plongent : 47,11 euros/hl (309 F), contre 56,10 euros (368 F). Mais rien à voir avec le marasme du Languedoc voisin, même si des coopératives essaient de se regrouper. A noter que le VDP régional des portes de la Méditerranée, lancé sur sept départements du Sud-Est pour la récolte 1999, fait des débuts timides en Provence. Il est vrai que les Bouches-du-Rhône n'ont pas tenté l'aventure.

' C'est peut-être parce que cela ne va pas assez mal sur le plan économique que les réformes de fond s'endorment ', remarque avec sarcasme un vigneron.
Exemple de ' mollesse ' : le dossier de l'interprofession régionale. Sur les rails depuis des années, il a avancé - péniblement - en 2001. Les trois principales AOC (côtes de Provence, coteaux varois et coteaux d'Aix) ont dit oui en assemblée générale, cette dernière ayant même organisé un référendum auprès de ses 80 adhérents. ' Trois sur huit, c'est bien : nous représentons 95 % des volumes , estime Paul Denis, vigneron coopérateur et président de l'interprofession des côtes de Provence, la seule existante à ce jour. Mais cela pourrait être mieux. A nous de démontrer aux cinq autres AOC que nous n'avons pas de volonté hégémonique et que chacun a sa place . '
Les statuts devraient être calés en 2002 pour une structure opérationnelle en 2003, avec un nom faisant l'objet de débats. ' Cette grande interprofession est un outil qui nous manque , analyse Michèle Nasles, présidente des coteaux d'Aix. Partout on se regroupe, mais pas chez nous ! C'est important pour aller à l'export. Et pourquoi pas un jour un rapprochement avec nos voisins d'Inter Rhône... '
Comme il faudra payer une cotisation interprofessionnelle, les ' cinq petits ' de la région, qui vont plutôt bien sur le plan économique, restent dans l'expectative, se demandant ce qu'ils ont à y gagner... L'interprofession des côtes de Provence possède aujourd'hui un petit budget de 1,83 Meuros (12 MF), avec une cotisation volontaire obligatoire (CVO) de 1,52 euros/hl TTC (10 F), l'une des plus faibles de France malgré des hausses régulières, y compris lors de la dernière campagne. ' Nous avons dégagé des moyens (9 147 euros, soit 60 000 F) pour la mise en place en 2001 du SAQ (suivi en aval de la qualité), un moment fort pour nous ', y explique-t-on. Cette somme sera doublée en 2002. Des prélèvements ont eu lieu en janvier et septembre. ' On doit caler nos produits et nos qualités , avance un responsable. A nous de nous donner les moyens de nos ambitions... mais on ne peut pas forcer les gens ! On trouve des côtes-de-provence rosés de toutes les couleurs, à tous les prix et dans toutes les formes de bouteilles. Malheureusement, le dossier de la hiérarchisation de l'aire, qui permettrait d'y voir plus clair, avance peu. ' En 2001 cependant, des microvinifications particulières ont été réalisées, leur dégustation sera à verser au dossier.
Au niveau de la couleur - fil rouge de ses recherches - mais aussi des caractéristiques aromatiques et des acidités, le Centre du rosé à Vidauban (Var) travaille depuis trois ans... mais n'a pas encore sorti de résultats. ' La recherche prend du temps, explique son responsable. En 2001, nous avons réalisé notre première journée portes ouvertes et notre premier bulletin de liaison est prêt. Il sortira en janvier, diffusé à 1 500 exemplaires . ' Un colloque avec les premiers résultats de travaux est prévu en juillet. ' 2002 sera une année de réflexion ', renchérit un responsable. Elle sera notamment alimentée par les résultats d'une grande étude ' Image et positionnement des côtes-de-provence ', confiée au cabinet Ernst et Young en septembre. ' Tout sera mis à plat. Ce sera le terreau pour nos décisions stratégiques futures, notamment au niveau de la communication . ' Une telle étude n'avait pas été menée depuis onze ans. Espérons qu'elle débouchera sur des résultats concrets, ce qui a été peu le cas, sur un autre registre, des états généraux de la viticulture varoise menés fin 2000.

Un dossier qui a bien avancé en 2001 est celui de la délimitation parcellaire de l'AOC côtes de Provence. 60 000 ha ont été inspectés par l'Inao depuis 1991 et un décret du 23 novembre dernier est venu sceller le sujet. Résultat : 900 ha sont nouvellement classés et 204 ha sortent de l'aire... en douceur puisqu'elles peuvent revendiquer l'AOC jusqu'en 2021 (si l'exploitation concernée n'a pas de nouveaux hectares classés). Au total, nous avons un solde positif de 700 ha et l'appellation grimpe à 20 000 ha. ' Les plans seront déposés dans les 84 mairies concernées, explique-t-on à l'Institut de Hyères (Var). Ce sont des documents officiels, opposables aux tiers, importants pour toutes les procédures du Pos (plan d'occupation des sols) . ' Stratégique, pour un vignoble attaqué par l'urbanisation.

(1) La Provence viticole comprend le Var (1,6 Mhl de production moyenne, aux deux tiers en vins AOC), les Bouches-du-Rhône (600 000 hl, un tiers AOC) et les Alpes-Maritimes (quelques milliers d'hectolitres). On y trouve huit AOC : les côtes de Provence, les coteaux d'Aix, les coteaux varois, Bandol, les Baux de Provence, Cassis, Palette et Bellet. En grande majorité, ce sont des vins rosés.

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