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Miser sur le tourisme en protégeant ses terroirs

La vigne - n°95 - janvier 1999 - page 0

1998 fut correcte, sans plus, pour les vins de Provence. 1999 verra la concrétisation de plusieurs projets : maison du rosé, clôture de la révision de l'aire des côtes de Provence, maison des vins à Bandol. Cette région viticole fait toujours l'objet d'une très forte pression immobilière.

A l'aube de l'an 2000, il est de bon ton, pour un vin, d'être effervescent ou rouge. Le léger fléchissement des vins de Provence, majoritairement rosés, en est une illustration. Le cours moyen des côtes de Provence, principale appellation avec un volume agréé de 780 000 hl, s'est situé à 718 F/hl lors de la campagne 1997-1998 contre 737 F/hl en 1996-1997 (- 2 %). Pour les rosés, la baisse atteint 9,5 %. L'appellation paie encore les conséquences des cours de la campagne 1995-1996, qui s'élevaient à 758 F/hl (toutes couleurs). Ces prix ont entraîné la perte de marchés, difficiles à reconquérir.Tous les professionnels locaux ne partagent pas le même avis sur l'avenir des côtes de Provence. Certains sont partisans d'un positionnement plus haut de gamme, tout en restant accessible, et militent ainsi pour une croissance sur la valeur ajoutée. L'objectif est de miser sur les valeurs gastronomiques de la Provence, très porteuses actuellement, et de se démarquer peu à peu de l'image ' vin de pizzéria '. Pour d'autres, apparemment majoritaires, la priorité tient en une large diffusion. ' La grande distribution représente 80 % de nos débouchés, explique Claude Martel, président du syndicat des vins des côtes de Provence. De plus, de par nos vins rosés, l'accès à l'exportation est plus limité que dans les autres vignobles. Nos appellations étaient habituées à des cours en Yo-Yo. C'est toujours vrai, mais les amplitudes sont plus resserrées, ce qui procure une visibilité à moyen terme. 'La proportion des vins rouges dans les côtes de Provence connaît une belle progression : environ 155 000 hl ont été produits lors de la vendange 1998 contre 110 000 hl en 1997.Les coteaux d'Aix-en-Provence, de leur côté, affichent un stock en baisse, ce qui pourrait créer une petite tension sur les prix. Les négociants et les viticulteurs se sont ' entendus ' sur des prix compris entre 580 et 630 F/hl selon la qualité des vins, en rouge comme en rosé. Les orientations de prix des coteaux varois sont dans une fourchette inférieure, entre 500 et 550 F/hl, avec une volonté réaffirmée de s'investir dans les actions touristiques et promotionnelles. Dans le Var, le tourisme vigneron, dopé par une belle plaquette, semble tenir ses promesses.L'autre gros dossier des côtes de Provence, c'est la révision de l'aire demandée par le syndicat en 1989, car la délimitation était uniquement judiciaire. Ce statut posait des problèmes pour une extension de l'aire, l'Inao étant bloqué par ce mode de jugement. L'enquête publique s'est faite en deux temps. 40 communes ont été étudiées en 1996 et les 44 restantes dans l'année 1998. La commission d'enquête de l'Inao devrait analyser les conclusions des experts en 1999. Les vendanges de l'an 2000 pourraient se faire avec la nouvelle aire. ' Il n'y aura pas d'effet couperet, précise Claude Martel. Le changement de l'aire va se faire en douceur, sur une durée d'environ vingt-cinq ans. La révision pourra entraîner de faibles changements mais, globalement, l'aire ne devrait pas perdre d'hectares. Des compensations de terrains sont parfaitement envisageables. 'L'appellation fait l'objet d'une autre réflexion qui, elle aussi, est en passe d'aboutir : la hiérarchisation des appellations avec la création d'appellations sous-régionales. Sainte-Victoire avait initié la démarche il y a quelques années. En décembre 1997, une commission de l'Inao avait demandé un travail plus précis sur les spécificités de ce terroir pour les trois couleurs. En mars 1999, la commission examinera les données issues des essais de la campagne 1997-1998. Fréjus a également revendiqué l'appellation sous-régionale en 1997, pour ses vins rosés et rouges uniquement. En février 1999, cette demande sera étudiée au comité national de l'Inao.Enfin, le syndicat des côtes de Provence maintient son opposition à la création d'une appellation régionale ' Provence '. ' Pour l'instant, nous prenons l'habitude de travailler avec les autres appellations sur des opérations concrètes comme Vinexpo, précise Marc Rolley, directeur du syndicat. Dans un second temps, nous verrons comment concrétiser une ouverture. Notre situation est différente des côtes du Rhône, par exemple, car ici, il n'existe pas d'appellation de repli. Si Provence devient une appellation générique, la confusion peut être importante avec les côtes de Provence. Il s'agirait pour nous d'un nivellement par le bas. '

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