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La Provence cherche son second souffle

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

Pour les côtes de Provence, l'année 2000 est celle d'une prise de conscience des faiblesses du vignoble. ' Comparativement aux grandes régions viticoles, nous n'avons pas vraiment profité de l'embellie générale ', regrette une vigneronne en cave particulière. ' Encore aujourd'hui, nous ne parvenons pas à tirer avantage de la tendance favorable au marché des vins rosés ', grince un professionnel varois. Certes, le bilan de la dernière campagne se caractérise par un volume commercialisé proche de 900 000 hl, en augmentation de 8,5 % par rapport à 1999-1998, mais ce record a été atteint au détriment d'une constante érosion des cours. Le prix moyen pondéré du côtes-de-provence rosé s'est établi à 642 F/hl sur la dernière campagne, contre 706 F/hl l'année précédente.Selon l'Onivins local, le prix indicatif fixé à 700 F/hl pour cette campagne par l'interprofession n'a pas pu être tenu. A partir de la fin du mois de mars, une forte proportion de transactions s'est conclue sous le seuil des 600 F/hl (environ 20 % en avril pour atteindre 62 % en août). En coulisses, de nombreux opérateurs notent que les difficultés internes et financières des Caves de Provence, principal groupement de producteurs du Var, ne lui ont pas permis d'assurer le moindre rôle de régulation du marché. Une chose est sûre : l'alourdissement des disponibilités, via la récolte exceptionnelle de 1999, n'a pas été un facteur de dynamisation des cours. D'autant que plusieurs courtiers s'accordent pour qualifier le millésime 99 de qualitativement ' moyen et hétérogène '. La conjoncture n'est pas plus brillante à l'exportation, qui représente moins de 13 % des volumes commercialisés en côtes-de-provence. Globalement, les appellations françaises enregistrent un recul de 3 % en volume, mais restent stables en valeur, sur les huit premiers mois de l'année. Dans le même temps, les côtes-de-provence (rouges et rosés) chutent de 18 % en volume et de 12 % en valeur. ' Cette baisse touche essentiellement les rosés. Sur plusieurs marchés, nos vins sont concurrencés non seulement par les AOC du Val de Loire, mais également par des vins de catégorie inférieure, notamment les vins de cépages rosés ', note Jérémie Arnaud, responsable économique du Comité interprofessionnel des vins des côtes de Provence. Pour redresser la barre, les responsables professionnels n'ont qu'un mot à la bouche : la qualité. Il est vrai qu'une analyse approfondie de la situation économique montrent que le marché des rosés n'est pas homogène. ' On peut parler de marchés des rosés côtes-de-provence, dit un analyste. Sur les segments haut de gamme, des opérateurs parviennent à bien valoriser leurs produits. ' Pour ' verrouiller la chaîne qualitative ' à l'amont, le syndicat de l'AOC souhaite mettre en place des visites de vigne. ' Mais au préalable, nous devons préciser les conditions de production inscrites dans le décret d'appellation, notamment celles relatives à la taille ', explique le président Guy Gaspérini. Une demande en ce sens devrait être déposée à l'Inao courant 2001. Par ailleurs, le CIVCP peaufine son suivi en aval de la qualité. En principe, l'avenant aux accords interprofessionnels devrait être signé ' dans les prochains mois ', selon Paul Denis, producteur varois et nouveau président du comité. Pour l'instant, deux prélèvements en grande distribution ont été organisés, à titre expérimental. Un troisième, ciblant la vente directe, est prévu début 2001 à partir des références commercialisées à la Maison des vins, aux Arcs (Var). Sur le plan technique, le Centre du rosé à Vidauban, inauguré en 1999, a promis les premières communications de ses expérimentations courant 2001.Parmi les autres dossiers importants pour les côtes de Provence, le projet de hiérarchisation a pris une orientation nouvelle au printemps dernier. En avril, la commission d'enquête nationale présidée par Michel Bronzo, producteur de Bandol, a rendu son rapport qui fixe ' les principes généraux applicables à toute démarche de hiérarchisation au sein d'une AOC '. Dans cette optique, l'année 2000 a été celle de ' l'évangélisation suivant les principes arrêtés par l'Inao '. Les réunions de terrain ont notamment permis d'expliquer l'importance de la hiérarchisation pyramidale et le lien avec le terroir. Le projet de régionalisation de l'interprofession est, quant à lui, au point mort. Mis à part le consensus pour faire référence à la ' Provence ' dans leur promotion, les appellations concernées(1) butent sur plusieurs points : le montant des cotisations volontaires obligatoires, l'utilisation du nom ' Provence ' sur la bouteille, pour l'instant interdite par la répression des Fraudes tant qu'il n'existe pas de définition de ' zone viticole provençale '. En toile de fond de ces discussions, il y a aussi la crainte exprimée par certains de ' se faire phagocyter par les côtes de Provence '. Une chose est sûre : la future structure interprofessionnelle - si elle voit le jour ! - devra garantir l'autonomie de chacune des appellations d'origine contrôlée. Parmi celles-ci, le syndicat des coteaux d'Aix a, pour la troisième année consécutive, organisé une réunion de ' lancement de campagne ' rassemblant tous les acteurs concernés par l'AOC (négoce local, courtiers et producteurs). A cette occasion, une fourchette d'orientation a été déterminée (entre 590 et 630 F/hl). Suivant l'Onivins, elle a été respectée pour la grande majorité des affaires. Quant aux coteaux varois, selon l'enquête menée comme chaque année par le syndicat de l'appellation, les cours des transactions en vrac se sont établis à 518 F/hl pour les rosés, soit un prix à mi-chemin entre les campagne de 1998-1999 et 1997-1998. (1) Rappelons que le CIVCP propose la création d'une interprofession regroupant les appellations de Provence, soit : les côtes de Provence (production moyenne quinquennale 854 500 hl), les coteaux d'Aix (168 200 hl), les coteaux varois (69 700 hl), Bandol (43 600 hl), les baux de Provence (7 350 hl), Cassis (6 300 hl), Palette (1 200 hl) et Bellet (820 hl).

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