Fin de siècle oblige, 1999 est l'année de l'engagement de stratégies politiques et commerciales sur le long terme. Parmi les bonnes résolutions annoncées, les professionnels de la région viticole provençale envisagent la mise en place d'une interprofession régionale. Les côtes de Provence font figure de leader sur ce projet. Les conseils d'administration du Comité interprofessionnel des vins des côtes de Provence (CIVCP) et du syndicat de l'appellation ont proposé un regroupement aux AOC réunies dans le comité régional de l'Institut national des appellations d'origine: Bellet (1 224 hl déclarés en 1998), coteaux varois (85 363 hl), Bandol (47 464 hl), Cassis (5 882 hl), Palette (1 460 hl), coteaux d'Aix-en-Provence (180 434 hl) et les Baux-de-Provence (8 648 hl).
L'interprofession régionale serait mise en place par un élargissement du CIVCP actuel, en y intégrant les syndicats des appellations voisines. Une première réunion des présidents a été organisée le 14 décembre. Chacun va pouvoir débattre du sujet au sein de son conseil d'administration. Le nom du futur organisme devrait faire partie des points discutés.
'Le regroupement des vins de Provence permettrait de créer un pôle viticole de la région comprise entre Aix-en-Provence et Nice. Il représenterait, en surface, le cinquième vignoble de France et une production dépassant le million d'hectolitres', explique Jean-Jacques Bréban, président du CIVCP. Jusqu'à présent, seules les côtes de Provence disposent d'une interprofession. La réunion des appellations dans une structure regroupant le négoce et la production permettrait d'offrir à tous des données économiques fiables. Surtout, elle décuplerait la force de communication, via le versement des cotisations volontaires obligatoires.
Ce deuxième atout est particulièrement important pour les appellations qui visent un développement à l'exportation.
L'idée d'une synergie d'actions des vins de la région Provence n'est pas nouvelle. Le centre provençal de recherche et d'expérimentation sur le vin rosé, inauguré à Vidauban (Var) en juillet, a permis de réunir autour de la chambre d'agriculture du Var sept des huit appellations provençales. Cassis étant une appellation principalement de vins blancs, son syndicat n'a pas jugé opportun de s'investir dans le centre du rosé.
Parallèlement à cette proposition 'd'ouverture vers les appellations voisines', les côtes de Provence souhaitent hiérarchiser, en interne, les terroirs de l'aire d'AOC.
'Aujourd'hui, le consommateur a des difficultés à s'y retrouver. Il existe des côtes-de-provence à 50 F la bouteille qui côtoient, sans aucun signe distinctif, celles à 20 F, explique Guy Gaspérini, président du syndicat. La gamme de qualité existe. Il suffit de l'identifier clairement.' A partir de ce constat, les professionnels des côtes de Provence, réunis en séminaire les 19 et 20 novembre, ont décidé de mettre en place, sur l'ensemble de l'appellation, une hiérarchisation fondée sur la spécificité des terroirs. Les secteurs de Sainte-Victoire et de Fréjus se sont déjà engagés dans cette démarche auprès de l'Inao. Des réflexions similaires pourraient voir le jour dans d'autres zones, telles celles des Arcs ou de Porquerolles.
A l'intérieur de ces aires sous-régionales, des terroirs locaux pourraient également être revendiqués, sur le même principe que les crus.
'Bien évidemment, la hiérarchisation de ces secteurs suppose des conditions qualitatives plus restrictives. Par exemple, des rendements plus faibles, des conditions techniques particulières comme la climatisation des chais, une durée de vieillissement minimale pour les rouges... Autant de pistes de réflexion qui devront être approfondies en groupes de travail', poursuit Guy Gaspérini.
Parmi les nouvelles orientations développées par le CIVCP en 1999, l'individualisation des deux couleurs principales de l'appellation dans la communication s'est concrétisée, à l'automne, par le lancement d'une bouteille spécifique au rouge de côtes de Provence. Elle est d'une forme rectiligne, de couleur 'antique', gravée 'Provence', et elle comporte un 'insert' qui peut être personnalisé. Elle sera disponible à partir de février 2000.
Sur le plan économique, on s'attend à une progression des stocks de côtes-de-provence rouges dans les caves coopératives, mais à une baisse de 17% pour les réserves de vins rosés.
Selon les contrats enregistrés par le CIVCP sur le marché du vrac, les volumes de côtes-de-provence sont stables par rapport à ceux de la campagne précédente, à 491 019 hl. Par couleur, on constate un léger recul des quantités en rosés (-3,3%) et une augmentation des échanges de rouges (+14%). En terme de valeur, les rosés fléchissent de 2%, à 705 F/hl, et les rouges progressent de 2,7%, à 728 F/hl. En grande distribution, le marché des vins rosés est à la hausse en volume et en valeur. En revanche, les côtes-de-provence connaissent des difficultés à l'exportation.
Pour les autres appellations du Sud-Est, on note une tendance générale à l'augmentation des volumes commercialisés sur la campagne 1998-1999.
Jean-Pierre Boyer, président de l'association des vins de Bandol, note des stocks en baisse, 'surtout pour le rosé'. Michelle Nasles, présidente du syndicat des coteaux d'Aix-en-Provence, relève des volumes stockés 'globalement au même niveau que l'an passé puisque la hausse des réserves de vins rouges compense la baisse de celles de vins rosés'. Les coteaux varois ont dépassé la barre des 85 000 hl de vins produits et continuent leur progression en valeur, sur le marché du vrac (+5%, à 530 F/hl).